© DCNS. |
Nous n'avons plus les moyens d'innover lourdement dans la "high technology" en ce début de XXIe siècle. Paradoxalement, nous avons une certaine capacité d'innovation dans le "low cost technology" grâce aux frégates Floréal ou au patrouilleur Adroit, notamment.
La guerre de demain, c'est peut être la capacité à entretenir une marine sur le long terme. Il n'y pas de perspective purement guerrière en vue, donc le rôle politique des Flottes prime avant tout, et pour cela il faut des navires en nombre. Cependant, une grande avancée technologique navale a, par symétrie, une grande répercussion politique à travers le monde.
Il y a plusieurs choses à dire concernant le "concept ship" de DCNS. Il faut relever que c'est un concept ship, et contrairement à l'USS Zumwalt (éventuel nouveau Dreadnought1) il ne sera pas produit, donc la France ne cherche pas ou ne conçoit pas que cette nouvelle architecture navale soit indispensable pour la marine de demain. Tout du moins... nous n'avons bien sûr pas les moyens actuellement de lancer une nouvelle frégate Gloire2 ! De l'intérêt de bien gérer ses finances sur le long terme...
Il y a plusieurs choses à dire concernant le "concept ship" de DCNS. Il faut relever que c'est un concept ship, et contrairement à l'USS Zumwalt (éventuel nouveau Dreadnought1) il ne sera pas produit, donc la France ne cherche pas ou ne conçoit pas que cette nouvelle architecture navale soit indispensable pour la marine de demain. Tout du moins... nous n'avons bien sûr pas les moyens actuellement de lancer une nouvelle frégate Gloire2 ! De l'intérêt de bien gérer ses finances sur le long terme...
Pas de capacités aéronautiques ?
L'une
des choses à relever est que la vidéo ne dévoile pas les éventuelles
capacités aéronautiques de ce navire. Ainsi, la présence d'une porte de
hangar ou d'un éventuel ascenseur n'est pas visible. Le stockage de
l'hélicoptère sur le pont affecterait grandement la furtivité d'un tel
navire mais je présume que DCNS a peut être oublié de montrer la manière
dont est stocké la voilure tournante (avec ou sans pilote3) sur ce navire.
Malheureusement,
cet oubli est bien dommageable car l'intérêt de la vidéo est de frapper
les esprits. Le Zumwalt aura des capacités aéronautiques, une étude de
BAE Systems sur un navire de ce genre (au-dessus) avait même présenter
la (ré)introduction de deux pistes obliques. Alors, on pense bien sûr au
projet de transformation des Iowa en "cuirassé porte-aéronefs"
(ci-dessous), chose qui a pu inspirer BAE Systems.
Cependant, ces idées anglo-saxonnes fonctionneraient bien mieux si le successeur de l'Harrier ne serait pas en sursis. Pire, le fait qu'il existe un unique successeur tend plutôt à démontrer que le concept n'est pas si viable que l'on a bien voulu nous le faire croire jusqu'au PH754.
Cependant, ces idées anglo-saxonnes fonctionneraient bien mieux si le successeur de l'Harrier ne serait pas en sursis. Pire, le fait qu'il existe un unique successeur tend plutôt à démontrer que le concept n'est pas si viable que l'on a bien voulu nous le faire croire jusqu'au PH754.
De retour en France, on s'étonnera que DCNS avec son Advansea6
présente même un double plate-forme pour la mise en oeuvre de moyens
aériens, on s'étonne que le Swordship fut aussi démuni. A moins que
l'Advansea soit le Swordship revu et corrigé.
Des capacités classiques
Les
drones et le système de mise à l'eau rapide d'embarcations légères sont
déjà des besoins acutels pour le remplacement des défuntes FREMM AVT,
des Lafayette, des Floréal et des P400.
Retour de la chapelle du canon !
Le
grand retour de l'artillerie de marine ! La chose est à signalée,
l'artillerie pourrait reprendre une place de choix si les futurs
systèmes à longue portée (rail gun6
& cie) permettent de tirer des munitions bien moins chères que
l'équivalent en missiles. Il faut dire que ce retour ne semble concerner
que pour l'instant l'action vers la terre (AVT).
La lutte anti-navale semble rester l'apanage (en partie) du missile.
Amiral Darrieus et la furtivité
Le
vaisseau promet d'avoir une intégration très poussé des senseurs et
effecteurs afin de laisser une surface équivalente radar (SER) très
limité aux senseurs ennemis.
Ce développement architectural est l'aboutissement de la réflexion d'un homme comme l'amiral Darrieus (début XXe siècle). Il observait que depuis toujours, la portée des armes ne cessait de s'allonger. Dans les combats navals, ce qui permettait "d'accrocher" le navire ennemi c'était sa silhouette à l'horizon. Hors, l'amiral Darrieus se plaignait donc que les cuirassés français avaient une silhouette d'une grande complexité qui permettait l'accrochage visuel pour les marins adverses. Il souhaitait donc que les navires aient une silhouette avec des superstructures très épurés.
