Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





03 juin 2015

1962 - 2015 : Les standardisations avortées de la flotte de surface

La Frégate Multi-Missions avant l'abandon de la mâture unique (12 septembre 2005).

Prenons le modèle d'une flotte de surface structurée autour de frégates polyvalentes, sorte de croiseurs modernes. Plus qu'un complément à un billet précédent sur les trois grands programmes de vaisseaux, nous vous proposer de regarder comment la flotte de surface de la Marine nationale aurait pu être profondément différente depuis 1962. Ce qui illustre les lourds impacts sur le plan naval (la flotte programmée) et les dépenses liées à la défense nationale sur deux ou trois décennies.

Classes Suffren et Tourville : 1962-1998

Ces programmes ambitionnaient dans les projections navales de l'époque de remplacer toute ou partie des escorteurs par six frégates lance-engins et dix-huit frégates anti-sous-marine F67. 

Ces 24 grandes frégates auraient remplacé les escorteurs d'escadres et poser la question de l'utilisation des croiseurs Colbert et De Grasse puisque les groupes navals auraient eu bien assez de conducteurs de flottilles et d'escorteurs capables de suivre les porte-avions. 

Avec une frégate mise sur cale tous les ans, le renouvellement aurait pu s'étaler sur 24 années. La chaîne aurait tourné presque sans discontinuer puisque le temps qu'entre en service le dernier navire de ces deux classes, il était temps de réfléchir à la classe suivante à l'orée de l'année 1998. C'est-à-dire qu'une seule classe de frégate aurait pu couvrir le dernier tiers du XXe siècle.

Classe Georges Leygues : 1979-1997

Plan précédent abandonné, pourquoi ne pas lancer toutes les forces dans les classes Georges Leygues et Cassard ? Ces 12 et 6 frégates auraient pu s'ajouter aux 2 Suffren et 3 Tourville, sans compter, pourquoi pas, le CLM Colbert

Avec une première unité sur cale en 1979, suivie d'une frégate à construire chaque année, la quille de la dernière aurait été posée en 1997 et la première unité dépassait à peine la moitié de sa vie active. Le remplacement d'autres navires (dont ceux cités dans le paragraphe précédent) aurait pu être ajouté à la série. 

Frégates Multi-Missions : 2002-2012

L'état-major de la Marine, s'appuyant sur le succès industriel qu'est la classe La Fayette (la première unité construite en 18 mois, la troisième en 6, contre 30 dans les précédents programmes), lance le programme des Frégates Multi-Missions (FMM). 

La France ne renouvelle pas l'expérience de coopération binationale avec l'Italie dans la mesure où un rapport de la Cour des comptes prononce le peu d'intérêts financiers à de telles coopérations avec l'architecture industrielle du programme Horizon, partie flotteurs. 

Pour atteindre les 26 frégates de Marine 2015, pour compléter les 4 Horizon et les 5 La Fayette, le programme FMM repose sur 17 unités. A raison de 1,5 à 2 navires mis sur cale chaque année à partir de l'année 2002, la dernière aurait été mise à l'eau vers 2012.

Classe Forbin : 2004-2015
  
L'hypothèse suivante voit le programme Horizon servir de base de réflexions à un état-major de la Marine dont les références ne sont plus le programme La Fayette mais les intentions d'autres marines européennes ou asiatiques qui visent des frégates de plus de 6000 tonnes portant un armement lourd et dotées d'une grande autonomie. L'ensemble tirant plus vers le destroyer Arleigh Burke

Plutôt que de relancer une nouvelle classe de navires puisque Rome réfléchit à utiliser les travaux  des Horizon pour des frégates moins lourdes de 1000 tonnes, Paris fait le choix de ne pas réinventer le "même navire" en 2003. 

Pour atteindre Marine 2015, le gouvernement commande en plus des quatre premières, huit frégates Horizon supplémentaires dotées d'un sonar remorqué. Deux tranches prévisionnelles de trois unités chacune sont à raffermir en fonction de l'efficacité financière du plan de charge industriel et des besoins de la Marine en escorteurs océaniques avec des unités d'un tel volume.

A raison d'une cadence de production annuelle d'une frégate, la douzième unité aurait été lancé en 2015.

Classe Aquitaine : 2007 - 2022


Finalement, en 2005, le programme FMM devient bien FREMM en coopération avec Rome. Après l'abandon des Horizon 3 et 4, les FREDA, version de défense aérienne, ne se substituent pas mais se rajoutent aux 17 unités envisagées.

Selon une cadence mythique d'un navire lancé tous les 7 à 9 mois, la dernière frégate aurait touché l'eau entre 2017 et 2019. Il est alors décidé, vis-à-vis de la proximité avec le début de retrait de service des La Fayette et pour ne pas engager la moindre dépense de modernisation, de vendre les frégates légères furtives et de les remplacer par des FREMM, à l'instar des avisos.

De 2007 à 2022 au plus tard, 24 FREMM auraient été construites.


1962 - 2015 : 3,33 frégates/classe

Le système naval pratiqué par la France depuis 1962 est relativement coûteux puisqu'il y a eu 30 frégates de premier rang construites en 9 classes différentes : 3,33 navires/classe. 

Suivant le respect d'un grand programme de vaisseaux, la Marine n'aurait pu recevoir qu'une classe de frégates par tiers de siècle.

Et encore, il est envisageable qu'une frégate puisse devenir un type se décomposant en sous-classes dont chacune d'elles est une amélioration continue de la précédente sans rupture dans l'architecture au point de dire que c'est un navire nouveau. La furtivité, en tant que rupture fondamentale, aurait-elle eu raison d'un flotteur entier ou de ses seules superstructures ?

C'était peu ou prou le système qui régnait avant 1945 ou qui régit toujours les Arleigh Burke (72e ou 77e unité commandée ?). 

Ce qui pose des difficultés industrielles pour maintenir les compétences, tant des bureaux d'études que des ateliers de fabrications puisque, quand nous prenons l'exemple des La Fayette et des programmes qui se sont inspirés de ses cadences, le lancement d'une flotte de surface ne nécessite même plus trente années mais seulement quinze ! 

Ce qui souligne, hier comme aujourd'hui, le difficile dimensionnement de l'outil industriel. Avant-hier, il y avait une grosse demi-douzaine de chantiers capables d'assembler et lancer un cuirassé en France en trois à cinq années. Hier, il y avait deux chantiers pour construire des frégates, à Brest et Lorient en trente mois. Aujourd'hui, il ne reste plus que trois chantiers, l'un pour les frégates, Lorient, l'un pour les sous-marins, Cherbourg et le dernier, les Chantiers de l'Atlantique, pour les grandes unités ponctuelles. Le format de la flotte française peut-il encore soutenir trois chantiers spécialisés ?

2 commentaires:

  1. La question du nombre de chantier est encore plus marquante si on intègre le fait que la tendance est à des durée de vie prolongée pour les navire. Si la durée de vie passe à 40 ans et la durée de construction à 1 an (soyons raisonnables avec les prototypes), un seul chantier aboutit donc à une flotte de 40 navires pour entretenir sa charge. Même en intégrant une modernisation à mi-vie d'un an, on obtient une flotte de 20 navires plus grande que celle visée de 15 navires. On comprend donc mieux l'obsession des ventes export car seul lui peut faire la différence pour maintenir une charge optimisant l'utilisation des ressources navales.

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  2. Excellente remarque ! Vous avez terriblement raison.

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