© Chantiers de l'Atlantique. |
Le train
d’escadre, lancé dans les années 1960 – 1980 – notamment par le Plan bleu (1972
– 1974) qui demandait cinq pétroliers par le programme TRE 70 puis PR72
–, dont le point d’orgue fut consécutivement la mise en place du Centre
d’Essais du Pacifique (CEP) puis le soutien des forces navales dont
principalement le Groupe Aéronaval (GAn), le Groupe de Guerre Des Mines (GGDM)
et ponctuellement le groupe amphibie et les sous-marins voit son remplacement
glisser depuis le début des années 2000. Le programme FLOT-LOG (FLOTte –
LOGistique), dénommé ainsi depuis l’approbation de la fiche de caractéristiques
militaires le 29 juin 2009, évoluera entre deux projets de coopération dont le
deuxième sera le bon et plusieurs décalages. Et ce n’est que le 18 mai 2020 que
sera découpé la première tôle (de la partie arrière) du futur Bâtiment
Ravitailleur de Forces (BRF) n°1 de 31 000 tonnes à pleine charge.
Le retour
d’expérience des années 1990 fut très fructueux quant aux multiples opérations
navales menées principalement dans le cadre des guerres de désintégration de la
Yougoslavie (Balbuzard (26 janvier 1993 - décembre 1995), Trident
98 (octobre 1998), Trident (7 février - 3 juin 1999). L’opération
Trident préfigurait le soutien d’un groupe aéronaval dépourvu de la
permanence depuis le retrait du service actif du porte-avions Clemenceau
(22 novembre 1961 - 1er octobre 1997), laissant seul pour trois ans le
porte-avions Foch (15 juillet 1963 – 15 novembre 2000). Mais
c’est, surtout, la première grande opération du troisième millénaire pour la
Marine nationale – Héraclès (1er décembre 2001 – 2 mai 2002) –
lancée consécutivement aux attentats du 11 septembre 2001 qui préfigurait le
soutien à la mer d’un groupe aéronaval emmené par un porte-avions à propulsion
nucléaire, le Charles de Gaulle (18 mai 2001 – 2038 ?).
Raisons pour
lesquelles le nombre de bâtiments logistiques et de soutien se resserraient sur
le Pétrolier-Ravitailleur (PR) Meuse (21 novembre 1980) et
les trois Bâtiments de Commandement et de Ravitaillement (BCR) Var
(29 janvier 1983), Marne (16 janvier 1987) et Somme
(7 mars 1990) depuis la cession du PR Durance à l’Argentine le 9
juillet 1999, permise par l’abaissement du format aéronaval de deux à un seul
porte-avions dont la propulsion nucléaire réduisait la tension logistique.
PR
Pétrolier-Ravitailleur |
BCR
Bâtiments de Commandement et de Ravitaillement |
BAP
Bâtiment Atelier Polyvalent |
BCSGDM
Bâtiment de commandement et de Soutien pour la Guerre Des Mines |
||
Meuse (1980 – 2015) |
Var
(1983 – 2022 ?)
Marne
(1987 – 2024 ?)
Somme
(1990 – 2026 ?) |
Jules Verne (1976 – 2010) |
Loire (1967 – 2009) |
||
Caractéristiques nautiques
|
|||||
Longueur (mètres)
|
157,20
|
151
|
101,5
|
||
Largeur (mètres)
|
21,20
|
21,56
|
13,10
|
||
Tirant d’eau (mètres)
|
8,65 – 10,80
|
6,50
|
4,25
|
||
Déplacement lège (t.)
|
7 600
|
7 800
|
7 815
|
2 050
|
|
Déplacement à charge (t.)
|
17 800
|
18 000
|
10 250
|
2 445
|
|
Tonnage du format logistique : 84 695
tonnes
|
|||||
Propulsion
|
20 000
CV
14,71 MW |
12 000
CV
8,8 MW |
3200 CV
2,36 MW |
||
Vitesses
maximale (nœuds)
|
19
|
19
|
16,5
|
||
Vitesse de
croisière économique
|
9 000 nautiques
à 15 nœuds |
29 000
nautiques à 11 nœuds
|
5 831 nautiques
à 12 nœuds |
||
Capacités logistiques
|
|||||
Gazole
|
5200 t
+ 1300 t mazout |
8400 t |
1000 tonnes |
? |
|
Carburant aviation (TR5)
|
3000 t
|
1100 t
|
97,2 tonnes
|
/
|
|
Eau douce
|
250 t
|
400 tonnes
|
?
|
||
Vivres
|
170 t
|
40 j pr 300
pax
|
?
|
||
Munitions
|
170 t
|
300 tonnes
|
?
|
||
Rechanges
|
250 t
|
500 tonnes
|
?
|
||
Ateliers
|
/
|
13 ateliers
(700 m²) |
3 ateliers
( ? m²) |
||
Hôpital embarqué
|
? m²
8 lits |
240 m²
16 lits |
?
16 lits |
||
Installations aéronautiques
|
Plateforme
( ? m²) + Hangar ( ? m²) |
Plateforme
(550 m²) + Hangar (350 m²) |
Plateforme
(180 m²) + Hangar (70 m²) |
||
Les opérations
montraient que le soutien se limitait au Bâtiment Atelier Polyvalent (BAP)
Jules Verne (17 septembre 1976) et au Bâtiment de
Soutien Mobile Loire (BSM) Loire (17 octobre 1967). À la
différence des quatre autres BSM, la Loire est spécialisée comme
Bâtiment de Commandement et de Soutien de la Guerre des Mines (BCSGDM).
