Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





01 novembre 2016

Bâtiment Porte-Vedettes

© Ministère de la Défense.
Les flottilles en action de pêche illégale matérialisent un nouveau mode opératoire : l'action solitaire laisse place à l'endivisionnement de bateaux de pêches dans des flottilles. Il était proposé de procéder à leur interception par une modification de la répartition de l'expression des besoins entre patrouilleurs légers et rapides et patrouilleurs océaniques. La marsupialisation de vedettes depuis une frégate de quatrième rang est une autre piste à explorer.



Cette autre piste invite à considérer l'emploi de vedettes qu'un navire-mère pourrait porter et déployer dans la seule perspective de l'interception. "La marsupialisation implique de considérer le bâtiment comme une plateforme disposant d'une capacité d'action et/ou d'observation qu'il peut déporter." (Joseph HENROTIN, Les fondements de la stratégie navale au XXIe siècle, Paris, Économica, 2011, p. 197). Cette mutation des moyens navals s'illustre fort bien avec l'avènement de l'hélicoptère embarqué dans la Marine Royale Canadienne en 1958 et, de nos jours, par le développement de la robotisation de la guerre navale. 

La marsupialisaton décuple les capacités du bâtiment sur le plan opérationnel, mais pas seulement. Cette mutation est aussi l'occasion de contre-balancer des qualités nautiques trop faibles tant pour l'interception de mobiles très rapides que pour la surveillance de larges zones océaniques avec un nombre trop restreint de patrouilleurs.

La concentration des feux, et plus généralement des forces, est complexe car elles sont diluées à l'échelle de l'Archipel France. Concentration d'autant plus difficile que la vitesse de croisière de chacune de ces unités est plus proche des 10 nœuds plutôt que des 15 à 20 nœuds. La réduction du nombre de patrouilleurs (moins 18 d'ici à 2027 contre 8 nouveaux patrouilleurs : moins 10 patrouilleurs). Pour la surveillance de zones de plusieurs millions de km² (Nouvelle-Calédonie, Polynésie français, Nord et Sud de l'Océan Indien), il est évoqué un schéma comprenant une frégate, deux patrouilleurs et une unité logistique. Concentrer ces forces contre un autre groupe naval revient à rechercher localement la supériorité par le nombre tout en dégarnissant 99,99% de la surface à surveiller pendant plusieurs semaines le temps de l'interception.

L'acquisition de patrouilleurs légers et rapides ne contre-balance pas la logique présentée dans les lignes précédentes et améliore à la marge l'interception. L'unité gréée en "porte-vedettes" - à la manière qu'il y a eu des "porte-torpilleurs" tel l'aviso Bapaume - renverse ce paradigme. Il n'est plus nécessaire de réaliser la concentration des moyens navals via la constitution d'une flottille puisque l'unité logistique est porteuse d'une flottille de vedettes. Les délais de réaction peuvent alors se réduire drastiquement dans des zones immenses tout en permettant l'obtention de la concentration des forces en plusieurs zones et non plus une seule.

La question de la vitesse se pose alors de manière très différente. La vitesse de croisière, celle qui importe sur le plan stratégique, est alors déconnectée des besoins tactiques. Si bien que la plateforme hauturière est surtout bâtie autour de ses qualités nautiques pour durer à la mer et se porter d'un point à l'autre du théâtre. La vitesse tactique est déportée sur les instruments de la marsupialisation (vedettes, hélicoptères et drones de tous les milieux) qui sont la survivance des bateaux spécialisés des flottes de l'âge industriel. Rechercher un navire-porteur doué pour la marsupialisation ouvre de nouvelles marges financières afin de recherche la supériorité par le nombre et non plus les qualités intrinsèques de la plateforme, de reconstituer des systèmes de forces légères et, donc, finalement, de retrouver les caractéristiques de la supériorité aéromaritime localement, tout en multipliant les lieux où elle peut se produire simultanément.

