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Le
capitaine de la frégate Andreas Uhl, officier sur la défense
anti-missile balistique de la division plans et politiques de
l'état-major (Rostock) de la Deutsche Marine depuis 2015,
représentant pour la phase de
pré-analyse de la F127, commettait un article au
profit du numéro de janvier 2020 de la Marine forum, revue de
Marine-Offizier-Vereinigung e. V. (MOV) ou Association des officiers
de Marine, qui est republié en ligne ce 13 janvier 2020 avec une
esquisse de la F127 datée du mois de juin 2019. Les dates de
parution interpellent puisque le nom de l'appel d'offres pour le
programme MehrzweckKampfSchiff klasse 180 (MKS180) pour Damen
tombait aussi le 13 janvier 2020 tandis que cet opportun point sur le
programme F127 permet d'apprécier l'alignement des
calendriers allemand et hollandais pour le remplacement de leurs
frégates de défense aérienne respectives.
Les
actuelles frégates de défense aérienne de la classe De Zeven
Provinciën (programme LCF) sont les HNLMS De Zeven Provinciën
(2002), HNLMS Tromp (2003), HNLMS De Ruyter
(2004) et HNLMS Evertsen (2005). Le système de défense
aérienne (radars Active phased array radar (APAR),
S1850 SMART-L et systèmes associés) de ces frégates
fut conçu en partenariat avec l'Allemagne dans le cadre du programme
Luchtverdedigings- en CommandoFregat
(LCF)
à partir duquel fut mis au point les frégates F124
de la classe Sachsen
(Sachsen
(2003), Hamburg
(2004), Hessen
(2006) et Thüringen
(option non-affermie) pour la Deutsche Marine.
Le
renouvellement de la ligne de bataille allemande est d'ores et déjà
bien entamée par les programmes de corvettes K130
(5 + 5), de frégates F125
(4) et F126
(4 + 2) auxquels s'ajouteront les futures frégates F127
quand elles assureront la succession des F124.
Le
capitaine de la frégate Andreas Uhl propose même de distinguer les
F125
et F126
(MKS180)
des futures F127
car les premières sont des capacités projetables dans la durée
dédiées à la gestion de crise tandis que les futures frégates de
défense aérienne sont pensées comme la manifestation de la
participation de la Deutsche Marine à la défense territoriale de
l'Allemagne avec en sus une possible contribution aux capacités de
l'Alliance atlantique en matière de lutte contre les missiles
balistiques.
Le
deuxième point très intéressant du programme, outre qu'il a été
baptisé dans un premier temps Nex Generation Frigate, est que
l'auteur indique dans son papier qu'il n'a pas été lancé
directement par la Deutsche Marine mais par le bureau de
planification du ministère fédéral de la Défense. Cela
manifesterait deux choses : la première est l'importance
interministérielle du projet ; la deuxième est que l'organisation
ainsi arrêtée aurait permis l'économie de 12 à 18 mois dans
l'analyse préliminaire. Les protagonistes de l'affaire qui mêle
PlgABw, BAAINBw, CIR, MarKdo, BAIUDBw sont rassemblés dans une
équipe de projet intégrée dès le lancement du programme et non
pas à une échéance plus lointaine comme pour d'autres procédures
plus classiques.
L'Inspecteur
de la Marine approuvait le concept de „Territoriale
Flugkörperabwehr“ (Défense territoriale contre les missiles) au
plus tard au début du mois de juillet 2018. L'équipe de projet
intégrée recevait un mois plus tôt, en juin 2018, la commande de
la première étude (juin 2018) soumettait un
concept opérationnel préliminaire
approuvait par l'état-major de la Deutsche Marine en avril 2019.
Le
besoin opérationnel ne se contente pas de débuter les travaux
devant permettre d'assurer la succession des frégates de la classe
Sachsen (F124)
nombre pour nombre car le capitaine de frégate Andreas Uhl précise
de sa plume que l'objectif opérationnel est la disponibilité
permanente de deux bâtiments pour assurer la défense aérienne d'un
groupe naval constitué et pour contribuer
à la défense antimissile territoriale dans le cadre de la sécurité
intérieure et de la défense nationale mais également à la défense
antimissile balistique de l'OTAN. D'où une cible programmatique de
six frégates, contre quatre pour l'ancien programme LCF/F124
dont seulement trois furent mises sur cale.
Cette
présentation officielle quant à la conception des futurs bâtiments
met en avant comme point d'orgue de leur architecture le système de
lancement vertical pour lequel tout reste à choisir : lanceurs
comme missiles. L'esquisse datée de juin 2019 affichait un niveau
d'ambitions conséquent : 11 lanceurs octuples, soit 88 silos
contre 32 pour les F124.
Les cinq premières frégates seront aptes à des interception en bas
et haut endo-atmosphérique jusqu'à 100 km d'altitude. La sixième
frégate sera éventuellement conçue et adaptée matériellement
pour des interceptions extra-atmosphérique, dépassant les 100 km
d'altitude, si une telle décision politique était prise. D'où des
considérations pour les missiles SM-3 et SM-6 mais également pour
European Midcourse Interceptor" basé en mer ( sEMDI), voire
même un missile à statoréacteur de conception nationale. La
question est étudiée par le „HF133
–Flugkörper für maritime Luftverteidigung“.
