© @Adalbertus80. 23 janvier 2020. |
L'apparition
d'une diapositive d'une présentation faite manifestement par la
Marynarka Wojenna (Marine polonaise) permet d'apprécier le
rééchelonnement du plan naval de Varsovie. Les sous-marins de la
classe Södermanland
devraient rejoindre la Pologne d'ici à 2023 ou 2024 (la « vignette
» est le cliché du HMS Södermanland
versé à Wikipédia et utilisé par moi dans un autre papier publié le 29 novembre 2019). Le programme
Orka devant
assurer la succession des précédents sous-marins polonais permettra
l'admission au service actif de nouveaux bateaux entre 2030 et 2035.
Le
projet
877
Paltus
(Kilo
dans la classification OTAN) comprenant l'ORP Orzeł
(projet
877
soviétique), admis au service actif en 1986 n'est plus opérationnel
depuis plusieurs années en raison de trois points d'obsolescences :
la suite sonar ( réputée hors-service), les mâts du massif et les
tubes lance-torpilles. Le tissu industriel pour soutenir les
sous-marins du projet
877
n'existe pratiquement plus. Il ne reste comme choix à la marine
polonaise qu'une profonde modernisation ou bien de vendre le
bâtiment. La marine roumaine est dans la même situation.
La
Sjøforsvaret
(marine norvégienne) cédait les sous-marins KNM
Kunna
(1964 - 2003), KNM
Skolpen
(1966 – 2001), KNM
Stord
(1967 – 2002) et KNM
Svenner
(1967 – 2001) de la classe Kobben
(Type
205,
version allongée et modernisée des Type
201
produits par HDW
au profit de la marine allemande) à la marine polonaise. Les quatre
bâtiments souffraient d'une moyenne d'âge de 37 ans en 2003. Ils
servent ou servaient depuis, respectivement, sous les noms d'ORP
Kondor
(2003 - 2017), ORP Sęp
(2002), ORP Sokół
(2002 – 2018) et ORP Bielik
(2003).
Le
programme Orka
devait permettre la fourniture de
deux à trois sous-marins de facture neuve dotés, notamment, de la
capacité à mettre en œuvre des missiles de croisière
(Submarine-Launched
Cruise
Missile
(SLCM).
Ces sous-marins devaient être assemblés dans un chantier naval
polonais. L'entrée en phase de réalisation du
programme Orka
était attendue depuis 2015. La mise à jour de la programmation
navale polonaise dans le cadre du plan de modernisation amendé en
2012 (2013 – 2022) et mis à jour en 2017 visait une admission au
service actif des nouveaux sous-marins entre 2024 et 2026. L'actuelle
présentation (cf. ci-dessus) renvoie la phase de lancement d'Orka
à 2024-2026 pour une admission au service actif entre 2030 et 2035.
Le
ministre polonais de la défense, M. Mariusz Błaszczak, confirmait,
lors de la journée de la marine polonaise (28 novembre 2019), par
communiqué
l'existence de négociations avec la Suède au profit de la location
de longue durée ou l'acquisition patrimoniale de deux sous-marins de
la classe Södermanland
afin
de procurer à la marine polonaise une capacité sous-marine
transitoire.
Les
sous-marins HMS
Södermanland
(1989) et HMS
Östergötland
(1990) appartenaient à la classe Västergötland
(4) qui comptait à l'origine quatre bateaux. En raison d'une
modernisation menée à Malmö (2000 – 2004) avec un allongement de
la coque de 48,5 à 60,5 mètres afin d'insérer un tronçon
contenant le module AIP
Stirling
(2 x moteurs Stirling Kockums v4-275R) à oxygène liquide, ils
retournèrent en flotte en tant que classe Södermanland
et
non plus Västergötland.
Les
HMS
Västergötland
(1987 - 2005) et HMS
Hälsingland
(1988 – 2005) bénéficièrent des mêmes travaux que la classe
Södermanland
auxquels s'ajoutaient une adaptation aux eaux tropicales entre 2006
et 20010 au profit de la Republic
Singapor Navy
qui les avait acquis le 4 novembre 2005. Les HMS
Hälsingland
et HMS
Västergötland
servent
avec, respectivement, les noms de baptême RSS Archer
(2011) et RSS Swordsman
(2013) où ils constituent la classe Archer.
Ces
négociations autour de la cession des HMS
Södermanland
(1989) et HMS
Östergötland
(1990), 29,5 ans en moyenne, permettrait à la marine polonaise de
rajeunir sa sous-marinade car seuls les ORP Sęp
(2002) et ORP Bielik
(2003) sont opérationnels en 2019 avec une moyenne d'âge de 52,5
ans. Par ailleurs, la sous-marinade polonaise bénéficiera du tissu
industriel suédois soutenant, non seulement la classe Södermanland,
mais aussi la classe Archer
puisque ces quatre unités sont toujours en service contrairement aux
sous-marins de la classe Kobben
: les deux exemplaires polonais sont les seuls à toujours naviguer.
En
cas d'admission au service actif des deux sous-marins de la classe
Södermanland,
la sous-marinade polonaise changerait de dimension :
Les
Kobben
sont longs de 47,2 mètres pour un diamètre de 4,7 mètres et un
déplacement en plongée de 524 tonnes. Ils marchent jusqu'à 12
nœuds en surface et 18 en plongée. Leur autonomie serait de 4200
miles nautiques à 8 nœuds en surface et de 230 miles nautiques en
plongée à 4 nœuds. L'immersion opérationnelle ne dépasserait pas
les 180 mètres. Ils sont armés par 8 tubes lance-torpilles de 533
mm avec huit torpilles aux tubes. L'équipage est de 18 à 24 marins.
