© Inconnu.
Aujourd'hui, il est proposé de se pencher sur deux
notions et de les rapprocher. La première des deux est la piraterie qui
est un terme très (trop ?) usité. La seconde est le
terrorisme qui est appliquée elle aussi à une très grande diversité
de cas.
Premièrement, nous avons donc la piraterie. Il y a
quelques jours, nous comparions les définitions de corsaires, forbans et
de pirates données par le Dictionnaire de la marine à
voile du capitaine de vaisseau Bonnefoux. L'un est mandaté par son
gouvernement, mon second ne s'attaque qu'aux navires étrangers à son
pavillon et le dernier tout ce qui passe à sa
portée.
Les phénomènes actuels de piraterie nous montrent
qu'ils recouvrent plusieurs cas. Du brigandage maritime côtier dans le
détroit de Malacca au détournement de pétrolier au large
de la Somalie, nous n'observons pas exactement la même chose. Bien
qu'un pétrolier vietnamien aurait été récemment détourné en Asie du
Sud-Est.
Quoi de commun entre les populations autochtones
autour du détroit de Malacca qui rançonnent les équipages des navires du
commerce mondial et les pirates somaliens ? L'un
rançonne, l'autre prend en otage et détourne les navires.
Mais sont-ils proches en réalité ? Dans les deux
cas, les "pirates" se servent sur les flux maritimes : les grandes
routes maritimes. Ils opèrent à proximité d'une concentration
de ce commerce mondial : les détroits de Bab El-Mandeb et de Malacca
dans les deux cas d'espèce.
La piraterie, aujourd'hui, pourrait-on dire, est la tentative de s'enrichir sur un flux de richesses au détriment d'autrui.
La piraterie, aujourd'hui, pourrait-on dire, est la tentative de s'enrichir sur un flux de richesses au détriment d'autrui.
Remarquons une différence : les pirates ou brigands
du détroit de Malacca vivent dans des Etats non-déclarés faillis,
contrairement à la Somalie. Abordons la question du
terrorisme. Ce mode opératoire est régulièrement décrit comme l'arme
du faible. Il s'agit de tester la volonté de l'adversaire, la
résilience de sa population à des attaques ciblées et peu
coûteuses en moyen. Ce qui est tout sauf une définition officielle.
A la remarque près, donc, que nous voyons des
terroristes partout. Les armées occidentales ne font plus la guerre mais
interviennent contre des terroristes. Elles font la guerre
à la terreur par contre. Et dans certains Etats, les mouvements de
contestations sont même qualifiés de "terroristes. L'apogée a peut être
était atteint en Ukraine : des opérations
anti-terroristes sont menées de tous les côtés.
Nous pourrions dire que le terrorisme est
l'introduction de la terreur dans un territoire considéré. Son action,
si elle a un versant destructeur, amène aussi le chaos.
Justement, chaos est un mot très intéressant car il recèle cette
action de désorganisation. Non pas qu'il faille tout raser pour tout
reconstruire. Il faut destructurer pour remodeler. Dans cette
optique, la guerre civile syrienne a déconstruit le maillage
étatique syrien. La place dégagée permet à de nouvelles structures
d'émerger. Structures qui profitent du chaos irakien pour occuper
le vide : la nature a horreur du vide.
In fine, nous glissons vers des notions assez
deleuziennes. Pour ce philosophe français, les espaces sont
originellement lisses. C'est l'action de la "machine de guerre" pour
Deleuze (comprendre plutôt quelque chose comme la construction
étatique) qui strie ces espaces. Ce que je n'ai pas trouvé dans les
concepts de ce philosophe (ou au risque de ne pas comprendre, en
fait), c'est une action inverse à celle de la machine de guerre.
Quel rapport entre nos mouvements terroristes et
nos pirates ? Ce sont peut être les flux. Si l'espace lisse devient
strié, ce ne serait pas uniquement par la création de
structures (étatiques, économiques et commerciales). Ce serait aussi
la capacité d'un ou de plusieurs acteurs de modeler les flux d'un
territoire. Les pirates se nourrissent des flux passant à
leur portée pour enrichir leur patrimoine. Les terroristes
désorganisent les flux pour les modeler à leur projet.
Les vikings (encore eux) ont peut être été
l'incarnation de ce rapprochement entre la piraterie et le terrorisme.
Ils sont allés dans toute l'Europe du Nord (jusqu'en mer Noire)
piller les richesses. Les flux de richesses n'étaient pas maritimes
mais bien terrestres. Et cette action de piraterie s'est accompagnée de
la terreur répandue par le mode opératoire du pirate.
Terreur qui a désorganisé des territoires au point que les vikings
ont cherché à s'implanter un peu partant en Europe.
L'un capte la richesse, l'autre sème le chaos pour reconstruire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire