Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





19 octobre 2014

Renforcer la puissance navale française ? La nouvelle densité de l'arsenal


© Inconnu.
De manière assez surprenante, s'il y a bien une facette de la stratégie qui ne passionne pas souvent, c'est bien la logistique et le soutien (s'il est possible de les réunir en une seule facette, ce qui est une autre question). Appliquée à la Mer, cette remarque ne peut que se concrétiser. Depuis quand n'avons-nous pas remis en cause l'organisation d'une base navale, d'un arsenal ? Peut être l'avons-nous déjà et l'auteur de ces lignes s'en excuse par avance de ne pas avoir remarqué plus tôt une telle réflexion.

Faisons un très rapide tour de l'histoire des berceaux des marines, en trois temps.

 

Premièrement, plaçons-nous du temps de la "première guerre de Cent ans" (1159-1259) jusqu'à l'apparition des vaisseaux, des nefs avec des bouches à feu se présentant par des rangées de bordées (ce qui nous amène aux alentour des XVe/XVIe siècle). Nous avions une organisation de l'asenal avec un bassin gardé par un passage, relativement étroit en général. Les navires étant souvent légers, ils peuvent très souvent être hissés à terre. Ce qui fait qu'ils ne semblent pas nécessiter de cales sèches. Simplement, ils peuvent être mis au sec. Surtout, ils peuvent être conservés dans des abris (quatre piliers, un toit pour simplifier).
A l'heure où les marines ne sont pas encore permanentes, nous avons là une forte densité de puissance avec un coût modique en infrastructures.

 

Deuxièmement, nous arrivons à une autre période qui est dominée par le vaisseau de la ligne de bataille, du XVIe siècle jusqu'au XXe siècle. Les bateaux se font plus fort en tonneaux (avant que nous ne parlions de tonnage). Au fur et à mesure de leur développement jusqu'au cuirassé, ils nécessitent des infrastructures plus lourdes. Notamment des cales sèches et de grands magasins car les cathédrales de voiles puis les cuirassés sont très, très gourmands en "munitions de Marine".

Nous avons donc un développement des arsenaux où leur puissance ne se fait plus sur une superficie aussi réduite que dans le premier temps. Au contraire, la puissance est au pro rata de l'étalement horizontal des arsenaux. Le nombre de navires produit et soutenu est facteur du nombre de cales sèches.
Et C'est aussi une contrainte verticale puisque les ports qui ne peuvent pas suivre le tirant d'eau des navires qui ne cessent de grandir sont éliminés de la course à la puissance.

 

Le troisième et dernier temps proposé démarre au cours du XXe siècle, semble-t-il. Nous pouvons observer une nouvelle évolution fondamentale dans l'organisation de nos arsenaux. L'instrument de cette révolution, c'est l'ascenceur à bateau (tant dans les ports maritimes que dans les canaux). Sont-ce les Coréens, les Belges - ou qui vous voulez - qui les premiers usèrent de cette infrastrucutre ? : peu importe ! Ce qui nous intéresse ce jour, c'est que l'ascenceur à bateau permet au navire de réinvestir la terre ferme.
Il permet la transition entre les deux éléments et n'exigent plus des décennies, ou des siècles, pour qu'un arsenal monte en puissance (construire une cale sèche, l'adapter et l'entretenir représente un coût monstrueux). La terre accueille presque autant de bateaux que nécessaire. Tel des bambins, les navires sont promenés sur la terre ferme dans des berceaux mobiles, vers un hangar ou des zones de construction.

N'oublions pas sa déclinaison maritime qui est le dock flottant même si le principe n'est pas tout à fait le même.

 

De facto, l'organisation de l'arsenal n'est plus, fatalement, la même : la densité de puissance augmente puisqu'elle se réduit à une superficie nettement moindre. La capacité à traiter l'entretien de la flotte devient facteur de la capacité à mettre à terre des bateaux. Ce qui nous ramène au premier cycle de la puissance navale.

 

Allons plus loin et avançons que l'ascenceur à bateau permet de retrouver une certaine mobilité. C'est-à-dire qu'à l'instar du dock flottant (et de ses possibles évolutions dans le futur), l'ascenceur à bateu pourrait devenir l'élément central dans une nouvelle capacité à projeter une base navale temporaire. Pourquoi pas ? La mobilité des outils de travail est dans l'air du temps.


Le passage d'un modèle à l'autre n'est pas indolore : il nécessite de nouvelles infrastructures. Il nécessite tout autant de repenser l'arsenal avec l'ascenceur à bateau. Par exemple, les magasins doivent être repensés par rapport à des navires pouvant (de nouveau) être tirés dans des hangars. Nichés à l'abri de l'environnement, le travail mené sur les bateaux peut être mené sans discontinuer et sans les contraintes d'un navire dans son élément.

Mais en ces temps où l'entretien d'un grand outil adapté à une flotte nombreuse devient très coûteux (rapporté au volume de la flotte), il n'est pas inintéressant de considérer d'oser réduire la superficie d'une base navale (les bases navales de Brest et Toulon sont d'une taille conséquente, même sur la carte). Et tenter de profiter du fruit de cette nouvelle situation, en cédant l'usage des espaces inutilisés, ne serait pas inintéressant pour financer la transition et se garder d'en céder l'entière propriété.

 

Serait-ce le temps de réduire la superficie d'une base navale et d'en densifier la puissance ?

En tous les cas, pourquoi ne pas repenser l'organisation et la constitution des bases navales ?

 

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