Cependant, il est remarquable que les BSM Rhône était
spécialisé dans le soutien de sous-marins et que le Bâtiment de Soutien et
d'Assistance Métropolitain (BSAM) Rhône (22 janvier 2019) soit
basé à Brest et le BSAM Loire (26 juillet 2018) à Toulon.
BSM de nouvelle
génération (2000 – 2010)
Le prélude au
programme FLOT-LOG sera le projet entretenu par l’État-Major de la
Marine nationale (EMM), au plus tard depuis 2000, de remplacer le BSM Garonne
(soutien mécanique et électricité) ainsi que le BAP Jules Verne
afin de sursoir au remplacement de ces deux bâtiments de soutien,
respectivement, en 2005 et 2007 (CV (R) Bernard Prézelin, Rennes, Flottes de
combat, 1999, p. 52). Cela indiquerait qu’il aurait pu être souhaité 2 + 1 BSM
de nouvelle génération devant remplacer 3 à 4 BSM afin d’englober le
désarmement du BSM Loire prévu quelques années plus tard.
L’opération Héraclès
(1er décembre 2001 – 2 mai 2002) voyait le capitaine de vaisseau Richard
Laborde, commandement du porte-avions Charles de Gaulle (18 mai
2001 – 2038 ?), être très satisfait du soutien apporté, en particulier,
par le Jules Verne au groupe aéronaval. Cols bleus – dont le rédacteur
en chef était alors un certain capitaine de vaisseau Christophe Prazuck – sous
la plume du contre-amiral François Cluzel, commandant la TF 473, relevait que
« le
Jules Verne transporte ses ateliers, ses 100 000 rechanges, son
personnel hautement spécialisé et sa qualification ISO 9002 au gré des
déplacements de la force. On lui doit ce paradoxe : le taux de disponibilité
des équipements augmente avec la durée de déploiement. » (Cols Bleus, hors-série, juillet - août 2002, p. 48)
Sans oublier le
BSM Loire soutenant les Chasseurs de Mines Triparties
(CMT) Pégase et Persée (septembre – février) puis Verseau
et Aigle (février - mai) et formant le TG 470.2 qui ont sécurisé
chenaux et mouillage (Djibouti, Oman) du groupe aéronaval depuis Djibouti
jusqu’à l’océan Indien, mission prévue de longue date pour ce qui devait être
une mission Agapanthe.
De ce retour
d’expérience convainquant quant à l’utilité de ces deux bâtiments de soutien
s’explique assez fort bien que le projet de construire deux BSM de nouvelle
génération ait perduré jusqu’en 2008 (CV (R) Bernard Prézelin, Rennes, Flottes
de combat, 2008, p. 52) alors qu’il était prévu les désarmements du BSM
Loire en 2010 et du BAP Jules Verne
en 2012, nonobstant un projet de prolongation à l’étude pour celui-ci. La Loire
sera finalement désarmée dès 2009 tandis que le Jules Verne
ne sera pas prolongé et sera, également, désarmé dès 2010.
Entre temps,
les BSM Garonne (1965 - 2003), Rance (1966 -
1997), Rhin (1964 - 2002) et Rhône (1964 - 1997)
ont été ou furent désarmés tandis que leurs ateliers et matériels, leurs équipages
été débarqués au profit des ateliers militaires de la Flotte, notamment dans
les bases d’outre-mer.
FLOT-LOG
L’EMM paraît avoir été silencieux quant
à ses projets globaux vis-à-vis du remplacement des BSM par les BSM NG mais
aussi à quand et comment assurer la succession des PR/BCR de la classe Durance
(PR Meuse (1980 – 2010) et BCR Var (1983 – 2013 ?),
Marne (1987 – 2017 ?), Somme (1990 – 2020 ?)
dont la durée de vie est alors prévue pour 30 ans. Les premières ébauches
sérieuses du futur programme auraient été échafaudées autour de 2005.
Dans le sillage du projet de coopération
aéronavale franco-britannique emmenée par l’adoption de la propulsion classique
par le Président de la République Jacques Chirac le 13 février 2004 au profit
du « PA2 » qui devait être dérivé du programme Carrier Vessel
Futur et de l’avant-projet de Thales UK retenu par le ministry of Defence de Sa
Gracieuse Majesté et dont il devait être extrapolé une variante adaptée au
besoin militaire français : le CVF-FR (2004 – 2009).
En parallèle à la coopération aéronavale
franco-britannique autour de 2 porte-aéronefs + 1 porte-avions était mené une
réflexion à l’EMM, au plus tard depuis 2007, pour « doubler la mise »
à travers la possibilité pour la France de rejoindre le programme britannique Military Afloat Reach and Sustainability (MARS) conçu pour assurer
le soutien logistique à la mer de trois groupes opérationnels distincts – les Carrier
Strike, Littoral Manoeuvre et Maritime Security
– grâce à 11 navires de soutien (2007) :
- 5 fleet tankers (2011 et 2016) et 1 fleet tanker (CVF/carrier strike replenisher) pour livraison en 2016 ayant à charge le transport des vracs liquides (eau douce, gazole, carburant aviation) ;
- 2 Solid Support Ships (précédemment Fleet Solid Support (FSS) devant assurer le ravitaillement en vracs solides (vivres, pièces de rechange, munitions) pour livraison en 2017 et 2019 ;
- 3 Joint sea-based logistics pour livraison en 2018, 2020 et 2021.
L’échec à
rendre irréversible la commande du PA2/CVF-FR (2006 – 2007), les
réflexions préalables au futur livre blanc au cours desquelles les Horizon
n°3 et 4 sont abandonnées et la publication du Livre blanc sur la Défense
et la Sécurité nationale 2008 repoussent le PA2 à 2011 et semblent
mettre fin à l’idée d’une coopération parallèle à partir du programme MARS.
