Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





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28 mars 2016

GAé : embarquement à bord du NAe São Paulo ?

© Inconnu. Le Naé Sao Paulo (ex-Foch) à quai.
Le porte-avions doit, après un léger glissement de programmation de la fin d'année 2016 au début de 2017, rejoindre une forme afin d'y profiter d'une quasi refonte à mi-vie.  Le Groupe Aérien embarqué (GAé) aura la lourde tâche de trouver les solutions pour sauvegarder ses qualifications. Par réflexe, voire par défaut, les regards se tournent vers l'allié américain alors que l'interopérabilité aéronavale franco-américiane est unique au monde. Pourrions-nous, au moins, tenter de regarder d'autres horizons, par exemple brésiliens ?


24 mars 2016

Entretien avec Benjamin Guillon - La pertinence du concept d' "AirSea Battle" en tant que réponse aux stratégies d'anti-accès et de déni d'accès


Passionné par l’histoire militaire depuis de nombreuses années, avec notamment, l’époque napoléonienne, la guerre de Sécession et les deux Guerres mondiales. Une affection prononcée pour les marines militaires, en particulier la Marine Nationale (où la visite de la base navale de Toulon a été un déclic et m’a poussée à effectuer des recherches sur le fait maritime) et l’US Navy. Détenteur d’une Licence d’histoire (Université Lumière (Lyon II) et d’un Master de Science Politique spécialité Sécurité Internationale et Défense (Université Jean Moulin (Lyon III) dont les deux mémoires de recherche ont porté sur le fait maritime : 
  • « Le rôle des marines militaires à l’heure du processus de maritimisation des économies » en 2014 ; 
  • « La pertinence du concept d’ «AirSea Battle» en tant que réponse aux stratégies d’anti-accès et de déni d’accès » en 2015.
Possible reprise des études dans le but d’obtenir un Master 2 de Sécurité Intérieure. Souhaitant poursuivre professionnellement en effectuant des stages.


20 mars 2016

Le GAn dans la mission Chammal (2015-2016) : de mauvais indicateurs opérationnels ?

Nous donnions notre avis sur l'intérêt de l'engagement du Groupe Aéronaval (GAn) au sein de la mission Chammal pour les années 2015 et 2016. Nous tentions alors de calculer les capacités consommées par le porte-avions et le GAé (Groupe Aérien embarqué). Seul un terrien s'est presque offusqué de l'évaluation chiffrée proposée par nous au titre qu'elle était particulièrement dure, et injuste en raison de la diplomatie aéronavale annexe non-présentée. Pourtant, la communication opérationnelle, proposée aux journalistes depuis le porte-avions à quai à Toulon ou s'étalant sur les comptes de l'état-major des Armées sur les réseaux sociaux, nous semble en décalage, voire paradoxale, entre les moyens mis en œuvre, les objectifs militaires affichés, la justification de l'existence des outils et les passions de l'opinion.

22 février 2016

FTI et AVT : de la bande littorale jusqu'à la profondeur stratégique

© Thales.
La question du nombre de batteries devant équiper les futures Frégates de Taille Intermédiaire (FTI) ne peut qu'être actuellement en cours de définition car, rappelons-le, les seules différences entre les Aquitaine et les FTI résident dans le non-embarquement des MdCN (Missiles de Croisière Navale) et un tonnage moindre de 1000 tonnes - ce qui supposerait un tonnage à pleine charge de 5000 tonnes... Une première batterie serait constituée d'une suite Anti-Sous-Marine (ASM), une deuxième d'une autre suite mais de Défense Aérienne (DA) et, enfin, la frégate embarquera-t-elle une dédiée à l'Action Vers la Terre (AVT) ? 

11 janvier 2016

Dissuasion océanique : le défi Indo-Pacifique ?

Le TCD Orage assure le soutien du SNLE Le Redoutable à Dakar (avril 1991).

