Tentara Nasional Indonesia - Angkatan Laut : 1 à 2 frégates de classe La Fayette ?

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     La France et l'Indonésie ont tenu des discussions durant toute l'année 2020, relatives à un accord de coopération militaire entre Paris et Djakarta au sujet de plusieurs dossiers. Dans le cadre de ces discussions, l'une des demandes de la partie indonésienne portait quant à la fourniture d'une, voire deux frégates, dans la perspective d'une acquisition d'une paire de corvettes Gowind 2500. L'objet de cette partie des échanges n'était rien de moins que les frégates de la classe La Fayette non-comprises par l'actuel programme RMV (Rénovation à Mi-Vie) : les Surcouf (1997 - 2027 ?) et Guépratte (2001 - 2031 ?).

     La Marine de l'armée nationale indonésienne (Tentara Nasional Indonesia - Angkatan Laut (TNI-AL) est créée en 1945, dans la foulée de l'indépendance indonésienne. Son actuelle programmation est dictée par le plan dit Minimum Essential Force (MEF) qui a été formalisé par la directive présidentielle n°7 du président Susilo Bambang Yudhoyono (20 octobre 2004 – 20 octobre 2014), en 2008 . Son terme quant à l'atteinte des objectifs capacitaires est l'année 2024.

Mais le MEF balance entre les remaniements partiels de ses objectifs et les défis liés à la célérité de son exécution. Le plan MEF ambitionne de lancer et d'entretenir une « green water navy » de 183 bâtiments contre 274 dans le précédent plan (2005).

Ces 183 bâtiments se répartissent entre trois groupes distincts que sont la « force de frappe » (90 bâtiments), le « force de patrouille » (42 patrouilleurs) et la « force de soutien » (51 bâtiments). Sur les 90 bâtiments de la « force de frappe », 45 devraient être des frégates et corvettes contre 56 dans le plan de 2005.

La force de frappe de la Marine indonésienne est forte, en 2021, de :

7 frégates des classes :

• Martadinata
  (KRI Raden Eddy Martadinata (2017), KRI I Gusti Ngurah Rai (2018) ;
  
  
• Ahmad Yani
  (KRI Ahmad Yani (1986), KRI Yos Sudarso (1987), KRI Oswald Siahaan (1988), KRI Abdul Halim Perdanakusuma (1989), KRI Karel Satsuit Tubun (1990).

Elles ont un âge moyen de 24,57 ans et cinq des sept frégates sont hors d'âge ou en passe de l'être.

24 corvettes des classes : 

• Diponegoro
  (KRI Diponegoro (2007), KRI Sultan Hasanuddin (2007), KRI Sultan Iskandar Muda (2008), KRI Frans Kaisiepo (2009) ;
  
  
• Bung Tomo
  (KRI Bung Tomo (2014), KRI John Lie (2014), KRI Usman Harun (2014) ;
  
  
• Fatahillah
  (KRI Fatahillah (1979), KRI Malahayati (1980), KRI Nala (1980) ;
  
  
• Kapitan Pattimura
  (KRI Kapitan Pattimura (1993 (1983), KRI Untung Suropati (1993 (1983), KRI Nuku (1993 (1982), KRI Lambung Mangkurat (1994 (1985), KRI Cut Nyak Dien (1994 (1982), KRI Sultan Thaha Syaifudin (1994 (1982), KRI Sutanto (1995 (1981), KRI Sutedi Senoputra (1994 (1981), KRI Wiratno (1994 (1981), KRI Tjiptadi (1996 (1985), KRI Hasan Basri (1996 (1982), KRI Imam Bonjol (1994 (1983), KRI Teuku Umar (1996 (1983), KRI Silas Papare (1996 (1984).

Elles ont un âge moyen de 30,6 ans dont 16 sont hors d'âge.

     Dans l'absolu, ces 31 bâtiments représentent 68,8% de l'objectif afférent à la force de frappe de la TNI-AL dans le cadre du plan MEF. Avec cinq frégates et dix-huit corvettes hors d'âge, la Marine indonésienne doit composer entre une augmentation du nombre de bâtiments parallèlement à ceux devant être commandés pour atteindre l'objectif programmatique : soit 35 frégates et corvettes à commander pour atteindre l'objectif du plan en 2024.

     C'est dans cette perspective que se tiennent, depuis la visite de M. Prabowo Subianto, ministre indonésien de la Défense (23 octobre 2019) et ancien général à la réputation d'être francophile, à Paris le 13 janvier 2020, des discussions portant sur des demandes indonésiennes. Et le ministre indonésien souhait alors « aller vite », ce qui se devait se traduire par la volonté de conclure un accord avant la fin du mois de décembre 2020.

En effet, celui-ci s'oppose au Président de la République indonésienne, M. Joko Jokowi Widodo (20 octobre 2014), et qui a été réélu en 2019, afin qu'il ne puisse pas retirer tout le bénéfice politique d'une exécution réussie du plan MEF et des partenariats politiques noués au fil des programmes d’armement.