L’idée a perduré
jusqu’aux traités dits de « Lancaster House » (2 novembre 2010) par ses
travaux préparatoires menés depuis 2008. L’un des obstacles supplémentaires à la
coopération était que le programme MARS confortait une tradition opérationnelle
de ravitaillement simultanée des porte-avions sur les deux bords, d’où l’intérêt
d’avoir des bâtiments spécialisés séparant les vracs liquides des solides. Aucune
résurrection des BSM NG n’étant venu, alors même qu’ils auraient
pu rapprocher le besoin Marine nationale du besoin Royal Navy autour du couple fleet
tanker – Fleet Solid Support,
le mariage, même de raison, paraissait difficile.
Et cette
tradition opérationnelle britannique est plus consommatrice en nombre de marins
nécessaire pour armer la flotte logistique. Les bâtiments logistiques britanniques
ne sont pas armés par la Royal Navy mais par du personnel civil de la Royal
Fleet Auxiliary (1907). Et leurs équipages sont moins volumineux que ceux des
bâtiments logistiques français pour deux raisons : la première, ce statut
particulier de la RFA, la deuxième est que leurs ravitaillements à la mer sont
effectués beaucoup plus en retrait des zones d’opérations, nécessitant un plan
d’armement plus faible. L’effort en ressources humaines dans le cadre de la RGPP
(Révision Générale des Politiques Publiques) dissuadait une refonte doctrinale
et matérielle.
Le Livre
blanc sur la Défense et la Sécurité nationale 2008 explicite le
« contrat opérationnel » et les différentes postures exigées des
Armées. L’ambition de projection jusqu’à 8 000 km « dans un contexte de
simultanéité de plusieurs opérations », se traduit pour la composante
navale par le soutien simultanée de deux forces navales (un groupe aéronaval, un
groupe amphibie ou un groupe de protection du trafic maritime) grâce au soutien
pétrolier associé. Le document livrant même, et peut être pour la première
fois, le vocable de « flotte logistique ».
De cet
éclaircissement succède la rédaction par l’EMM de la Fiche de Caractéristiques
Militaires (FCM) de 2009 quant au renouvellement des bâtiments logistiques et
de soutien des forces navales en mer qui est approuvée le 29 juin 2009. La FCM
précise un peu le contrat opérationnel : il s’agit de soutenir simultanément
un groupe aéronaval, un groupe amphibie et/ou groupe de protection du trafic
maritime, tout en garantissant la posture de dissuasion, la capacité à durer 60
jours à la mer grâce à un flux logistique régulier. Le programme est baptisé FLOT-LOG
pour « flotte logistique » et sa cible est donnée pour 4 bâtiments.
Les diverses études et déclarations
ultérieures permettront de déduire que la FCM visait, dans l’absolu, à des bâtiments
pouvant accueillir dans leurs cuves 13 à 16 000 tonnes de vracs liquides
contre, environ, 10 000 pour les Durance. L’influence induite par l’introduction
du Rafale Marine devra, aussi, être prise en compte. Leur architecture devra
être à double coque afin de respecter les engagements internationaux de la France
dont les règles édictées par l’Organisation Maritime Internationale (OMI) et le
corpus issu de la convention MARPOL. Mais ils devront aussi respecter un
certain nombre de « STANAG » afin de demeurer compatibles avec les
procédures de l’OTAN. Les FLOT-LOG seront des bâtiments logistiques
polyvalents qui bénéficieront de l'adoption généralisée des normes logistiques civiles,
une accélération du temps nécessaire au transfert des vracs solides pendant les
RAM. Afin de surseoir au remplacement des BAP Jules Verne (17 septembre 1976) et du Bâtiment
de Soutien Mobile Loire (BSM) Loire (17 octobre 1967), ils
bénéficieront d’une
zone de stockage et de manutention de conteneurs ainsi que d’ateliers répartis
sur plusieurs centaines de m² et de capacités de stockage de munitions.
La vie
institutionnelle de FLOT-LOG débute dès octobre 2009 quand le ministre
de la Défense, M. Hervé Morin, évoquait pour ce programme quatre bâtiments à
livrer d’ici 2020 alors qu’il avalisait le lancement de l’étude de définition
par la Direction Générale de l'Armement afin de déterminer les besoins et les
caractéristiques. La LPM (2009 – 2014), par la LOI n° 2009-928 du 29 juillet
2009, avalisait le format du programme FLOT-LOG à quatre pétroliers-ravitailleurs
afin de pouvoir soutenir simultanément un groupe aéronaval et un groupe
amphibie ou une force d’action navale sur deux théâtres d’opérations distincts.
Mais devant
l’Assemblée nationale, la députée Marguerite Lamour (3ième
circonscription du Finistère) relevait, le 28 octobre 2009 que le lancement du
programme n’interviendrait que sur la prochaine Loi de Programmation Militaire
(LPM) devant succéder à la LPM (2009 – 2014) : c’est-à-dire à l’horizon
2015 – 2020 (Marguerite Lamour, rapporteur pour avis, mercredi 28
octobre 2009, commission de la Défense nationale et des forces armées,
Assemblée nationale).
La DGA prévoyait,
en 2010, une mise sur cale de la tête-de-série en 2015 pour une livraison en
2017 afin de pouvoir succéder au PR Meuse, ce qui suppose une
prolongation de la durée de vie de 30 à 37 ans.