Le
reste des systèmes d'arme embarqués au titre des batteries des
futurs bâtiments comprendront, dans l'esprit des architectes actuels
du projet, des RAM Block II aussi bien que des ESSM Block II pour la
défense à courte et moyenne portée. Deux options matérielles se
distinguent dans cette perspective : la volonté d'intégrer un
laser de combat de la classe des 100 kW et des réflexions quant au
développement d'une « arme de grande envergure » pour la
lutte anti-sous-marine. Les F127 intégreront une suite de drones
(UUV, USV et UAV). Mais plus intéressant est que deux zones
modulaires seront disposées à la poupe, sous la plate-forme
hélicoptère et au centre du bâtiment qui comprendra le hangar
aéronautique plus les niches latérales.
Cela
revient à souligner que ces « flex
zones »
sont devenues une norme pour, au moins, trois programmes européens
(PPA,
Type
31
et F127).
Outre les usages habituels (modules de missions, etc), la zone
modulaire de la poupe servira aussi à mouiller des mines. Dans le
même ordre d'idées, l'architecture de bâtiments de combat à deux
« islands » ou « châteaux » du point de vue
des superstructures, voire de la ségrégation de la propulsion, tend
à faire émerger une manière de faire, si ce n'est une norme
remettant en cause, par exemple, la disposition « tout à
l'avant » de l'armement des frégates.
Autres
signes des temps, si les futures F127
doivent pouvoir s'insérer dans un environnement multi-national
complexe et donc dans un certain nombre de réseaux tactiques de
communication et d'échanges de données, il est aussi affirmé que
les systèmes embarqués doivent tout autant soulager l'équipage
d'un certain nombre de tâches grâce à une automatisation soutenue
et à l'emploi de l'intelligence artificielle qui agira aussi pour
optimiser le choix des données échangées alors même que les F127
devront pouvoir continuer à maintenir en état de combattre
certaines capacités opérationnelles malgré l'absence de liaisons
internet ou satellitaires.
L'esquisse
des rationalités du programme permet d'apprécier une approche
incrémentale assez poussée avec une livraison et admission au
service actif échelonnée des bâtiments à des standards
différents. Le premier bâtiment livré en 2032 disposera de la
moitié des caractéristiques opérationnelles d'un premier standard
lui permettant de remplacer les frégates F124 dans leurs futures
capacités post-modernisation (2025). La deuxième F127 sera livrée
toujours à ce premier standard mais avec l'entièreté des
caractéristiques visées. La troisième frégate détiendra une
première capacité opérationnelle contre les missiles balistiques
de la « couche inférieure » (interception en bas
endo-atmosphérique ?). Les quatrième et cinquième F127 disposeront
d'autres capacités, dont « les » lasers, modules de
missions. La sixième et dernière unité recevra si pareille
décision politique était prise une capacité d'interception
extra-atmosphérique. L'harmonisation des standards se fera au fur et
à mesure du calendrier des arrêts des bâtiments. Eu égard à la
vie opérationnelle des bâtiments (2030 – 2075), une approche
modulaire ne peut qu'être mobilisée pour parer aux imprévus.
Cette
prise de parole quant au calendrier du programme F127
permet à la Deutsche Marine d'exercer une légère mais perceptible
pression sur le ministère fédérale de la Défense car il est bien
sous-entendu qu'il ne sera pas possible de mener de front la
construction de MKS180
après 2030 et celle des F127,
si bien qu'il s'agit de comprendre que les MKS180
n°5 et 6 seront construits avant 2030 en exerçant l'option insérée
dans le programme... ou ne seront pas.
Le
prélude au programme F127
demeure la modernisation des trois frégates F124
à l'orée de l'année 2025. Elles pourraient recevoir un nouveau
radar à cette occasion. Et les décisions allemandes en la matière
intéresseront forcément les Pays-Bas. Décaler
de cinq années le lancement du programme de remplacement des quatre
frégates de la classe De
Zeven
Provinciën
brusque la programmation et la Koninklijke Marine. La première de
ces quatre frégates ne quittera pas le service après 27 années
passées à la mer mais bien 33 ans. La rénovation à mi-vie devra
fatalement en tenir compte afin de conférer suffisamment de
potentiels à ces frégates pour enquiller ces cinq années
supplémentaires.
Pour
marier Lürssen et, à tout hasard, Damen, il faudrait au minimum
dégager des programmes versés au titre de la coopération.
Rénovation à mi-vie des sept programmes du programme LCF,
remplacement des M-fregat
(par le MKS180
?) et succession des LCF.
Près de 20 ans de plan de charge dans ce qui apparait être un
opportun sous-entendu que Amsterdam ne peut pas avoir compris.
Bibliographie indicative :
- capitaine de la frégate Andreas Uhl, « Die nächste Generation der Luftverteidigung – Erste Überlegungen zur Fregatte F 127 », Marine Forum, janvier 2020.
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