Nous l'apprenions il y a quelques jours : la Corée du Nord affirmait avoir réussi l'essai d'une bombe H. Bonne année et bons baisers de Pyongyang ! L'arme serait miniaturisée. Washington confirmerait le caractère nucléaire de l'essai, sans, toutefois, pouvoir confirmer ou infirmer s'il ne s'agit là d'une arme à fission, d'une bombe A "améliorée" ou bien véritablement d'une bombe à hydrogène. Inévitablement, alors que Paris décide de relever timidement la garde, les arsenaux nucléaires, loin du "global zero" ou des attentats, reviennent hanter les planifications stratégiques. 

16 novembre 2015

Un Groupe Aéronaval en configuration haute intensité ?


Les bruits de coursives entourant la très prochaine projection du Groupe Aéronaval (GAn) laissent entrevoir un format du groupe aérien embarqué, manifestement, inédit depuis l'entrée eu service du Charles de Gaulle en 2001. La prochaine mission du GAn sera révélatrice des ambitions françaises dans l'évolution de la mission Chammal au-dessus de l'Irak et de la Syrie. Les configurations, tant du groupe naval lui-même que du Groupe aérien embarqué (Gaé) démontreront le niveau d'engagement retenu.

08 octobre 2015

Démonstration navale russe depuis la Caspienne

© Twitter. Tir de missile Kalibr en mer Caspienne.
Le portail des forces navales de la Fédération de Russie (ou RusNavyIntelligence pour les intimes) le remarque avec finesse : pour célébrer l'anniversaire de Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie, la flottille de la mer Caspienne tirait - officiellement - une salve de 26 missiles de croisière. Le fait d'armes est triplement symbolique : Poutine est l'homme qui a décidé de redresser la puissance maritime Russe depuis le drame du Koursk, il joue les cartes Russes sans faute depuis la crise ukrainienne et c'était son anniversaire.

02 juin 2015

Accord aéronaval stratégique américano-indien en vue

© Inconnu. Lancement de l'INS Vikrant, porte-aéronefs de 262 mètres de longueur, 60 mètres de maître-bau pour 40 000 tonnes.
Après avoir bousculer les équilibres eurasiatiques vis-à-vis de l'Union soviétique en se rapprochant de la Chine (1969 - 1974), les États-Unis doivent conduire la manœuvre inverse : équilibrer la Chine. Face à l'impossibilité actuelle de renforcer la position de la Russie dont la diplomatie tend à se rapprocher de Pékin dernièrement, Washington soutiendrait un "nouvel" acteur dans ce triangle dont les relations ne sont plus l'apanage de Moscou : l'Inde.

28 mai 2015

Intégration des BPC russes dans la Marine : quelle(s) utilisation(s) ?

© Marine nationale. Un Chinook japonais sur le Dixmude lors d'un exercice trilatéral (France, Japon et Etats-Unis) les 16-17 mai 2015.

Nous supputons un quelconque règlement du conflit Paris et Moscou sur l'exécution du contrat de vente (24 janvier 2011), en transferts de technologie, des deux Bâtiments de Projection et de Commandement (BPC) de classe Mistral (les Sebastopol et Vladivostok). Il n'y aurait pas eu de revente à une tierce marine. Selon Bernard Prézelin, l'auteur de Flottes de combat, seules les marines du Canada, Brésil, de l'Afrique du Sud et de l'Inde auraient pu absorber ces quelques 40 000 tonnes.


29 mai 2014

Communication 2.0 : le projet Caméra de Marine

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/media/00/02/3085346043.jpg
 
Nous avions commencé à aborder la question des nouveaux véhicules de communication (LEGO/jeux vidéo) dans le cyberespace. Parler de la Mer est en enjeu en France tant ce n'est pas naturel. Quelque soit l'angle retenu (et ceux d'aujourd'hui aborderont la mer comme des poètes), toute initiative est à saluer. Mais ce qui change avec le 2.0, c'est que nous sommes tous acteur : l'horizontalité est reine !