Toutefois, le député
François Cornut-Gentille (2ème circonscription de la Haute-Marne) s’inquiétait
de la servitude juridique (convention MARPOL) pesant sur les pétroliers-ravitailleurs
à simple coque depuis les catastrophes de l’Erika (12 décembre 1999) et
du Prestige (13 – 19 novembre 2002), de l’effort de renouvellement tardif
(2017 – 2021) pour une capacité stratégique jugée essentielle. Et il
s’interrogeait quant à l’opportunité – faute de réaliser le programme –
d’externaliser la flotte logistique à l’horizon 2020, sous réserve d’un examen
approfondi (M. François Cornut-Gentille, rapporteur pour avis, commission de la Défense nationale et des forces armées, sur le projet de
loi de finances pour 2011(n° 2824), 14 octobre 2010 pp. 278 - 279).
La réponse
vient de l’Amiral Pierre-François Forissier, chef d’état-major de la Marine,
qui récuse l’urgence au motif que les quatre pétroliers-ravitailleurs sont
« en bon état et ne sont pas en fin de vie » mais aussi car ce
« n'est pas un problème urgent, dans la mesure où les navires de guerre
ont été placés délibérément en dehors des conventions internationales. »
Mais il reconnaît l’inconfort de la situation et indique rechercher une
solution européenne : « on pourrait donc se mettre autour de la table
et décider d'acheter le même type de bateau, avec le même type de design et le
même stock de pièces de rechange, quitte à ce que les différents chantiers
nationaux le construisent. Ce travail de réflexion est en cours. » (Loi de
finances pour 2011 - Audition de l'Amiral Pierre-François Forissier, chef d'état-major de la marine, 10 novembre 2010) Et la cible de FLOT-LOG
est alors donnée pour 4 à 5 pétroliers-ravitailleurs, possiblement un de plus
que demandé par la LPM, probablement au motif que la coopération pourrait
abaisser le coût global du programme.
La réplique ne
se fait pas attendre et dès l’examen du projet de loi de finances 2012, les
députés Marguerite Lamour et François Cornut-Gentille joignent leurs forces
avec le député Jean-Claude Viollet (1re circonscription de la Charente) par le
dépôt de l’amendement n°II-DF2. Celui-ci ampute le programme 178 « emplois
des forces » de 5 millions d’euros qui sont aussitôt alloués au programme
146 « équipement des forces ». Amendement voté en commission (Projet
de loi de finances pour 2012 (n° 3775) : examen et vote pour avis des crédits de la mission « Défense », 25 octobre 2011, séance de 17 heures, commission de la Défense nationale
et des forces armées, Assemblée nationale).
L’enjeu pour
les députés est d’obliger le ministère de la Défense, grâce à cet abonnement
budgétaire, à engager, si ce n’est les études nécessaires au remplacement des
quatre pétroliers-ravitailleurs de classe Durance, tout du moins leur
modernisation dans l’optique de les prolonger au service alors que leur durée
de vie est toujours de 30 ans (PR Meuse (1980 – 2010) et BCR Var
(1983 – 2013 ?), Marne (1987 – 2017 ?), Somme
(1990 – 2020 ?).
L’offensive parlementaire est couronnée
de succès puisque, dès mars 2012, et la réunion d’un Comité Ministériel
d’Investissement (CMI), était décidé le lancement du programme FLOT-LOG
grâce à l’amendement n°II-DF2 qui permet le lancement des études
préalables. Et dès la première semaine de septembre 2012, la DGA notifiait à
DCNS et STX un Programme d’Études Amont (PEA) de 10 millions d’euros pour lever
les risques, étudier la faisabilité technique, les délais et coûts.
À partir de ces
éléments, notamment les différentes options architecturales possibles, la DGA
devait pouvoir rédiger un cahier des charges devant servir à l’émission d’un
appel d’offres international au profit de FLOT-LOG. L’intérêt d’une
procédure par appels d’offres résidait tant dans une mise en concurrence des
industriels dans la classique perspective d’obtenir une réduction des coûts
mais également de permettre aux industriels de proposer des solutions proposées
à d’autres marines dans d’autres procédures nationales afin de faire émerger de
possibles coopérations.
DCNS et STX
avaient dévoilé, en septembre 2010, un projet de bâtiment logistique baptisé
« BRAVE » (Bâtiment RAVitailleur d’Escadre), qui servirait de
base aux travaux commandés par le PEA. Lors du salon EuroNaval (22 – 26 octobre
2012), la présentation du BRAVE précisait les missions principales qu’il
devra pouvoir accomplir :
- Ravitailler et soutenir tous types de bâtiments en mer (porte-avions, grands et petits bâtiments de surface, sous-marins) ;
- Soutenir les opérations de projection des forces ;
- Commandement et contrôle des opérations maritimes ;
- Soutenir les opérations humanitaires.
Fincantieri avait
remporté un contrat en octobre 2008 au profit de l'Indian Navy pour deux
pétroliers-ravitailleurs « polyvalents » (vracs liquides et solides)
de la classe Deepak (INS Deepak (2011), INS Shakti
(2011) – préfigurant le futur Vulcano – qui sont grandement
inspirés des spécifications de la Marine nationale (FCM 2009), en ce sens qu’il
y a eu des échanges entre les deux état-majors, et ont été étudiés pour une
autre marine devant mettre en œuvre des groupes aériens embarqués sur des porte-aéronefs
et futurs porte-avions.