Ce n'est finalement que la mise en œuvre d'une drome relativement plus lourde que celles que nous connaissons aujourd'hui. Les semi-rigides rayonnent sous la portée radar du bâtiment porteur. Pour poursuivre à plus grandes distances des navires ou bien investiguer des zones archipélagiques tout en encerclant les contrevenants conduit à revenir à des dromes plus classiques.

Le BPV (Bâtiment Porte-Vedettes) peut aussi bien s'incarner dans un navire porteur comme le B2M qui peut, depuis sa plage arrière, loger confortablement trois Vedettes de Surveillance Maritime et Portuaire (VSMP) sur chariots saisinés. Mais un patrouilleur hauturier pourrait tout aussi bien emporter sous bossoirs ou dans son radier deux à quatre de ces vedettes. Ou encore, coupler un B2M avec un patrouilleur serait conjuguer un BPV avec un BPH (Bâtiment Porte-Hélicoptères). 

Dans la proposition précédente, la force se structurait autour d'un conducteur flottille et de 4 à 6 patrouilleurs pour un volume financier de l'ordre de 90 millions d'euros. Coupler un B2M avec une frégate de quatrième rang avec six VSMP reviendrait plutôt à 55 millions environs. La deuxième proposition peut-être mise en œuvre très rapidement.

10 commentaires:

  1. J'ai découvert votre site récemment, et je me permet un petit commentaire pour vous dire que j'apprécie grandement votre travail et vos articles.
    A vous lire souvent.
    Un lecteur passionné.

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  2. Merci beaucoup, c'est vivement apprécié et très heureux d'écrire plus de choses intéressantes que de bêtises.
    Bien cordialement,

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  3. Le BPV tel que vous l'envisagez serait il en mesure de transporter des commandos pour une action depuis la mer ou est il centré sur la surveillance pure?

    Par ailleurs, même après la lecture de l'article définissant les frégates de quatrième rang, j'ai du mal a comprendre le terme qui semble à première vue un oxymore. En effet une frégate dans la marine est un navire relativement lourd déplaçant au moins 3000 t alors que le navire que vous décrivez est de quatrième rang et paraît beaucoup plus léger. Pourquoi ne pas utiliser le terme patrouilleur?

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    1. C'est presque devenue une norme de disposer de postes d'équipage plus nombreux que ceux strictement nécessaires à l'équipage "nu" du bateau. Après, faut-il des commandos marine, des fusiliers, des gendarmes maritimes ou la brigade du bord, c'est une autre question.

      Mondialement, une frégate déplace généralement entre 2000 et 8000 tonnes selon les marines et les appellations. Je ne me fonde nullement sur le tonnage mais sur les qualités nautiques et opérationnelles de la plateforme, ce qui me permet de distinguer frégates de premier, deuxième, troisième et quatrième rang. Ce classement me plaît car il rend compte de situations opérationnelles très différentes et en rapport avec le terrain.

      Si je devais me fier aux appellations usitées dans les forces alors j'aurais des patrouilleurs de 400 tonnes d'un côté, 4000 de l'autre, des vedettes de 7 à 90 tonnes... Le seul tonnage comme critère de classement n'est pas convainquant pour moi. Je préfère proposer mes catégories.

      Et plutôt que patrouilleurs, je me tâte à utiliser des mots comme aviso, cotre, etc.

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    2. Merci pour votre réponse. La classification des navires est très complexe et varie beaucoup suivant les pays.