14 avril 2014

Communication 2.0 : LEGO et jeux vidéo

© Maarten Verschueren. Le HMS Victory, vaisseau amiral de l'amiral Nelson à la bataille de Trafalgar, en LEGO.
Quelle surprise de découvrir que le célèbre jeu de construction à base de briques a fait naître une nouvelle manière de construire des maquettes ! Entre les constructions réalisées "en vrai" et celles qui n'ont pas quitté le logiciel prévu pour modéliser ses idées, il y en a pour tout le monde : vaisseau de 74 canons, cuirassés des première et seconde guerre mondiale, frégates des marines à voile ou à vapeur, chasseurs, chars, etc... Dans le cadre de ce billet, seules les "maquettes" LEGO trouvées sur le site MOC Pages  seront abordées.


16 novembre 2013

Apparemment, la France n’est pas une puissance en Asie-Pacifique

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© Véronique Guillermard. Les deux A400M de l'Armée de l'air sur la base aérienne d'Orléans.
 
Il y a déjà plus d’une semaine, le "super typhon" Haiyan touchait les Philippines, avant d’atteindre, avec une puissance moindre, le Vietnam puis la Chine. Faisons l'économie de la contextualisation car la presse a massivement investi le sujet, tant il n'existe aucune autre affaire (sauf, depuis hier soir, la défaite de l'équipe de France de football en Ukraine, grande cause nationale qui vaut bien une course aux reportages).


De la réaction française à cette catastrophe qui a lieu à quelques milliers de kilomètres d’un bout de terre français, il n’y aura que peu d’échos. Normal. Il y a bien peu de choses à dire sur la diplomatie humanitaire française. Ou plutôt si. Il y a une grande question à poser : existe-t-il encore une diplomatie humanitaire en France ? Définie comme une diplomatie mobilisatrice autour de causes humanitaires, elle vise à faciliter l’accès aux victimes, faire accepter les différents acteurs de l’aide, coordonner l’aide, etc.


Suite au typhon (qui a eu lieu la semaine dernière, rappelons-le), la Sécurité civile aurait envoyé seize (16) sapeurs-pompiers de l’UIISC1 de Nogent-le-Rotrou sur place via un avion-cargo affrété pour l’occasion, en attendant l’arrivée de 40 autres pompiers en début de semaine prochaine. C'est impressionnant… Récemment, sur Twitter, sur le compte @Tsahal_IDF, nous pouvions apercevoir la photographie de cinq (5) membres des forces armées israéliennes ayant contribué à un miracle au milieu de ce maelstrom de drames et de catastrophes.

 

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© Inconnu. La Royal Air Force envoie au moins un C-17 et 30 millions d'euros d'aides. Le HMS Daring a été déplacé de Singapour aux Philippines.

 

Il est tellement vrai que, en matière de communication opérationnelle à destination des audiences nationales ET internationales, nous avons grandement progressé en France sur l'accompagnement de l'action des forces armées dans la sphère médiatique depuis 1940…


Petite question en passant, est-ce que les membres de la Sécurité civile ont remarqué qu'ils participaient au continuum de la Défense et de la Sécurité ? Deux livres blancs semblent l'affirmer en cinq années. Il ne serait pas étonnant qu'ils soient sous commandement militaire pendant une telle opération dans le cadre d'une diplomatie humanitaire unifiée. C'est assez has been de partir chacun dans son coin.