La livraison du premier FLOT-LOG a glissé d’une année, soit de 2017 à 2018. Et Flottes de combat, en 2012, de relever qu’une coopération pourrait être étudiée avec la Marina militare (CV (R) Bernard Prézelin, Rennes, Flottes de combat, 2012, p. 48). L’état-major de la Marine s’est intéressé à cette perspective dès 2011, dans la foulée des programmes Horizon et FREMM. La Marine nationale, après la parenthèse de l’échec de la coopération avec les Britanniques autour du programme MARS, se tournait résolument vers 4 à 5 pétrolier-ravitailleurs polyvalents qui accueilleront, notamment, des ateliers mais aussi une zone modulaire débouchant sur une capacité de mise à terre par une rampe (« ro-ro ») ou de débarquement via des chalands abondés par des moyens de levage et une porte à la poupe : ce dont témoignait le projet BRAVE à EuroNaval 2012.
La livraison du premier FLOT-LOG a glissé d’une année, soit de 2017 à 2018. Et Flottes de combat, en 2012, de relever qu’une coopération pourrait être étudiée avec la Marina militare (CV (R) Bernard Prézelin, Rennes, Flottes de combat, 2012, p. 48). L’état-major de la Marine s’est intéressé à cette perspective dès 2011, dans la foulée des programmes Horizon et FREMM. La Marine nationale, après la parenthèse de l’échec de la coopération avec les Britanniques autour du programme MARS, se tournait résolument vers 4 à 5 pétrolier-ravitailleurs polyvalents qui accueilleront, notamment, des ateliers mais aussi une zone modulaire débouchant sur une capacité de mise à terre par une rampe (« ro-ro ») ou de débarquement via des chalands abondés par des moyens de levage et une porte à la poupe : ce dont témoignait le projet BRAVE à EuroNaval 2012.
Pourtant, et devant l’Assemblée nationale, l’Amiral Bernard Rogel, et contrairement à son devancier en la personne de l’Amiral Pierre-François Forissier, ne semblait pas trouver de perspectives solides de coopération en Europe. « On pourrait penser que nous avons les mêmes spécifications que nos partenaires européens, mais nous n'avons pas le même concept d'emploi. Nous voulons des pétroliers polyvalents qui puissent ravitailler le groupe aéronaval que nous sommes les seuls à posséder. Nous essayons de promouvoir des coopérations, mais cela n'est pas évident. » (audition de l'Amiral Bernard Rogel, chef d'état-major de la Marine nationale, Loi de finances pour 2013 - Mission Défense, commission de la Défense nationale et des forces armées, Assemblée nationale, 31 octobre 2012).
La publication
du Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale 2013 est
suivi par le vote de la loi n° 2013-1168 du 18 décembre 2013 relative à la
programmation militaire pour les années 2014 à 2019 qui réduisait la cible du
programme FLOT-LOG de 4 à 3 pétroliers-ravitailleurs. La première
commande devant intervenir en fin de période et la première livraison au début
des années 2020… « conformément » à la précédente LPM qui
n’ambitionnait pas mieux.
Dans le cadre
de l’examen de la LPM (2014 – 2019) dont les contours sont dévoilés au deuxième
trimestre 2013, l’Amiral Bernard Rogel révélait ses inquiétudes quant aux
« prolongement d'équipements anciens » et « des risques d'arrêt
brutaux de parcs hors d'âge » comme, par exemple, « nos pétroliers
ravitailleurs » que le « projet de loi prévoit de ne les remplacer
qu'au-delà de 2020 », ce qui obligera à « la plus grande attention de
notre part afin de les faire durer le temps nécessaire. » (Audition de l'Amiral Bernard Rogel, chef
d'état-major de la marine, 18 septembre 2013, commission des Affaires
étrangères, de la Défense et des forces armées, Sénat)
La Marine
espérait-elle mieux des travaux préparatoires de la nouvelle LPM, comme un
avancement dans le calendrier de la programmation du programme FLOT-LOG,
ce que pourrait laisser supposer le changement de ton devant les députés qui
succède une certaine sérénité quelques mois plus tôt ? Rien n’est moins
sûr car quelques jours plus tard l’Amiral Bernard Rogel relevait que « le
Livre blanc offre une feuille de route – à l’horizon 2025 – [dont
les] textes sont également cohérents avec la précédente LPM, qui avait repoussé
au-delà de 2014 [le renouvellement des] pétroliers ravitailleurs. Cette
modernisation est désormais lancée. » (Audition de l'Amiral Bernard Rogel, chef d'état-major
de la marine, 9 octobre 2013, commission de la défense nationale et des forces
armées, Assemblée nationale)
Par ailleurs,
le chef d’état-major de la Marine nationale, conformément à la nouvelle
« maquette » décidée par le nouveau contrat opérationnel dévolue à la
marine française et gravée dans le marbre de la future LPM (2014 – 2019)
toujours à l’examen, déclarait avoir « d'ores et déjà pris la décision de
retirer de façon anticipée deux bâtiments de la liste de la flotte, le
transport de chaland de débarquement Siroco et le pétrolier ravitailleur
Meuse, conformément au Livre blanc […] ces retraits du service
actif auront lieu en 2015, afin de permettre la manoeuvre des ressources
humaines associée. » Avec un chassé-croisé dont l’Histoire a le secret, et
l'ex-Pétrolier-Ravitailleur d'Escadre (PRE) Saône (1953 – 1980) subit alors sa
déconstruction (Audition de l'Amiral Bernard Rogel, chef
d'état-major de la marine, 5 novembre 2013, commission des Affaires étrangères,
de la Défense et des forces armées, Sénat)
La LPM (2014 – 2019) est adoptée le 18 décembre 2013. Les auditons suivantes de l’Amiral Bernard Rogel tant devant l’Assemblée nationale (8 octobre 2014) que devant le Sénat (12 novembre 2014) ne révèle pas de fléchissement dans le discours. Il ne s’agit que de préparer le retrait du service actif du PR Meuse, sans autre forme de procès.
