Il avait fallu sept jours au Sous-marin Nucléaire Lanceur d'Engins (SNLE) Le Terrible en 2008 afin de quitter la nef de construction Laubeuf pour rejoindre le Dispositif de Mise à l'Eau (DME). Le Suffren aura marché pendant, environ, deux jours à la vitesse de 30 mètres par heure. Il est positionné sur le DME depuis vendredi 5 juillet. Le Suffren a quitté le ventre maternel que pour aller subir tous les essais du constructeur et de la Marine nationale en vue d'être admis au service actif.
Le calendrier du programme Barracuda a continuellement glissé depuis la Loi de Programmation Militaire (LPM) 2003 - 2008 quand a été rédigé le Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale 2008. L'ambition portait alors sur une livraison du Suffren dès 2012, ce qui aurait permis de remplacer les Rubis après, environ, 25 années de service : ce pour quoi il avait été conçu.
Mais le nouveau livre blanc décale cette première livraison à 2016. Et faute d'avoir pu assurer la jonction la plus courte possible avec la fin de l'industrialisation du programme SNLE-NG avec le lancement du SNLE Le Terrible (21 mars 2008), ce décalage a probablement quelques responsabilités dans le retard de trois années enregistré par le chantier du Suffren vis-à-vis des compétences perdues sur certains métiers clefs autour de la chaufferie nucléaire.
Lancé en 2019 et non pas en 2016, le Suffren est à l'heure actuelle en route vers le dispositif de mise à l'eau grâce aux "marcheurs" qui le déplace de plusieurs centimètres par heure. Cette marche pour quitter le ventre qui l'a enfanté signifie aussi que le nouveau SNA entamera dans quelques semaines ses essais à la mer.
Le 12 juillet 2019, à deux jours de la fête nationale, le Président de la République, M. Emmanuel Macron, accompagné par la ministre des Armées, Mme Florence Parly, lancera officiellement le Suffren par un "geste inaugural symbolique" peut être moins traditionnel et impressionnant que le général de Gaulle appuyant sur la commande permettant de libérer la coque du SNLE Le Redoutable de ses cales pour la voir glisser vers son élément.
Dans les semaines suivantes le Suffren positionné sur l'ascenseur à sous-marins de la zone Cachin situé en face de la nef Laubeuf sera mis à l'eau. La zone Cachin comprend le Dispositif de Mise à l''Eau (DME) mais permet aussi d'achever les ultimes travaux d'achèvement du sous-marin ainsi positionné. C'est au mois d'août que sera donc mis à l'eau le Suffren et que débuteront les essais à quai du premier SNA du programme Barracuda.
Le chargement en combustible du Suffren interviendra au mois de septembre 2019 au sein de l'Installation Nucléaire de Base Secrète (INBS) Cachin. Un atelier mobile d'intervention assurera grâce à ses moyens de manutention le chargement du réacteur nucléaire du Suffren en barres à combustible.
La première divergence du réacteur nucléaire interviendra au mois de novembre 2019 après un ensemble de tests à quai après une montée en puissance progressive du module chaufferie nucléaire du sous-marin.
Les essais à la mer débuteront dès le premier trimestre de l'année 2020 depuis trois zones différentes :
En premier lieu, le Suffren naviguera devant Cherbourg après avoir suivi tous ses essais à quai pendant les troisième et quatrième trimestres 2019. Il naviguera probablement grâce à sa chaufferie nucléaire bien que les essais du groupe diesel générateur qui participe à la sûreté nucléaire du bateau. Le sous-marin ne plongera pas car ce n'est ni prévu pour ces premiers essais et la profondeur disponible ne le permet pas.
En deuxième lieu, et toujours au premier trimestre de l'année 2020, le Suffren se rendra à Brest afin de tester la plateforme par elle-même avec des essais pour toutes les installations du bord, hors système de combat. Il s'agira donc de valider le domaine d'emploi du sous-marin par des essais en plongée. Tout ce qui participera à la sécurité-plongée du SNA sera essayé à cette occasion. Les nouvelles infrastructures dédiées aux Suffren devraient probablement être essayées lors de ce passage en Bretagne pour les essais à la mer.
En troisième lieu, le Suffren se rendra par la suite à Toulon un peu avant l'été 2020. Le système de combat et les télécommunications seront essayés dès les quais de la base navale, probablement dans la darse des sous-marins où sont basés et soutenus les Rubis.
Les essais à la mer continueront donc depuis la base navale de Toulon afin de valider les capacités opérationnelles de la tête-de-série de la classe Suffren. La réception contractuelle interviendra à l'été 2020. Les essais technico-opérationnels du Suffren le conduiront à valider une à une chacune de ces capacités afin d'atteindre toutes les caractéristiques militaires demandées par la Marine au nouveau SNA dans le cadre du programme Barracuda.
Il n'est pas dit quand interviendront le premier tir opérationnel du Missile de Croisière Naval (MdCN) depuis un SNA de la classe Suffren et si cela concernera le premier de la série. De même pour la torpille lourde F21. Et même interrogation à l'endroit du Dry Dock Shelter (DDS) et du Propulseur Sous-marin de 3ième Génération (PSM3G). Par contre, le Suffren entrera en service avec sa dotation de MdCN.
C'est à un moment indéterminé (2020, 2021 ?) que le chef d'état-major de la Marine, l'Amiral Christophe Prazuck, prononcera l'admission au service
actif du bateau quand il jugera que les capacités militaires sont atteintes et que le Suffren est bon pour le servie.
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