© Verhaaren Naval Architect, le CSword 90 de CMN. |
Dans la suite des quelques billets publiés dans l'esprit de renforcer la puissance navale nationale, nous ne pouvons que continuer (puisque vous semblez approuver la démarche). Continuons de nous amuser à secouer les fondations de l'édifice.
Nous évoquions la question de l'arsenal comme outil de soutien de la Flotte précédemment et d'une possible nouvelle densité de puissance. Dans ce cadre, l'arsenal est aussi associé à une capacité de production de navires. Si allier une base navale à un chantier de construction navale n'est pas un choix unique et respecté dans le monde (par exemple aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou en Chine), c'est en tous les cas celui de la France.
Aujourd'hui, l'édifice s'est un peu éloigné de ce
choix initial : Brest ne construit plus mais garde de grandes capacités
d'entretien et de refontes, Toulon a perdu toutes
capacités de construction, Cherbourg est toujours adossé à un
chantier de sous-marins et Rochefort a récemment produit une frégate en
bois. Enfin, Marseilles a vraiment cessé de mettre à l'eau
des galères.
Avec un peu plus de sérieux, l'histoire de la
construction navale française - et rien de ce qui suivra ici ne
ressemblera de près ou de loin à un résumé -, depuis la première
Guerre de Cent ans à aujourd'hui, a toujours suivi un même schéma
directeur. La puissance navale française a précédé la puissance maritime
dans ce sens où c'est l'Etat qui a violenté la France
pour la projeter sur mer. La marine de guerre semble plus élaborée
que ce que le commerce maritime tricolore peut faire, par rapport à ses
rivaux européens.
Par rapport au sujet du jour, cela nous amène au constat que depuis le XIIIe siècle jusqu'au XXIe siècle, c'est encore et toujours l'Etat qui entreprend la construction des arsenaux, les alimente ou les laisse péricliter. Les chantiers civils, quand ils existent, peinent à profiter d'un commerce maritime français historiquement plus faible que ses rivaux. Mieux encore, ils sont plus ou moins exclu des commandes militaires nationales selon les périodes.
Aujourd'hui, la Marine nationale est encore et toujours en relation avec son fournisseur historique (depuis le XVIe siècle).
Néanmoins, la relation de couple est assez
déplaisante au regard des effets produits. Durant le XXe siècle, les
arsenaux ont eu à rattrapper un manque d'efficacité qui faisait
que quand Londres lançait en une année le Dreadnought pour 30
millions de livres, la France lançait des cuirassés pré-Dreadnought
(donc obsolète) pour 45 millions de livres. Dès lors, il s'est
entamé un mouvement après la Grande guerre pour redresser la
situation.
Quand est-ce que l'outil industriel est devenu plus
efficace que celui des Anglais et des Américains ? Grande question, la
réponse importera peu aujourd'hui. Néanmoins,
soulignons que la production des frégates La Fayette serait à même
de constituer une étape majeure : des navires de rupture (sans trop
grossir le trait) qui ont vu le temps de construction d'une
frégate ramené à 6 mois contre une grosse quinzaine pour les classes
précédentes.
Donc, l'outil de production naval national réussi
le tour de force de se réformer suffisamment pour revenur au premier
plan dans le monde, et peut être même devant bien des
concurrents.
Néanmoins, il y aurait une nouvelle fois des marges
d'efficacité à gagner. Quand sous la pression de nombreux facteurs,
l'ouverture à la concurrence est lancée dans le MCO
(Maintien en Condition Opérationnelle) des navires, il est observé
que la compétition est bénéfique pour les finances de la Marine.
Ainsi, il réapparaît que le tête à tête avec un
outil industriel fonctionnant en circuit fermé (à l'exemple de
l'industrie de Défense américaine qui s'ouvre sur l'extérieur par
la force) n'est jamais bon sur le long terme. Mais comment mettre en
concurrence la DCNS dans un contexte de baisse des budgets... et
d'absence de concurrence ?