Outre les demandes indonésiennes relatives à l'avion de combat Dassault Aviation Rafale (36 à 48 machines) - où le ministre s'oppose au programme d'avion de combat de cinquième génération KAI KF-X dont la déclinaison indonésienne est l'IF-X, présenté comme étant celui du Président - et aux sous-marins de type Scorpène (deux à quatre bateaux) - où le ministre s'oppose au deuxième lot de Type 209/1400 Mod ou classe Chang Bogo, présenté comme étant celui du Président), il y a une demande pour deux corvettes Gowind 2500, sans oublier des discussions avec MBDA, circonstanciées aux munitions donc.

     L'une des demandes de la partie indonésienne est la capacité de la partie sollicitée à pouvoir céder une ou deux frégates, afin de pouvoir soutenir l'effort naval indonésien jusqu'à atteindre les objectifs du plan Minimum Essential Force d'ici à 2024. Il s'avère que les discussions ont rapidement porté sur les frégates de la classe La Fayette ; Paris ne pouvant décemment pas proposer d'autres bâtiments que celles-ci. C'est pourquoi seules les frégates Surcouf (1997 - 2027 ?) et Guépratte (2001 - 2031 ?) furent concernées.

Les discussions entamées en janvier 2020 aboutissaient à la signature d'une lettre d'intention, le 14 août à Jakarta et le 17 août à Paris entre M. Prabowo Subianto, ministre indonésien de la Défense (23 octobre 2019), et Mme Florence Parly, ministre des Armées (21 juin 2017). Après l'exposé des motifs, le point n°1 vise les dossiers pré-cités jusqu'à aborder le cas d'une ou de « frégate[s ?] de type La Fayette ».

 Le reste du paragraphe vise « le soutien pour un possible développement conjoint, des services, des installations et une rénovation à mi-vie et une modernisation, dans la perspective d'une acquisition par le ministère de la Défense de l'Indonésie. » Cela peut s'entendre comme une définition du périmètre global de l'accord de coopération militaire projeté par les deux parties, même si cela pourrait s'appliquer au seul cas des deux frégates.

La formulation peut laisser planer le doute quant au nombre de frégates dont il était, encore, alors question au milieu du mois d'août 2020. La demande initiale portait sur une seule et cela constitué un minimum, avec le souhait d'aller jusqu'à deux. Et le dossier pourrait comprendre une rénovation à mi-vie, dont le chantier, faute d'une demande indonésienne particulière, aurait pu être le site de Naval group à Toulon où passent entre 2020 et 2023 les La Fayette (1996 - 2031 ?), Courbet (1997 - 2032 ?) et Aconit (1999 - 2034 ?).

     Et il est à remarquer, par exemple, que la KRI Diponegoro (2007) recevait, dans le cadre de son chantier de réparation (2015 - 2018) consécutif à une fortune de mer, un sonar KingKlip Mk2 (Thales) en remplacement de l'UMS 4132 Kingklip (Thales) : soit le même sonar de coque devant équiper les trois frégates de classe La Fayette bénéficiant du programme RMV en France. La suite sonar pourrait être présenté comme le « liant » à la cession d'une ou deux frégates, à l'acquisition de deux corvettes Gowind 2500 et comme moyen de rationalisation avec les corvettes de classe Diponegoro (4).

Et il aurait été particulièrement remarquable qu’en cas de cession des La Fayette (1996 - 2031 ?), Courbet (1997 - 2032 ?) par la Marine nationale au profit de la TNI-AL, cette dernière serait devenue la cinquième marine du théâtre Indo-Pacifique à mettre en œuvre deux frégates du type La Fayette après l’Arabie saoudite (3), Singapour (5), Taiwan (6) et la France (3 RMV). 

     La visite de M. Prabowo Subianto à Paris, le 26 novembre 2020, constitué la demande d'une accélération du dossier jusqu'à ce que la ministre des Armées, Mme Florence Parly, soit interrogée sur le dossier Rafale le 3 décembre 2020.

L'accord de coopération militaire devant englober ces différents dossiers n'a pas été conclu mais les discussions se poursuivent sur tous les dossiers évoqués.

     Cependant, et au sujet de la cession de toute ou partie des frégates Surcouf (1997 - 2027 ?) et Guépratte (2001 - 2031 ?), il semblerait qu'il ne soit plus question de leur cas dans le cadre des discussions. Elles auront, toutefois, permis de faire avancer les discussions menées par la DGA. Leur retrait des discussions correspond peut être - simple hypothèse soulevée ici - à l'apparition des mêmes frégates dans le cadre des discussions franco-grecques sur une base renouvelée depuis les environs du mois de septembre 2020.

     La Marine nationale préférant les conserver dans le cadre de la demande formulée à l'égard du gouvernement de pouvoir réhausser la trame frégates, notamment avec trois frégates de 1er rang supplémentaires. Demande soutenue par l'actuel et précédent chef d'état-major de la Marine nationale mais aussi par le chef d'état-major des Armées.