Les
Södermanland
sont longs désormais de 60,5 mètres pour un diamètre inchangé de
6,1 mètres et un déplacement en plongée de 1500 tonnes. Ils
marchent jusqu'à 11 nœuds en surface et 20 en plongée. Leur
autonomie est de 45 jours en opérations. L'immersion opérationnelle
est de 300 mètres. Ils sont armés par 6 tubes lance-torpilles de
533 mm avec 12 torpilles (6 aux tubes, 6 sur racks) auxquels
s'ajoutent trois tubes lance-torpilles de 400 mm accueillant 6
torpilles (dont 3 aux tubes). L'équipage est de 20 marins.
Rien
que les qualités nautiques des sous-marins suédois du programme
A17,
dont la faculté de plonger jusqu'à 300 mètres, permettront à la
sous-marinade polonaise de mieux exploiter le volume sous-marin de la
Mer Baltique (profondeur maximale de 459 mètres). La marine polonais
disposera même de deux sous-marins dotés d'un module AIP
permettant des plongées plus longues sans nécessité de retour à
l'immersion périscopique afin de recharger les batteries. Ce choix
permettra de rajeunir de 23 ans la moyenne d'âge des sous-marins
polonais, de changer de format (deux sous-marins de 1500 tonnes en
lieu et place de deux unités de 530 tonnes) et d'augmenter les
capacités opérationnelles pour la fraction du coût d'un sous-marin
neuf (600 à 800 millions d'euros).
L'offre
suédoise est particulièrement ingénieuse car le coût de la
modernisation des deux Södermanland
serait de l'ordre de 230 millions d'euros (2019). Pour comprendre les
implications politico-industrielles, il est nécessaire de présenter
les derniers travaux et chantiers de la sous-marinade suédoise.
L'ouverture
de ces négociations impliqueraient une nouvelle décision suédoise
quant au format de sa propre sous-marinade actuellement fort de cinq
bateaux et l'objectif stratégique est de demeurer à ce niveau. Ces
cinq sous-marins sont les HMS Södermanland
(1989) et HMS Östergötland
(1990) de la classe Södermanland
(programme
A17)
mais aussi les HMS Gotland
(1996), HMS Uppland
(1997) et HMS Halland
(1997) de la classe Gotland (programme A19S).
Pour
assurer la jonction avec le programme A26
dont deux sous-marins sont en cours de construction (HMS Blekinge
et HMS Skåne),
les HMS Gotland
(2017 – 2018) et HMS Uppland
(2018 – 2019) furent refondus pour un montant de 115 millions
d'euros chaque. La coque est allongée de 2 mètres. Le module AIP
Stirling Mk2
fut remplacé par le Stirling
Mk3
et 20 systèmes (dont le système de combat, la suite sonar, les mâts
du massif) prévus pour les A26
furent installés sur ces deux sous-marins afin de les essayer.
Pour
respecter l'objectif de conserver un format de cinq sous-marins, la
Suède négocierait selon Defense24.pl
la rétro-cession des RSS Archer
(2011) et RSS Swordsman
(2013) afin qu'ils reprennent du service au profit de nouveau au sein
de la marine suédoise en tant que HMS Västergötland
(1987 - 2005) et HMS Hälsingland
(1988 – 2005). Cela suppose que soit levée l'option portant
modernisation du troisième Gotland
: le HMS Halland
(1997).Et ceci libérerait les HMS Södermanland
(1989) et HMS Östergötland
(1990) que la Suède pourrait céder à la Pologne.
Singapour
aurait d'ores et déjà confirmé sa volonté de faire mettre sur
cale, après les deux premiers Type 218, les RSS Invincible
et RSS Impeccable,
deux unités supplémentaires qui seront les RSS Illustrious
et RSS Inimitable.
Le
plan d'ensemble brossé par Defense24.pl
est que la Suède propose à la Pologne de rejoindre le chantier de
modernisation des classes Archer
et Södermanland.
Cette refonte des Södermanland
exigerait 230 millions d'euros, soit 115 millions d'euros par bateau
: le coût de la refonte des Gotland.
Ce qui assurerait un effet de série à partir du programme de
modernisation des Gotland
qui serait étendu aux quatre bateaux des classes Archer
et Södermanland.
Toujours selon la même source, ce chantier comprendrait toujours
l'intégration des systèmes prévus pour les sous-marins du
programme A26.
L'effet
final recherché est d'engager la Pologne dans cette acquisition des
vingts systèmes du programme A26
sur deux bateaux anciens afin de pouvoir proposer lors du lancement
du programme Orka
de les débarquer des deux Södermanland
au profite d'unités de facture neuve. Il est douteux que le coût
final de la cession ne puisse pas comprendre un lot de pièces de
rechanges, une contractualisation du soutien assuré par l'industrie
suédoise, la documentation technique, la formation initiale de deux
équipages, un probable lot d'armes tactiques (2 x 18 torpilles au
minimum) et le coût d'achat des deux sous-marins. L'enveloppe serait
de l'ordre des 400 à 500 millions d'euros.
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