© Deutsche Marine. Représentation du MKS180 diffusé par le vice-amiral Andreas Kraus, Inspecteur de la Marine, sur Twitter. |
Entre
2009 et 2011 se déroulait les études préliminaires du programme
Mittlere ÜberwasserKampfEinheit (MÜKE) ou Unité
moyenne de combat de surface qui permettent aux chantiers navals
allemands de soumettre leurs concepts. Les premiers travaux
concluaient que le volume nécessaire à l'approche modulaire excède
largement les dimensions des corvettes K130
(58 marins). Un temps dénommé Begriff
Mehrzweckkampfschiff (Multi
Role Combat Ship
(MRCS),
le programme acquiert son appellation définitive de
MehrzweckKampfSchiff klasse 180
(MKS180).
Et dès 2011, le coût indicatif est donné pour 55% du coût final
d'une F125, soit, environ, 420 millions d'euros.
La
mise en service était prévue dix années plus tard, les bâtiments
devant naviguer jusque dans les années 2050 (Operative Forderunen
K1311). Ce programme devait poursuivre la série des corvettes
K130 ou classe Braunschweig (Braunschweig
(2008), Magdeburg (2008), Erfurt (2013),
Oldenburg (2013) et Ludwigshafen am
Rhein (2013) afin de pourvoir au remplacement des
patrouilleurs rapides lance-missiles de classe Gepard (10)
entrés en service entre 1982 et 1984 et qui seront désarmés entre
2014 et 2016. D'où l'appellation K131 un temps donné au
programme.
Les
futurs MKS180 seront multi-missions,
t-à-dire être en mesure de combattre dans tous les milieux.
L'intégration de modules de mission permettra l'accomplissement de
missions spécialisées. Ils seront armés à cet effet par un
équipage d'environ 100 marins. La Deutsche Marine
face à l'évolution des crises internationales traduisait
matériellement les moyens jugés nécessaires pour manœuvrer à la
résolution de ces crises. La réponse face à l'imprévisibilité
des scénarions est l'augmentation du nombre de capacités
opérationnelles requises afin d'offrir le maximum d'options
possibles au politique.
Entre
2011 et 2013, les exigences fonctionnelles finales sont définies
puis approuvées le 30 mars 2013 par l'Inspecteur de la Marine, le
vice-amiral Axel Schimpf (28 avril 2010 - 28 octobre 2014). Le
spectre des missions s'étend à toutes les tâches de la diplomatie
navale (présence, dissuasion, renseignement, aide humanitaire,
évacuation de ressortissants, liberté de navigation et sécurisation
des routes maritimes, embargo) au sein d'une coalition
internationale. Une attention particulière est prêtée à la
temporalité des missions devant être accomplies au sein d'une même
séquence diplomatique à l'intensité variable, ce qui se
matérialise par la capacité à durer à la mer pendant de longues
périodes.
Les
premières caractéristiques opérationnelles des futurs MKS180
émergaient dès 2013, tout comme probablement la première esquisse
du projet produite par MTG-Marinetechnik, avec des idées
relativement précises quant aux différents systèmes d'arme,
senseurs à embarquer, les espaces dédiés aux modules de mission,
aux installations aéronautiques. Et il apparaissait que la
modularité devait être prise en compte dès la conception du
bâtiment afin de normer les installations du bâtiment pour recevoir
les futurs modules qui seront conçus et fabriqués dans des
programmes différents et dédiés.
Entre
2009 et 2015, le nombre de bâtiments chutait de huit à quatre pour
4 milliards d'euros, avec une première admission au
service actif prévu pour 2023. Outre le remplacement des Gepard
(10), le programme visait aussi à la succession des frégates des
classes Brandebourg
ou F123 (4) et Bremen
ou F122 (2).
Les
caractéristiques nautiques et opérationnelles des futurs MKS180
se précisent une nouvelle fois sur cette période :
Les
MKS180 reprendront les
spécifications des F125
quant à leur capacité à durer à la mer. Les bâtiments seront
déployés deux années sans passer par un chantier. L'équipage sera
relevé tous les quatre mois, en 96 heures, sur zone. Les bâtiments
soutiendront 5000 heures annuelles, soit 208 jours. Une assistance à
distance sera fournie, notamment pour la recherche des causes des
avaries. L'équipage devra être en mesure de remplacer une partie
des pièces et modules des systèmes.
Les
bâtiments sont conçus pour naviguer des eaux tropicales jusqu'aux
eaux polaires (capacité glace 1C/E1). La propulsion soutiendra une
vitesse de croisière de 18 nœuds jusqu'à un état de mer 4 pour
une autonomie de 4000 miles nautiques et permettre une marche jusqu'à
26 nœuds. Les réserves en vivres permettront 21 jours d'autonomie.