Nous aurions pu nous attendre à ce que le porte-hélicoptères Jeanne d'Arc prête assistance comme lors du Tsunami en Indonésie en décembre 2004. L’opération Beryx (cf. un retour d’expérience) mobilisait à l’époque 70 personnels de la Sécurité civile, l’équipage d’une frégate, 12 hélicoptères de transport ou de reconnaissance, 2 appareils de transport tactique Transall, 1.400 militaires environ, etc. Ah oui, où avons-nous la tête, la Jeanne a été retirée du service en juin 2010 et non remplacée. A vrai dire, il semblerait qu'il n'y ait pas de navires militaires français dans le coin. Pas de chance. Par contre, il y a une escadre américaine (porte-avions, bâtiments amphibies, navires-hopitaux, etc.), des points d’appui en action (Guam, Japon, etc.), etc. L’incarnation du pivot vers l’Asie, en somme. Même les Anglais ont envoyé le HMS Daring depuis Singapour, un C130, un C-17, etc.

 

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© JA COOPMANN - Film : JB 29 aout 2007. Arrivée de l'Antonov An-225 "Myria" chargé de matériel pour la reconstruction de la Martinique, après le cyclone DEAN. Les pilotes Russes ont impressionnés les Français par leur témérité et leur professionnalisme pour faire atterrir l'avion de transport le plus lourd du monde... De l'art de la diplomatie aérienne ?

Nous sommes surpris par la faible ampleur des moyens aériens qui ont été mobilisés : la France possède deux appareils de transport stratégique A400M. Ah, grand malheur, ils ne sont pas encore opérationnels. Ils le sont suffisamment pour que les frères-jumeaux d'Airbus Military (les A400M d'essais) puissent transporter des cendres (j'insiste, et en plein vol, attention) ou le Président de la République, mais pas pour convoyer 30 tonnes de médicaments avec une cocarde tricolore de quatre mètres par trois posée sur la carlingue, n’ayant pas atteint le standard machin chose. A noter que pendant l'opération Baliste en 2006 au large du Liban, le BPC (Bâtiment de projection et de commandement) Mistral n'avait pas encore été déclaré opérationnel, bien qu’employé à faire des norias pour évacuer des ressortissants vers Chypre. C'est un bien bel investissement que cet A400M, dommage que le Livre blanc de 2013 limite arbitrairement son rayon d'action à 5.000 km... Heureusement, les caractéristiques demandées au programme A400M n'exigeaient pas un avion de transport intercontinental (qui nous manquait, comme par exemple en Afrique, ainsi témoignait le colonel Spartacus dans l'ouvrage qu'il avait rédigé sur l'opération Manta).

De plus, il est si bien connu que dans un rayon de 5000km autour de Paris, nous atteignons les limites de la Terre. Celle-ci étant plate, fatalement, nous tombons après en avoir atteint les limites.
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© Inconnu. Un des A400M d'Airbus Military en plein largage de cendres volcaniques. "Vérité au Nord des pyrenees, mensonge au delà" : en France, les A400M ne sont pas assez opérationnels pour transporter de l'aide humanitaire.

Certains représentants de la France avait pu constater lors du dialogue de Shangri-La, forum annuel international sur la sécurité, à l'été 2013 à Singapour que certains pays-riverains de la France en Asie du Sud-Est se moquaient (un peu ? beaucoup ?) de l'affirmation martelée avec force : "La France est une puissance de l’Asie-Pacifique". Notre réponse au typhon peut-elle leur donner tort ? Aux ambitions (élevés) exprimées dans le Livre blanc, qui a fait le choix de ne pas négliger l’Asie et le Pacifique, manquent-ils les moyens permettant de les concrétiser ?

 

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© Wikipédia. Rome a envoyé un avion de transport C-130 : l'Italie est donc plus asiatique que la France ?


Heureusement, aujourd'hui, la perspective a été renversée... Un BPC a débarqué des moyens au plus près des victimes. L'armée de Terre a réussi le tour de force extraordinaire de convoyer une demi-douzaine d'hélicoptères de manœuvre en état de marche sur ce navire. L'aide humanitaire française a été convoyée par les deux A400M qui ont donné de leur précieux temps d’essais en vol pour montrer qu'ils servaient à quelque chose. Depuis nos îles du Pacifique, des appareils Transall sont sur place et participent au transport des personnes qui sont accueillis dans notre hôpital de campagne. Sur place, l'ambassadeur de France, accompagné d'un officier général et d'un haut-responsable de la Sécurité civile, coordonne l'arrivée de l'aide française et le travail des associations. La communication sur l'évènement est assurée via un compte Twitter dédié (émettant en Français, Anglais et
Filipino), avec un hastag pour l’opération.