      J'avais imaginé une classification schématique en tenant compte de la mission et du tonnage du navire qui reprenait plusieurs termes différents pour distinguer chacun. Cela donnait:

      Pour les bâtiments de combat, c'est à dire construits aux normes de guerre, et armés principalement pour:

      - Plus de 8000 t: croiseur
      - Entre 4000 et 8000 t: frégate
      - Entre 2000 et 4000 t: corvette
      - Entre 1000 et 2000 t: avisos
      - Moins de 1000 t : vedette

      Pour les bâtiments de surveillance, c'est à dire construits aux normes civiles, et/ou armés principalement pour:

      - Plus de 4 000 t : Cotre
      - Entre 2000 et 4000 t: Patrouilleur
      - Entre 1000 et 2000 t: Brigantin
      - Moins de 1000 t : Senau

      J'avoue qu'elle ne me satisfait pas pleinement. J'ai utilisé le mot cotre pour les + de 4000 t dans la seconde partie car c'est le terme utilisé pour les nouveaux classe legend des US coast guard qui dépassent 4000 t. J'ai aussi réutilisé de vieux termes de la marine à voile qui font surannés.

      La partie navire de combat tient à peu près la route. Mais des navires comme les Bayunah construites par CMN pour les Emirats se retrouvent vedettes dans ma classification alors que le constructeur les classe corvette ce qui correspond mieux à leur armement.

      Et comme dans toute classification on peut raffiner à l'infinie en utilisant des rangs ou des adjectifs: léger, lourd, hauturier, côtier, auxiliaire...

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    3. Pourquoi pas mais vous ne vous fondez que sur les seules considérations de tonnage, et non pas sur les capacités opérationnelles, tout du moins, sur l'armement porté vis-à-vis des capacités de lutte dans chaque milieu. Plus que le tonnage, je retiens les qualités nautiques de la plateforme (construite selon quelles normes : militaires ou marine marchande ?) et sa capacité à lutter dans un ou plusieurs milieux. Depuis que les unités sont devenues polyvalentes et très modulables, c'est la manière de voir qui me sert le plus.

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  4. Mr le Marquis
    Je pense comme vous qu'en période de vaches maigres, il faut pouvoir pousser le caractère multimission des B2M en les dotant d'une vedette rapide.
    Toutefois si l'on voulait que le B2M qui patrouillera dans le canal de Mozambique puisse répondre à une urgence à l'autre bout du canal dans le même délai qu'un patrouilleur croisant à 19 Kts, il faudrait s'orienter plus vers un intercepteur.
    C'est-à-dire une vedette pouvant croiser à 40 Kts de manière soutenue et avec un confort supérieur pour l'équipage qu'une ÉCUME NG.
    A titre d'exemple le CMN DV15 revendique 350 Nm à 40kts ET avec un armement comme une électronique permettant de faire face à une mauvaise rencontre.
    L'autre candidat intéressant est le Couach 1300 FIC vendu à l'Inde à 1 m€ l'unité.
    L'intérêt de votre concept de BPV est qu'il ne manque plus alors qu'un second navire pour une ZEE comme La Réunion (PLV pou le grand Sud mis à part) ou comme La Polynésie (avec un BPV à Papeete et un autre à Hao).
    http://gc.kls2.com/cgi-bin/gcmap?PATH=GC0030-GC0031,RUN-GC0033&RANGE=200nm%40GC0030,200nm%40GC0031,200nm%40GC0033,200nm%40RUN&PATH-COLOR=red&RANGE-STYLE=best&RANGE-COLOR=navy


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    1. Le problème avec une vedette trop lourde est que vous quittez le concept proposé puisque le B2M ne peut plus simplement mettre à l'eau plusieurs vedettes pour fondre sur une flottille de navires de pêche car c'est bien là le problème dimensionnant.

      Et l'un des intérêts de descendre d'un cran le besoin exprimé dans BATSIMAR est de ne pas se contenter de deux patrouilleurs par base navale Outre-Mer, comme l'Amiral Prazuck le demande, mais bien de 4 à 6 patrouilleurs en plus de deux unités logistiques.

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  5. C'est une divagation mais des vedettes armées relativement lourdement pourraient être déployées depuis les BPC non ? Ca aurait l'avantage de représenté une capacité d'action côtière intéressante voir de projeter du "dénis d'accès". Un peu le concept du croiseur porte torpilleurs Foudre

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    1. Il y a de l'idée pour une structure aéroamphibie, les Européens du Nord font déjà des choses en ce sens avec les CB90.

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