Le raisonnement n'est pas obsolète aujourd'hui puisque la silhouette d'un navire ne doit plus être accrochée par les yeux humains mais par les ondes d'un radar. Il faut donc que l'architecture du navire soit la plus "sobre" possible afin d'être "furtive" face aux radars adverses.
Le problème de ces architectures à l'heure actuelle c'est qu'elle semble très coûteuse. Les frégates Lafayette et FREMM, la corvette Visby sont des exemples de navires furtifs respectant la réflexion de Darrieus à un coût modéré.
Le projet de destroyer Zumwalt de l'US Navy semble constituer l'évolution suivante. Il a vu ses coûts explosés, on parle désormais de 3 milliards de dollars pièce... au moins ! Pourtant, c'est le navire en cours de construction qui se rapproche le plus du projet de DCNS.
La nouvelle frégate Gloire
Ce développement architectural est l'aboutissement de la réflexion d'un homme comme l'amiral Darrieus (début XXe siècle). Il observait que depuis toujours, la portée des armes ne cessait de s'allonger. Dans les combats navals, ce qui permettait "d'accrocher" le navire ennemi c'était sa silhouette à l'horizon. Hors, l'amiral Darrieus se plaignait donc que les cuirassés français avaient une silhouette d'une grande complexité qui permettait l'accrochage visuel pour les marins adverses. Il souhaitait donc que les navires aient une silhouette avec des superstructures très épurés.
Le raisonnement n'est pas obsolète aujourd'hui puisque la silhouette d'un navire ne doit plus être accrochée par les yeux humains mais par les ondes d'un radar. Il faut donc que l'architecture du navire soit la plus "sobre" possible afin d'être "furtive" face aux radars adverses.
Le problème de ces architectures à l'heure actuelle c'est qu'elle semble très coûteuse. Les frégates Lafayette et FREMM, la corvette Visby sont des exemples de navires furtifs respectant la réflexion de Darrieus à un coût modéré.
Le projet de destroyer Zumwalt de l'US Navy semble constituer l'évolution suivante. Il a vu ses coûts explosés, on parle désormais de 3 milliards de dollars pièce... au moins ! Pourtant, c'est le navire en cours de construction qui se rapproche le plus du projet de DCNS.
La nouvelle frégate Gloire
Il
est peut être bon goût de terminer un billet en raccrochant au propos
introductif. Je disais alors que la France n'avait peut être plus les
moyens de lancer son Dreadnought à elle, la frégate Gloire qui avait
alors provoqué une "navy scare" en Angleterre.
En
réalité, nos capacités d'innovations pour diminuer les coûts nous
permettraient de le faire, et même de battre les américains ! L'une des
premières qualités du Zumwalt, c'est son architecture peu orthodoxe qui
frappe les esprits, et bien au-delà du monde maritime. Le Dreadnought
était une avancée technique, ce n'était pas une "révolution" dans la
construction des navires militaires.
Hors,
ce qui est peut être recherché c'est l'effet politique. La politique
n'est pas le synonyme de la vérité, ni de la performance. On peut lancer
un navire ressemblant au destroyer Zumwalt. L'effet politique sera
produit. Il n'est pas obligatoire de chercher à atteindre les capacités
du navire étasunien. La chose est même salvatrice ! Il n'est pas dit que
le système d'armes du Zumwalt soit une réponse adapté au contexte
actuel. Par contre, il est tout à fait possible d'avoir son apparence
tout en équipant la création concurrente en fonction de nos besoins
réels. Il serait même plus prudent et moins coûteux de prévoir des
réserves d'espace afin d'équiper autrement le navire plutôt que de
rentrer en compétition avec le destroyer.
La France pourrait atteindre l'effet politique du Zumwalt à double titre :
La France pourrait atteindre l'effet politique du Zumwalt à double titre :
- en lançant un équivalent "low cost",
- et en "lançant" une grande série !
Un
concept qui en chasse un autre. Il manque le carénage de la pièce
d'artillerie, et si c'était possible, une plus grande intégration des
senseurs à un coût strictement raisonnable.
La nouvelle frégate Gloire.
La nouvelle frégate Gloire.
1 "Destroyer Zumwalt : futur Dreadnought de la construction navale militaire ?", le Fauteuil de Colbert, 24 janvier 2011.
2 "La Gloire", Musée national de la Marine (Paris).
3 "Le drone Camcopter S-100 démontre ses capacités maritimes à bord d'une frégate française dans la Méditerranée", Schiebel Elektronische Geraete Gmbh, 27 octobre 2008.
4 "Le problème du porte-avions", Hervé Coutau-Bégarie, édition Economica dans la collection "Stratégies et Technologies", 1990, pages 135-141.
5 "DCNS mise sur le navire tout électrique", Mer et Marine, 28 octobre 2010.
6 "Accélération des tests de l'obus à longue portée de l'US Navy", Mer et Marine, 12 août 2005.
7 "DCNS propose des navires à étrave inversée", Mer et Marine, 10 mai 2010.
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