Nos partenaires notent avec intérêt notre présence dans la zone en ces heures difficiles. La continuité de l’opération leur paraît évidente avec notre habituelle diplomatie militaire d’échanges bilatéraux, de coopération structurelle et opérationnelle par la formation des forces armées locales, avec nos escales dans les ports de la région faisant partie de notre diplomatie navale, avec les passages sur certains aéroports de la région lors de transits depuis la Métropole ou d’exercices, incarnations de notre diplomatie aérienne, avec les partenariats lors de prospections pour des contrats d’armement, etc. Tous s’accordent à dire, « oui, vraiment, la France est bien une puissance de l’Asie-Pacifique ». Fiction d'une occasion (en partie) manquée ou réalité de demain ?

 


Article écrit à 4 mains et 2 claviers avec Mars attaque.

Les propos tenus ne représentent que l’opinion de leurs auteurs et n’engagent pas les institutions ou sociétés pour qui ils ont été ou sont employés...

20 mars 2013

Le croiseur lance-missiles sous-marin : une arme dissuasive limitée



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© Wikipédia. SNLE Ohio transformé en croiseur lance-missiles sous-marin.

Il est indéniable que les temps budgétaires actuels sont durs (pour changer). Du côté des Etats-Unis, c'est le grand moment de redéfinir les priorités. Les "chapelles" de la marine américaine (surfaciers, sous-mariniers et aviateurs) ne peuvent que s'entretuer pour sauvegarder des positions ou en conquérir des nouvelles (soit une guerre (administrative) dans la Guerre).

A moins de ne jamais s'intéresser aux affaires militaires, il était difficile d'échapper à de nombreuses tentatives de "tuer" le porte-avions ces dernières semaines. Il y a en a aux Etats-Unis, notamment sous la plume du Captain Hendrix. Mais il y en a aussi en France : après les opérations libyennes et somaliennes, l'on voudrait nous démontrer, sans en faire la démonstration, que les Rafale de l'Armée de l'Air sont d'un usage plus économique qu'une mission du GAn. Et de là à proposer la vente du porte-avions Charles de Gaulle, un PA a déjà été franchi.

Le problème qui se pose inévitablement alors est de savoir quoi faire après avoir tuer le porte-avions :
  • soit le système était tellement obsolète dans le nouveau contexte stratégique et il n'y a pas besoin de le remplacer,
  • soit il y a nécessité de remplacer ce complexe guerrier par une alternative qui sera
    • soit plus efficiente,
    • soit plus économique
    • et pourquoi pas les deux ?
Imaginons que ce soit la seule question à se poser puisque dans le cas américain, il y a, par exemple, cette étude du CIRPES ("L'industrie navale américaine : une puissance en trompe l'oeil ?", Roland de Penanros, 18 novembre 2005) qui pose une question dérangeante : et si le coût du porte-avions américain n'était que le reflet d'une industrie navale étasunienne inefficace au possible ? Cette question avait déjà été posée par les canadiens quand il s'agissait d'expliquer une raison, par mi d'autres, pour laquelle l'US Navy était farouchement opposée à la vente de SNA de  classe Rubis à Ottawa. Oui, il n'aurait pas fallu découvrir que le coût des SNA américains s'expliquerait, pour partie, par des chantiers peu productifs (même si tout est relatif quand il s'agit de comparer un 688 et un Améthyste).

Donc, et pour en revenir à la "simple" question, le Captain Hendrix propose donc trois solutions pour remplacer le porte-avions américain :
  • le porte-hélicoptères d'assaut amphibie (LHD et LHA),
  • le Sea basing (création plus ou moins structurée d'une "île artificielle",
  • et le croiseur sous-marin lance-missiles.
C'est bien cette troisième option qui nous intéresse.

