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Jaime
Karremann (« Volgende
fase aanbesteding onderzeeboten is knock-out ronde », Marine
Schepen, 14 janvier 2020) retranscrivait une grande partie de la
teneur des échanges entre l'équipe du programme de remplacement des
sous-marins de la classe Walrus et la chambre basse du parlement
hollandais le mardi 14 janvier 2020. Les parlementaires
bénéficiaient ce même-jour du briefing technique initialement fait
au secrétaire d'État à la Défense. C'est à cette occasion qu'il
a été possible d'apprendre l'abandon de la variante A au profit de
la variante C du projet. De possibles conséquences quant à l'appel
d'offres se dessinent.
Le
remplacement des sous-marins de la classe Walrus (Zr. Ms. Walrus
(1992), Zr. Ms. Zeeleeuw (1990), Zr. Ms. Dolfijn
(1993) et Zr. Ms. Bruinvis (1994) de la marine des
Pays-Bas (Koninklijke Marine) était évoqué officiellement pour la
première fois en 2013. La première phase de la procédure était
l'envoi d'une lettre A en juillet 2016, c'est-à-dire une une demande
d'informations transmise aux principaux constructeurs de sous-marins
dans le monde.
Entre
2016 et 2018, le gouvernement hollandais étudiait trois options
principales : une capacité sous-marine fondée uniquement sur des
drones, des sous-marins dits « côtiers » et des sous-marins dits «
océaniques ». La première option fut écartée au terme d'une
étude de TNO car qualifiée de trop coûteuse. En 2018, au plus
tard, le choix s'est porté en faveur du programme Walrus replacement
devant permettre la fourniture de quatre sous-marins océaniques pour
un budget jugé supérieur à 2500 millions d'euros (2018) selon le
White Paper 2018.
La
"lettre B", attendue depuis 2018, fut signée par la
secrétaire d'État à la Défense du gouvernement des Pays-Bas, Mme
Barbara Visser, le vendredi 13 décembre 2019 et remise aux
trois constructeurs de sous-marins sélectionnés pour la phase
finale de l'appel d'offres, soit l'alliance Damen – SAAB (Modèle
712), Naval group (Barracuda) et TKMS (Type 212 CD).
La presse batave dévoilait, en 2019, que le budget était de l'ordre
des 3500 millions d'euros.
Le
Parlement a été informé le 14 janvier 2020 des tenants et
aboutissements de la remise de la lettre B à partir du briefing
technique tenu à l'endroit de la secrétaire d'État à la Défense
en décembre 2019. Un débat devrait s'être tenu la semaine
suivante, à huis clot, le 23 janvier 2020.
L'un
des points principaux est qu'il a été affirmé au Parlement
hollandais qu'en l'état du programme, persévérer avec la variante
A du sous-marin océanique conduisait à diminuer la cible du
programme de remplacement des Walrus de quatre à trois sous-marins,
et ce, malgré au augmentation du budget dédié, non-précisée.
Pour préserver la cible de quatre sous-marins, la variante B fut
retenue.
L'un
des deux représentants du DMO a esquissé les conséquences du choix
de la variante B. Celle-ci conserve une bonne assise industrielle
puisqu'il s'agirait toujours pour Asmterdam d'être autonome sur
l'entretien et les refontes des sous-marins, d'où la demande de
transfert de la propriété intellectuelle et la participation de
l'industrie nationale.
Du
point de vue des caractéristiques opérationnelles, les rares
précisions sont les suivantes :
Autant
les mâts disposés dans le massif que les différentes antennes de
la suite sonar bénéficieront de moins de volume et probablement de
moins de masse. Cela se traduira, pour les antennes, soit par moins
d'aériens, soit autant d'aériens mais aux capacités techniques
réduites. Pour la suite sonar, cela signifiera de moindres
performances et la perte possible de senseurs très spécialisées,
si jamais ils étaient envisagés.
La
ou les soutes à armes tactiques contiendront moins de torpilles,
pour un nombre non-précisé. Il devrait probablement être voisin de
25 torpilles lourdes. Ces installations sont qualifiées de moins
flexibles, réduisant le nombre de missions pouvant être accomplies
pendant un même déploiement. Cela ne permet pas de déduire s'il ne
sera pas possible de panacher toutes les armes tactiques en une seule
fois (torpilles lourdes, missiles anti-navires à changement de
milieu, mines) ou ce qu'il en sera de l'emploi de drones.
Les
capacités à durer à la mer sont notablement réduites puisqu'il
est annoncé une moindre autonomie, des logements réduits pour un
équipage moins nombreux et moins d'espaces de travail. Outre le cas
des opérateurs des forces spéciales, moins de logement signifie
donc moins de spécialises techniques pouvant embarquer et donc les
types de missions pouvant être accomplies.
La
capacité à opérer des forces spéciales est maintenue sur la
variante B mais avec des capacités de stockage « réduites » pour
les opérations : il s'agirait, au moins, de l'embarquement d'un
nombre d'opérateurs plus réduit que dans la variante A. Mais peut
être aussi d'un moindre choix de matériels à embarquer. La
réduction du volume de la soute à armes tactiques aura peut être
un effet sur la place possiblement allouée aux tracteurs
sous-marins.
Par
voie de conséquence, la coque devrait être réduire de 10 à 20%
par rapport à la variante A, sans qu'il ne soit possible de savoir
comment elle se situait par rapport aux Walrus (version modernisée,
donc avec un tonnage supérieure ?).
Ce serait la raison pour
laquelle le S-80 Plus de Navantia aurait été écarté
puisqu'il s'agit d'un allongement du S-80 pour permettre
d'augmenter la flottabilité en raison d'une masse initialement trop
élevée. À l'autre extrémité, TKMS (Type 212 CD) d'un
déplacement d'environ 2400 tonnes en plongée voit sa position
légèrement se renforcée puisque la taille du sous-marin désirée
se rapproche sa proposition, bien qu'il demeure un écart d'environ
600 tonnes. Damen – SAAB ne proposerait pas l'A26 Oceanic
Extended Range mais un A26 Oceanic « Plus ».
Il
en ressort des interrogations quant aux exigences du cahier des
charges : vise-t-il des caractéristiques opérationnelles à
atteindre ou comprend-t-il, notamment, des déplacements en surface
et en plongée à ne pas dépasser ? Damen – SAAB (Modèle 712)
devra démontrer sa capacité à dimensionner sur de plus petites
dimensions les différentes antennes du sonar 2076 et à quel(s)
coût(s).
Mêmes
travaux pour Naval group (Barracuda) vis-à-vis de l'UMS 3000
et du revêtement anéchoïque recouvrant toute la coque car celui-ci
impose une prise de masse qui ne peut être compensée que par du
volume. In fine, c'est le déplacement en plongée du Barracuda
présentée qui risque d'être questionné vis-à-vis d'un Scorpène
évolution abandonné en 2018, au plus tard.
La
lancinante question est bien celle-ci : la variante B impose-t-elle
des déplacements en surface et en plongée auxquels les trois
soumissionnaires doivent s'y astreindre ou bien ont-ils liberté pour
atteindre les caractéristiques opérationnelles de la variante B
plutôt à un coût donné qu'à un déplacement imposé ?
Bibliographie
:
- « Koninklijke Marine : des Dolfijn au Walrus replacement », Le Fauteuil de Colbert, 1er mars 2018.
- « Koninklijke Marine : SMX 3.0 ? », Le Fauteuil de Colbert, 9 février 2019.
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