© Marine nationale. Le BBPD Styx lors de la destruction de 40 munitions historiques (21 septembre 2018). |
Les quatre Bâtiments-Bases de Plongeurs Démineurs (BBPD) de type Vulcain (Pluton (1986), Vulcain (1986) Styx (1987) et Achéron (1987) et le Bâtiment d’Expérimentation de Guerre des Mines (BEGDM) Thétis (1988) seront remplacés entre 2022 et 2025 par trois BBPD-NG complétés par deux autres BBPD-NG entre 2022 et 2030 selon la LPM 2019 – 2025. Les choix à opérer quant à ce programme sont délicats.
Par rapport aux vedettes supports de plongée des types Dionée (9), Stenella (2) et Girelle (1), les BBPD de 490 tonnes de déplacement à pleine charge ont la faculté d'embarquer 12 plongeurs-démineurs, soutenus par un médecin et un infirmier, au profit d'opérations et missions lointaines grâce à une autonomie du bâtiment porteur de 2850 nautiques à 13,5 nœuds ou 7400 nautiques à 9 nœuds. En outre, leur grande plage arrière et la grue adjacente La mise en œuvre des équipements « légers » en dotation dans les GPD (drome et autres AUV légers) et surtout les équipements de travaux sous-marins.
Leur mission principale est donc la lutte contre les mines dans les eaux côtières jusqu'à 80 mètres de profondeur afin de suppléer à l'action d'un chasseurs de mines ou de compléter celle-ci dans le cas où le recours à des plongeurs démineurs devient impératif tout en dépassant les moyens propres du chasseur de mines. Mais l'accomplissement de cette mission se fait dans le cadre de limites opérationnelles : les BBPD ne sont pas équipés de sonar, ni de mesures d’autoprotection contre la menace mine. Il n’y a pas à bord de système de combat de guerre des mines qui permettent le traitement de données.
Les missions secondaires concernent principalement les travaux sous-marins (récupération, expertise et lutte anti-pollution) sur les épaves, le génie sous-marin pour l'ouverture d'itinéraire, la dépollution de chenaux ou des bases navales et ports. De manière aujourd'hui anecdotique, et à l'instar des chasseurs de mines de classe Éridan, les BBPD pouvaient employer une drague électromécanique.
La dernière opération à l'étranger menée par un BBPD fut la dépollution des ports libyens assurés par les plongeurs démineurs déployés depuis le BBPD Achéron, en 2011. Les autres déploiements hors des façades maritimes métropolitaines concernent les exercices organisés sous l'égide de l'OTAN. Les plongeurs démineurs projetés en Martinique (2017) pour mener des travaux relevant du génie sous-marin rendus nécessaires après le passage du cyclone Irma furent projetés par voie aérienne.
Le futur de la guerre des mines par le programme SLAMF rend dispensable les BBPD puisque les Modules de Lutte Contre les Mines (MLCM) sont transportables par camion, leur centre de commandement et contrôle, le Portable Operation Center (POC), est conteneurisé et suit la même route. Qui peut le plus, peut le moins : le MLCM est donc projetable par voie aérienne.
Il est argué que l'intérêt des BBPD résident toujours dans leur autonomie, exprimée sous un autre jour. L'argument est que les évènements ayant rendu le déploiement du BBPD en Libye ou ceux ayant amenés à considérer pareil emploi pour la dépollution du port d'Hodeïda obligent à considérer la pertinence d'une plateforme dispensant d'une empreinte au sol et permettant de durer à la mer, même pour un déminage portuaire.
L'admission prochaine au service actif des nouvelles vedettes de soutien à la plongée entre 2022 et 2025 empiétera sur le périmètre opérationnel des BBPD puisque les nouvelles venues seront en mesure de déployer jusqu'à une semaine d'opérations le même volant de plongeurs démineurs, médecin et infirmiers compris, avec les mêmes installations (dont le caisson de recompression), drones et sonars. Avec, en outre, et selon l'appel d’offre, des dispositifs d’autoprotection, notamment avec des signatures réduites (hygiène magnétique et acoustique). Les VSP auront une autonomie de 250 nautiques, les futures vedettes au profit des trois GPD sur tout le littoral français.
Vedettes non-projetables seules. Cela supposerait le recours l'affrètement d'un navire civil pour les amener sur le théâtre visé, sans épuiser les moteurs, à la manière de ce qui se pratique pour les CMT. Un enradiage est peut être à considérer, ce qui reviendrait à mobiliser un PHA pour une grande opération de déminage, ce qui n'est pas à exclure, et cela se ferait en complément de l'action de chasseurs de mines tripartites ou des futurs BGDM.
C'est là qu'interviennent les Bâtiments de Soutien et d'Assistance Métropolitains (BSAM) puisqu'il est bien spécifié que, outre l'équipage de 17 marins, ils peuvent accueillir jusqu'à 12 passagers ou 12 plongeurs équipés. Leur emploi au service des plongeurs démineurs, dans l'optique de surssoir aux BBPD, obligerait à embarquer des caissons de recompression conteneurisés, en plus des drones et sonars. Ou bien à considérer la formation d'un groupe naval ponctuel formé par un BSAM et une VSP. La grue des BSAM est parfaitement apte à la manutention de tous les éléments du MLCM, drone de surface compris, dont le C2 est conteneurisé. Les BSAM marchent jusqu'à 14 nœuds et ont une autonomie de 5000 nautiques à 11,5 nœuds.
La perspective de constitution d'un groupe léger de guerre des mines, mêlant BSAM/BSAOM et VSP, employant jusqu'au MLCM, peut s'étendre jusqu'aux BSAOM qui ont des caractéristiques légèrement moindres mais suffisamment proches pour offrir les mêmes perspectives opérationnelles.
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