Première remarque, il y a une expérimentation américaine, d'un coût qui serait de 1,4 milliards de dollars, qui a consisté en la conversion de quatre SNLE de classe Ohio en croiseur lance-missiles sous-marin. Ce sont les quatre premiers de cette classe qui furent ainsi convertis. Au lieu d'embarquer 24 missiles balistiques, ils mettent en oeuvre actuellement 154 Tomahawk et près de 70 commandos. Ces vaisseaux pourraient naviguer jusqu'à 2026 à 2029 selon l'usure des coeurs nucléaires.

Deuxième remarque, il s'agit d'échanger un système d'armes par un autre. Cependant, il n'est pas envisagé de répéter strictement l'expérimentation. C'est-à-dire que la future classe de SNLE étasuniens, les SSBN(X), n'offrira pas une sous-classe conventionnelle.

Cependant, et c'est la troisième remarque, on accuse le porte-avions et son coût prohibitif, mais a-t-on conscience que l'on parle, à propos des futurs SNLE américains, de vaisseaux dont le coût unitaire projeté a été ramené de 7 à 4,9 milliards de dollars ? Ce serait faire injure aux lecteurs que de convertir ces sommes en Euro pour montrer que nous sommes au-dessus du coût du Charles de Gaulle. Et peut être même que nous ne sommes pas très loin du coût d'un porte-avions américain, justement, hors frais d'études, celles-ci étant répercutées sur la tête de série.

Quatrième remarque, et pour faire aboutir la seconde, l'US Navy envisage actuellement de créer une sous-classe dans la classe de SNA Virginia afin de matérialiser l'expérimentation des SSGN Ohio réformés. La cible des 30 Virginia permettrait de trouver un certain nombre de SNA qui se verrait augmenter d'une section de coque de 27 mètres pour recevoir 28 missiles de croisière, en sus des 12 qui sont installés dans la partie avant, ce qui est toujours en plus des munitions stockées dans la soute à armes tactiques (qui peuvent être des missiles de croisière).

Au passage, on ne peut que remarquer que Russes et Américains cherchent à augmenter le nombre d'armes portées par leurs sous-marins nucléaires d'attaque. Si l'URSS concevait des sous-marins tueurs de porte-avions, les Etats-Unis ont fini par leur donner raison en reprenant le concept pour le rediriger vers la terre. Quoi de plus logique, alors que la puissance navale recherche à s'exprimer vers la bande littorale et non plus en haute mer ?

Autre parenthèse, l'US Navy ne pourra continuer à chercher la classe unique de SNA : les Seawolf étaient trop coûteux (3 milliards de dollars, vraiment trop coûteux ?) pour devenir le sous-marin standard de la marine de Washington. Les Virginia devaient avoir ce rôle. Et face à un coût encore trop important de ces derniers, il y a eu le projet Tango Bravo : par simplification de l'architecture, il était question d'arriver à des SNA de la taille des Skipjack -et bien moins coûteux que les Virginia. Mais il y a un fossé qui se creuse entre les Virginia, les Virginia qui seront peut être "croiseurisés" et ces potentiels "Skipjack-NG".

Cinquième remarque, quelque part, les Ohio réformés, croiseurisés, sont les dignes descendants de la pensée de René Loire. C'est peut être la seule matérialisation de son Frappeur qui devait assurer une dissuasion conventionnelle par sa seule force de frappe et sa relative discrétion. Mais les navires américains sont plutôt durcis, très silencieux et furtifs.La seule chose qui diffère véritablement est celle du coût : le Frappeur devait être une batterie à missiles au coût maîtrisé et réduit au strict nécessaire quand les quatre Ohio et les éventuels futurs Virginia coûtent des milliards... hors munitions.

