© DCNS. Alain Bovis, La technologie des sous-marins, Bayeux, Heimdal, 2016, p. 16. |
La
lecture de La technologie des sous-marins d'Alain Bovis
(Bayeux, Heimdal, 2016, 128 pages) permet d'aprécier l'esquisse d'un
dispositif permettant de déployer et ravaler une Antenne Linéaire
Remorquée (ALR). Les sous-marins français sont dépourvus d'une
telle installation depuis l'essai de la première ALR française :
CALECHE en 1982. Et pourtant l'intégration d'une telle installation
renforcerait la souplesse opérationnelle tout en diminuant les
contraintes opérationnelles liées à l'utilisation des ALR.
Les
antennes sonar d'étrave, de flanc sans oublier les intercepteurs
d'ondes sonar peuvent être gênés par le bruit propre du porteur.
Plus le sous-marin marche vite, plus les bruits d'écoulement de
l'eau provoquent un bruit propre qui à partir de certaines vitesses
peuvent rendre le sonar pratiquemment sourd. Par ailleurs, aucune
antenne sonar n'est orientée sur l'arrière du sous-marin car une
hypothétique antenne d'étrave serait irrémédiablement empêchée
de fonction en raison du bruit propre du propulseur et de
l'écoulement de l'eau sur toute la carène.
Pour
couvrir cet angle mort surnommé le « baffle arrière » fut inventé
aux États-Unis les Antennes Linéaires Remorquées (ALR). Il s'agit
d'un ensemble composé d'un long câble de plusieurs dizaines à
plusieurs centaines de mètres qui se décompose en plusieurs
tronçons dont certains sont garnis d'un nombre variable
d'hydrophones.
Le
fait que ce câble soit tracté en remorque permet d'éloigner les
tronçons porteurs des hydrophones du sous-marin porteur et donc de
ses bruits propres. Il en découle deux conséquences opérationnelles
pratiques qui sont la couverture du « baffle arrière » mais aussi
l'optimisation de l'écoute puisque l'ALR se soustrait presque
totalement aux bruits propre et d'écoulement.
L'un
des inconvénients d'une ALR est que sa mise en œuvre oblige à un
certain nombre de limitations opérationnelles puisque la longueur
totale du bateau ne peut que comprendre celle de la remorque.
Longueur totale qui peut rendre difficile, voire impossible la
navigation dans les eaux côtières et resserées. L'obligation qui
en découle est que le sous-marin porteur doit pouvoir être assisté
par des bâtiments de soutien pour l'installation ou la récupération
de l'ALR.
D'où
l'intérêt d'un dispositif de ravalement d'une ALR qui permet au
sous-marin porteur d'être autonome dans la manutention de son
antenne linéaire remorquée pour la dérouler ou la ravaler, même
en plongée et donc en toute discrétion.
La
France concevait et fabriquait ses propres ALR au début des années
1980 (Thierry d'Arbonneau (dir.), L'encyclopédie des sous marins
français - Tome IV : La fin de la Guerre froide, Paris, SPE
Barthélémy, 2017, pp. 190 - 196) :
- CALECHE (1982),
- CALECHE 2 (1983),
- SULKY (1982).
Elles
donneront naissance aux familles des DSUB/V 61 (1987) et DSUV 62
(1981).
Il avait été
essayé un dispositif de déploiement et de ravalement d'une ALR sur
Le Tonnant (1980 - 1999)
quand il fut refondu M4. En octobre 1987, l'installation était
essayée mais son intérêt apparu comme limité vis-à-vis des
patrouilles menées car les SNLE ne souffrent pas des limitations
opérationnelles liées à l'emploi d'une ALR au cours de leur
mission. Et rien n'explique pourquoi l'expérimentation ne fut pas
mené sur un des bateaux de la classe Rubis.
C'est pourquoi
le livre d'Alain Bovis permet d'apprécier un dessin assisté par
ordinateur d'un tel dispositif de déploiement et de ravalement d'une
ALR. L'esquisse semble montrer soit un sous-marin du type Barracuda,
soit un SMX 3.0 présenté au salon EuroNaval 2016. Par
contre, il ne semble pas s'agir du Shortfin Block 1A, la
proposition retenue par l'Australie le 26 avril 2016, car le
propulseur est une hélice et non pas une pompe-hélice (« pump-jet
»).
Pourrait-il
s'agir d'une proposition commerciale soumise eu Australie dans le
cadre du programme SEA 1000 où au terme de l'appel d'offres le
Shortfin Block 1A fut retenu ? Les sous-marins
de la classe Collins opèrent des ALR, il serait logique que
la Royal Australian Navy souhaitent faire perdurer la capacité. La
participation de Naval group au programme Walrus replacement
fera certainement face à une demande de la Koninklijke Marine afin
que la même capacité détenue par les Walrus puisse elle-aussi être
préservée.
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