La LPM (2014 – 2019) est adoptée le 18 décembre 2013. Les auditons suivantes de l’Amiral Bernard Rogel tant devant l’Assemblée nationale (8 octobre 2014) que devant le Sénat (12 novembre 2014) ne révèle pas de fléchissement dans le discours. Il ne s’agit que de préparer le retrait du service actif du PR Meuse, sans autre forme de procès.
Dans le cadre
de l’actualisation de la LPM (2014 – 2019) voulue par le Président François
Hollande, en raison de l’évolution du contexte stratégique, dont les attentats
du 7 et 9 janvier 2015, et le lancement de l’opération Sentinelle, le programme
FLOT-LOG ne bénéficie pas d’une plus grande priorité car cible et calendrier
demeurent inchangés (p. 72). Toutefois, l’Amiral Bernard Rogel met en garde
contre un nouveau décalage du calendrier car « les pétroliers
ravitailleurs sont vieillissants, ne correspondent plus aux exigences modernes
et doivent être remplacés. Leur vieillissement est un risque que l’on prend. Le
lancement du programme FLOTLOG est donc vital. » (Audition de l’amiral Bernard Rogel, chef
d’état-major de la marine, sur le projet de loi actualisant la programmation
militaire pour les années 2015 à 2019 et portant diverses dispositions
concernant la défense (n° 2779) - 27 mai 2015, commission de la défense
nationale et des forces armées, Assemblée nationale). Le chef d’état-major de
la Marine tiendra une nouvelle fois le même discours devant l’Assemblée
nationale (17 juin 2015), ajoutant que « mon homologue danois me
rappelait il y a peu sa satisfaction d'avoir pu disposer d'un
pétrolier-ravitailleur français lors des opérations de désarmement chimique en
Syrie. »
Le projet BRAVE
soutenu par DCNS et STX poursuivait sa route par l’obtention d’un nouveau
contrat d’évaluation des risques, notifié le 21 juillet 2015 par la DGA.
L’objet de ce contrat est la mise à l’étude d’une variante entièrement
électrique du BRAVE. Loin d’être anecdotique, DCNS et STX vont
profondément remanier le projet car la propulsion va être lourdement remanié
entre deux moteurs électriques de propulsion attaquant deux courtes lignes
d’arbres tandis que les moteurs diesels sont renvoyés tout à l’avant du
bâtiment où sont concentrés l’essentiels des infrastructures et des logements,
permettant d’éloigner au maximum l’équipage des compartiments de stockage des
munitions.
C’est le
vice-amiral d’escadre Jean-Philippe Rolland qui semble révéler le premier que
« en vertu des lois de programmation militaire, le dernier de nos
pétroliers à simple coque, mis sur cale en 1985, devra rester en service
jusqu’en 2029. » Par ailleurs, au sujet des conséquences quant à
l’adoption d’une architecture à double coque, il ajoutait que « Bien
évidemment, le passage à la double coque se traduit par un renchérissement des
programmes de remplacement. Mais en nous inscrivant dans cette logique
d’insertion dans le corpus des normes civiles, nous avons également pour
objectif de bénéficier de technologies largement répandues, donc d’une
réduction des coûts de production – dans le domaine des fluides frigorifiques
ou des peintures, par exemple. » (Audition de l’amiral Jean-Philippe Rolland, chef de la division cohérence capacitaire de l’état-major des armées, 15
décembre 2015, commission de la défense nationale et des forces armées,
Assemblée nationale)
Il s’agissait
d’en conclure qu’il avait été décidé par l’EMM (depuis 2012 ?) – et bien
obligé en cela – de porter la durée de vie des trois BCR de 30 à un peu
plus de 38 ans (Var (1983 – 2026
?), Marne (1987 – 2024 ?), Somme (1990 – 2026
?). Il semblerait qu’il faille devoir au programme des Frégates de Taille
Intermédiaire (FTI) les derniers ajustements du calendrier afin
d’assurer le « tuilage » entre le retrait du service actif des trois BCR
et leur remplacement par les trois FLOT-LOG. Le début de la construction
de la tête de série a glissé à 2020 pour une livraison de la tête de série en
2022.
Les BCR bénéficient, dans cette
perspective, de modernisations de certaines installations comme le SYstème en Tensionnement
Automatique de Ravitaillement (SYTAR) qui est numérisé par la société
canadienne Hepburn qui a travaillé sur la conversion du porte-conteneurs MV Astérix
en pétrolier-ravitailleur (2015 – 2017) selon des choix architecturaux qui
n’auraient pas été reniés par les Marina militare et Marine nationale. La Somme
est modernisée en 2016, le Var (août 2016 – avril 2017) suit et
le cycle s’achèvera par la Marne (juillet 2017 – décembre
2017 ?).
Le discours évolue légèrement puisque le
nouveau chef d’état-major de la Marine, l’Amiral Christophe Prazuck, non
seulement déclame être « attentif en la matière au
comportement de nos pétroliers-ravitailleurs, qui commencent à être très âgés »
mais en plus dévoile qu’ils sont susceptibles d’être soumis « au risque de
réductions temporaires de capacité (RTC). » (Audition de l’amiral Christophe Prazuck, chef
d’état-major de la marine, sur le projet de loi de finances pour 2017,
commission de la Défense nationale et des forces armées, Assemblée nationale,
12 octobre 2016) Il tient le même discours le 16 novembre devant le Sénat.