L'armement
comprendra une pièce de 127 mm/64 calibres d'OTO-Melara avec
probablement des munitions Vulcano sur la plage avant à laquelle
s'ajoutera deux systèmes RAM Block II (l'un sur le roof
dominant la plage avant, l'autre au-dessus du hangar aéronautique à
l'arrière). Deux à quatre lanceurs octuples recevront probablement
des ESSM Block 2, sans oublier une abondante artillerie secondaire.
En
2013, quatre modules de mission sont prévus : le premier dédié aux
capacités ISR, le deuxième à la lutte anti-sous-marine avec un
sonar remorqué, le troisième à la guerre des mines et le quatrième
à la lutte contre les plongeurs et nageurs de combat. À cela
s'ajoute la faculté à opérer des drones (UUV, USV et UAV) et des
embarcations semi-rigides via deux niches. Des espaces de stockage
permettront d'embarquer des conteneurs équivalent vingt pieds. Seuls
les MKS180 recevront
ces modules, contrairement aux F125.
L'équipage
sera de 110 marins, plus un complément de 70 marins pour l'armement
des modules. Les installations du bord comprendront un hôpital.
Ursula
von der Leyen devenait ministre fédérale allemande de la Défense
(17 décembre 2013 – 17 juillet 2019), en remplacement de Thomas de
Maizière (3 mars 2011 – 17 décembre 2013). Elle décidait quant
au MKS180 d'intégrer en
option la commande des cinquième et sixième unités plutôt que les
renvoyer pour l'après-2030 comme c'était alors prévu. Dès
juillet 2015 était décidé le lancement d'un appel d'offres
européen, notamment pour sanctionner l'industrie allemande, et plus
particulièrement ThyssenKrupp Marine Systems pour les déboires des
programmes K130 et F125.
L'appel d'offres européen suscitait l'intérêt de six
soumissionnaires (Damen/Blohm et Voss ; DCNS ; Fincantieri ;
GNYK/BAE Systems ; Lürssen/TKMS ; Navantia). Mais rapidement
certains se retirent comme, par exemple, DCNS et Fincantieri, au
motif que le caractère européen de la procédure n'en a que le nom.
BAE Systems se retirait en 2017.
La
deuxième offre des soumissionnaires restants était déposée en
décembre 2017. Et en mars 2018, le Bundesamt für Ausrüstung,
Informationstechnik und Nutzung der Bundeswehr (BAAINBw)
ou Office fédéral des équipements, des technologies de
l'information et du soutien en service de la Bundeswehr excluait de
la procédure ThyssenKrupp Marine Systems et Lürssen. Les rumeurs
quant à la cession des activités de construction de bâtiments de
surface par TKMS achevait de donner toute son ampleur à la crise.
L'entreprise s'était réorganisée en ce sens (2011 – 2018).
L'appel
d'offres se poursuivait avec en août 2018 le ralliement de TKMS à
GNYK en tant que sous-traitant. La « meilleure offre » était
soumise à l'autonome 2018 et la « dernière et meilleure offre »
le 12 avril 2019. Le résultat est communiqué au Bundestag aux
alentours de l'été 2019.
Le
13 janvier 2020 était révélé que le ministère fédéral de la
Défense avait communiqué aux comités concernés du Bundestage par
l'entremise d'une lettre du
secrétaire d'État parlementaire Peter Tauber
que le vainqueur est le consortium emmené par Damen. La
construction des quatre bâtiments pourraient se dérouler au sein
d'un ou des chantiers de Lürssen dont les actionnaires carressent
des projets de recompositions navales nordiques avec en point d'orgue
les Pays-Bas. Mais rien n'est acté.
Ce
programme de 5300 millions d'euros permettra la mise sur cale
d'unités d'environ 9000 tonnes (contre 7200 pour une F125)
pour lesquelles Damen n'a toujours pas dévoilé sa proposition. Eu
égard aux caractéristiques opérationnelles, il ne serait pas
étonnant que les F125
(4) soient plutôt déployées en Méditerrannée tandis que les «
F126
» (4 + 2) se partageraient entre l'océan glacial Arctique et
l'océan Indien.
Bibliographie
indicative
- Peter Wiemann, « orderungen der Marine an das MehrZWeckkaMpfschiff klasse 180 modularer maritimer fähigKeitsträger », Marine forum, novembre 2013.
- Gaëlle Winter, « Le secteur de la construction navale militaire allemande : un bateau ivre ? », Fondation pour la Recherche Stratégique, DEFENSE&Industries n°12, octobre 2018.
- Thomas Wiegold, « Niederländische Damen-Werft gewinnt Ausschreibung für neues Mehrzweckkampfschiff 180 (Nachtrag) », Augen geradeaus!, 13 janvier 2020.
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