C'est un peu le drame du XXe siècle. Face à
l'incapacité des arsenaux à satisfaire rapidement la demande, l'Etat
ouvre les marchés aux industriels privés. Trop petits, ils
peinent à satisfaire la demande dans l'entre-deux-guerres (schéma
historique simplifiée à l'extrême, encore une fois). Dans l'après
seconde guerre mondiale, dans un contexte de concentration et
de baisse marquée des annuités navales dès la constitution de la
FOST, les industriels privés de la navale militaire ferment ou se
concentrent. Certains demeurent sur des marchés de niches, un
seul a réussi à se maintenir sur des navires d'un tonnage assez
important : les Constructions Mécaniques de Normandie.
L'histoire navale du XXe siècle, la situation des
chantiers européens et américains, l'ouverture à la concurrence dans le
MCO nous conduit à la question suivante : faut-il mettre
en concurrence la DCNS ? Si cela a été bénéfique une première fois,
pourquoi pas une seconde ?
Il s'ouvre un boulevard pour faire entraîner les CMN dans la course face à DCNS : les FTI (Frégates de Taille Intermédiaire). Les La Fayette - ironiquement ? - sont à remplacer ainsi que les FS (Frégates de Surveillance). 11 unités selon la Marine nationale (combien selon Bercy ?). L'avenir des deux programmes dépendra de où le gouvernement placera le curseur entre protection des ZEE et besoins de la Marine de guerre.
Il s'ouvre un boulevard pour faire entraîner les CMN dans la course face à DCNS : les FTI (Frégates de Taille Intermédiaire). Les La Fayette - ironiquement ? - sont à remplacer ainsi que les FS (Frégates de Surveillance). 11 unités selon la Marine nationale (combien selon Bercy ?). L'avenir des deux programmes dépendra de où le gouvernement placera le curseur entre protection des ZEE et besoins de la Marine de guerre.
Mettre en concurrence la DCNS et CMN sur ces deux
marchés, c'est jouer l'offre la mieux disante, tant sur la qualité des
navires que sur la meilleure offre financière. Très
certainement, cela va violenter DCNS et inviter l'entreprise à
s'adapter... si elle perdait ce ou ces deux marchés. Dans le cas
contraire, elle aura été testée et donc elle est performante. Mais
dans le premier cas, elle en aurait bien besoin et ce serait
stratégiquement bon pour la France d'user de son budget naval au mieux.
Entre parenthèses, ce retour à la compétition
pourrait révéler - ou pas - le besoin de restructurer l'outil
industriel. Il n'est pas paradoxal de faire intervenir CMN puisque
cette entreprise vit de l'export presque exclusivement. Par contre,
est-ce que DCNS peut encore soutenir autant de chantiers : c'est une
autre question.
Qu'avons-nous à perdre ? CMN vit de l'export. DCNS,
si elle perdait, ne serait que plus combattive pour tenter de raffler
le marché saoudien de six grandes frégates (de quoi
réajuster le bilan financier du programme FREMM). L'outil industriel
français serait à nouveau sur la trajectoire de l'excellence avec une
dynamique interne forte. Devons-nous craindre
d'éparpiller la navale européenne ? A priori, rien n'interdirait aux
deux entreprises de s'associer avec deux industriels européens.
Pour toutes ces considérations, et en imaginant que l'Etat place le curseur sur le besoin d'une Marine de guerre forte, il serait peut être bénéfique que pour le remplacement des FLF et des FS que DCNS et CMN se retrouvent en compétition : Gowind Combat et 2500 contre C Sword 90.
Pour toutes ces considérations, et en imaginant que l'Etat place le curseur sur le besoin d'une Marine de guerre forte, il serait peut être bénéfique que pour le remplacement des FLF et des FS que DCNS et CMN se retrouvent en compétition : Gowind Combat et 2500 contre C Sword 90.
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