En passant par l’Italie, il est à remarquer que la « legge navale »
ou legge De Giorgi du nom du chef d'état-major de la Marina militare Ammiraglio
Giuseppe De Giorgi fut la première proposée depuis la précédente de 1975. Elle
bénéficiait d'un montant prévu de 5800 millions d'euros (2013) qui fut ajustée
à 5400 millions d'euros (2014). Un temps, il avait été espéré de porter le volume à 6700 millions
d'euros. Mais à son adoption en 2015, le montant alloué était de 5400 millions d'euros. La Marina militare demandait 10 000
millions d'euros. Ce financement exceptionnel bâti sur un ensemble de prêts
bancaires d'une durée de dix années s'ajoute au budget de la Défense italien.
Il s'agissait d'accroître le budget investissements de la Marina militare afin
de préserver l'outil industriel car la chute prévisible du tonnage à construire
aurait obligé à d'importantes restructurations. Sa justification stratégique
était transposée dans le document « Prospettive e orientamenti di
massima della Marina militare per il periodo 2015-2025 » (Perspectives
et orientations générales de la marine pour la période 2015-2025).
Le
programme Logistic Support Ship (LSS) portant le futur Vulcano
est dérivé de la classe Deepak conçue pour l’Indian Navy par
Fincantieri. Le programme italien est pris en charge début 2015 par l’OCCAR
avec la participation potentielle d’un « deuxième pays », ce qui
n’avait été nullement révélé. L’OCCAR notifiait la commande du Vulcano
aux industriels concernés le 7 mai 2015. Il est à noter qu'entre 2015 et 2018, les différentes descriptions du Vulcano
le donnaient pour 165 m et 23 000 tonnes puis 175 mètres et 24 000 tonnes et, enfin, 193 mètres et 27 200 tonnes. L'ajout d'une pièce de 76 mm d'OTA-Melara à l'avant aurait justifié un allongement du bâtiment, sans expliquer ces 4200 tonnes de prise de poids le rapprochant inexorablement d'une future coopération dont il ne sera plus séparé que par l'équivalent d'une cuve de 3000 tonnes.
Entre 2015 et 2017, le dossier a avancé à très bas
bruit et en marge des discussions entre DCNS et Fincantieri dans le cadre du
plan Magellan (2015). La ministre italienne de la Défense Roberta Pinotti vend
la mèche : la France a demandé à rejoindre le programme. Tout s’accélère
quand c’est effectivement fait le 10 avril 2017 quand la France demandait
officiellement de coopérer avec l'Italie, à travers l'agence OCCAR, au sujet de
la mise sur cale de bâtiments logistiques sur la base du Vulcano
du programme LSS. Leur construction doit prendre place à Saint-Nazaire
tandis que le capital de STX France doit être repris par Fincantieri.
Par voie de conséquence, la DGA notifie début
septembre une étude à Naval group afin d’investiguer les plans du Vulcano
pour déterminer dans quelle mesure ils peuvent répondre au besoin français. C’est
le chef d’état-major de la Marine nationale qui révèle le 11 octobre devant la
commission Défense nationale et forces armées de l’Assemblée nationale que ces
plans « conviennent à 98% aux besoins de la Marine. »
Étonnant ? Les 2% ne tiendrait que dans la
superficie allouée à l’hôpital embarqué du bord mais aussi à un déplacement à
pleine charge porté de 27 200 à 31 000 tonnes.
La Revue
stratégique de défense et de sécurité nationale 2017, publiée le 13
octobre 2017, ne paraissait pas bouleverser le programme FLOT-LOG. Les
travaux préparatoires voient l’Amiral Christophe Prazuck énoncer, dans la
perspective des travaux préparatoires à la future LPM, « quatre enjeux
principaux » dont « retrouver une flotte cohérente »
et dont le soutien à la mer ne peut pas reposer sur « nos pétroliers sont
à simple coque [qui] s'ils étaient civils, ils seraient interdits depuis
2015 ! » (projet de loi de finances pour 2018 - Audition de l'Amiral Christophe Prazuck, chef
d'état-major de la marine - commission des Affaires étrangères et des forces
armées, Sénat, 25 octobre 2017)
Mais, surprise
pour laquelle le secret avait, là aussi, été préservée : le 19 janvier
2018 durant ces vœux aux Armées le Président de la République Emmanuel
macron révélait que la cible du programme FLOT-LOG est revue à la
hausse, c’est-à-dire de 3 à 4 bâtiments. Première évolution favorable et
franche depuis le Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale
2013.
La coopération
franco-italienne progresse par une réunion ministérielle entre les deux
gouvernements le 1er février 2018. Le premier, et seul, symbole
concret de cette coopération pour constituer un « Airbus naval »,
comme déclamé à cette période, sont les « Vulcano français ». Avoir
placé le programme sous le haut patronage de l’OCCAR qui avait eu aussi la
charge du programme FREMM permet, également, de se dispenser du lancement d’un
appel d’offres, chose qui n’était manifestement plus souhaitée afin que le
chantier n’échappe pas à Saint-Nazaire. Le ministère des Armées, malgré l’étude
de 2012 confiée par la DGA à DCNS et STX, ne paraît n’avoir sérieusement
envisagé une construction à l’étranger, par exemple, jusqu’en Corée du Sud
comme pour le Royaume-Uni (Tide class) et la Norvège (KNM Maud,
dérivé des Tide).
La dernière
ligne droite du programme FLOT-LOG est désormais engagée puisque
l’entrée en phase de réalisation devait intervenir en fin de période de la LPM
(2013 – 2019) et que la décision présidentielle doit être gravée dans le marbre
budgétaire. Les contours de la nouvelle LPM apparaissent au deuxième trimestre
2018. Le chef d’état-major de la Marine déclamait le 11 avril que « cette
loi de programmation entend donc contribuer au renouveau de la Marine […] La
LPM prévoit une dotation de quatre pétroliers ravitailleurs, dont deux livrés
avant 2025, alors que la précédente LPM n'en prévoyait que trois en tout. Cette
augmentation est également qualitative, puisque ces nouveaux pétroliers seront
à double coque et ainsi en phase avec les normes internationales. » (Loi
de programmation militaire 2019-2025 - Audition de l'Amiral Christophe Prazuck, chef
d'état-major de la Marine, commission des Affaires étrangères et des forces
armées, Sénat, 11 avril 2018).
La loi n° 2018-607
du 13 juillet 2018 relative à la programmation militaire pour les années 2019 à
2025 est votée plus rapidement, très probablement car précédée par une
« revue stratégique », publiée à l’automne précédent, et non pas un
livre blanc, exercice plus long.
L’entrée en
phase de réalisation du programme FLOT-LOG est décidée à la mi-octobre
par un comité ministériel d’investissement. La commande doit intervenir l’année
suivante, conformément au projet de loi de finances 2019 – mais aussi…
« conformément » à la LPM (2013 – 2019). Ironiquement, la LPM (2019 –
2025) prévoyait avec une prudence quelque peu excessive « des pistes de
coopération en cours d'exploration pour le programme de pétrolier ravitailleur
FLOTLOG avec l'Italie. » La prudence devient un « cache-sexe »
quand il sera révélé quelques semaines plus tard que Naval group et STX ont
déposé une offre à l’OCCAR fin avril 2018 quant à la réalisation de quatre
FLOT-LOG dérivés du Vulcano.
© Giorgio Arra.
Le Vulcano fut lancé le 22 juin 2018 et il est photographié ici le lendemain de
cette étape importante du programme italien.
|
La décision
prise durant la CMI est proclamée à l’ouverture du salon EuroNaval, le 23
octobre 2018. La ministre des Armées, Mme Florence Parly, confirmait la cible
de quatre bâtiments et la livraison du premier en 2022. En marge d’une rencontre entre Florence Parly
et son homologue italienne, Elisabetta Trenta, la DGA et son équivalent
transalpin signaient un accord portant sur les futurs bâtiments logistiques de
la Marine nationale.
La publication
du Dossier d’Informations Marine 2019 permet de connaître le
choix de l’EMM quant à l’appellation opérationnelle des futurs bâtiments :
FLOT-LOG n’est plus, les Bâtiments Ravitailleurs de Forces (BRF)
sont et seront ! Leur polyvalence, mêlant capacités à acheminer et
transférer vracs liquides et solides, tout en ravitaillant plusieurs forces
navales constituées, et en assurant le soutien des unités déployées en mer
grâce à des ateliers, est ainsi soulignée.
Dès le 30
janvier 2019, l’OCCAR, certainement à partir de l’offre déposée fin avril 2018,
du ou des accords franco-italiens signés depuis et par les discussions ayant
très probablement eu lieu pour affiner les plans, notifie la commande de 4
FLOT-LOG pour 1700 millions d’euros. En septembre, au plus tard, ils reçoivent
à Saint-Nazaire comme numéro de coque C35, D35, E35 et F35. Ils doivent être
livrés, respectivement, en 2022, 2025, 2027 et 2029.
Vincent
Groizeleau révélait par un papier qu’un ultime ajustement quant à
l’architecture du programme pourrait intervenir en fonction du choix de la
propulsion du Porte-Avions de Nouvelle Génération : si le Président de la
République retenait une propulsion classique alors les BRF n°3 et BRF n°4
verraient la capacité de leurs cuves être portée de 13 000 à 16 000
m3. Le BRF n°4 paraît indispensable quelque soit le choix de la propulsion afin
de pouvoir soutenir simultanément deux forces aéronavales dont un groupe
aéronaval et un groupe amphibie ou un groupe de protection du trafic maritime.
Les parties
avant de chacun de ces bâtiments doit être fabriquée et assemblée en Italie au
chantier de Fincantieri à Castellamare di Stabia, au sud de Naples. Après bien
des tractations, le contrat portant construction des parties avants est notifié
à Fincantieri le 24 octobre. Les parties avants seront remorquées et livrées
entre 2021 et 2027 à Saint-Nazaire. Le chantier de la première devait débuter
en mai 2020.
Bonjour,
RépondreSupprimerSavez-vous quels noms de baptême vont être attribué a cette série de bâtiments logistique.
Traditionnellement les pétrolier s reçoivent des noms de fleuves et de rivières mais ils on été attribué au nouveaux BSAM
Madame, Monsieur,
SupprimerBonjour, l'Amiral Christophe Prazuck s'est exprimé hier sur Twitter pour déclarer que les bâtiments ravitailleurs de forces seront baptisés, respectivement et dans cet ordre :
- « Jacques Chevallier »,
- « Jacques Stosskopf »,
- « Émile Bertin »,
- « Gustave Zédé ».
Vincent Groizeleau (Mer et Marine) avait su trouver les bonnes informations à l'automne 2019 quand il avait présenté la même liste de noms.
Bien navicalement,
Bonjour,
RépondreSupprimerL'abri de navigation semble encore avoir évolué, de même que l'étrave, enfin, et surtout, plus aucune trace d'armement. Hésitations entre les différentes options ? Ou volonté de s'épargner des fâcheries avec les industriels ?
Cordialement,