Sixième et dernière remarque : nous arrivons au coeur du sujet. En effet, la question qui reviendra fatalement, en dehors de toute problématique de coût, est celle de la pertinence opérationnelle. Mettons de côté la question des opérations spéciales, pendant un temps.

L'intérêt d'un tel navire, ou de son équivalent en surface (destroyers Arleigh Burke et autres croiseurs Ticonderoga) est de pouvoir mener, à lui seul !, une frappe stratégique "shock and awe" pour paralyser l'appareil militaire adverse par décapitation. Si un seul croiseur sous-marin peut lancer une salve foudroyante de 154 Tomahawk, la saturation atteindra presque n'importe quel adversaire.

Cependant, il y a l'après qu'il faut considérer. L'exemple libyen montre des forces gouvernementales qui se sont reconfigurées pour continuer à combattre, bien que les forces coalisées aient détruit leurs infrastructures militaires et civiles. Il s'agissait alors de saisir un adversaire devenu mobile et agile, capable de se servir de la moindre aspérité du terrain pour se cacher. Il se pose alors un premier problème : comment reconfigure-t-on le bateau pour poursuivre le combat ? C'est une difficulté très difficilement surmontable avec un sous-marin, il est très difficile, peut être même impossible, de recharger les tubes en pleine mer. Peut être est-il possible ponctuellement de réembarquer quelques torpilles. Mais serait-il possible de réembarquer, en pleine mer, plusieurs dizaines de missiles de croisière ? A priori, il faudrait quitter le théâtre pour aller dans une base avancée où il y aurait suffisamment de stock pour la reconfiguration.

Autre problème, c'est l'exploitation de la foudroyance : quand l'appareil militaire libyen a été décapité, il s'agissait d'exploiter cette percée. Mais comment un sous-marin peut-il faire ? Revenons-en aux forces spéciales : elles peuvent très bien repérer les cibles, voire les illuminer dans certaines situations. Mais à ce moment là, une faiblesse apparaît : comment le sous-marin peut-il soutenir des commandos et leur servir de batterie lance-missiles ? C'est une position de vulnérabilité où l'une des deux composantes sera identifiée et localisée.
C'est presque un corollaire : comment est-ce qu'un croiseur lance-missiles sous-marins, soutenant ou non des forces spéciales, pourrait cibler des cibles mobiles ? L'expérience libyenne a montré qu'il fallait pouvoir les débusquer, jusqu'au coeur des populations. Même les voilures fixes français avaient du laisser la place à des voilures tournantes, seules capables de descendre suffisamment bas sur le plan tactique pour aller débusquer l'adversaire.

Pire, le croiseur sous-marin lance-missiles rejoint le défaut du Frappeur : il s'agit d'un usage très spécialisé, quand il s'agit de décapiter l'adversaire. Mais quoi faire avant, quoi faire après ? Outre les difficultés de mise en oeuvre opérationnelle, on ne peut que remarquer que l'utilisation politique de la Flotte et la diplomatie navale sont absente d'un tel navire. Il n'a aucun affichage ou si peu (comme quand l'Ohio réformé, justement, a franchi le détroit de Gibraltar en surface). Il ne peut exploiter la puissance aérienne avec toute sa souplesse : quid de l'intérêt d'envoyer un missile de croisière à "x" millions de dollars contre un engin civil (comme un 4x4) ? Comment faire pour faire une démonstration de force avec des missiles ?

En somme, le croiseur sous-marin lance-missiles est un vecteur de destruction, à un coup, qui offre de nombreux avantages. Mais finalement, il participe plus de la partie conventionnelle de la dissuasion. Celle-ci peut être mise en oeuvre, et cela confirme nettement son intérêt pour marquer, presque partout et à chaque élevation du niveau de crise, un coup d'arrêt que peu de pays peuvent encaisser ou contrer. Les plans de l'US Navy en témoignent puisqu'il s'agirait de ne pas se concentrer sur un nombre réduit de plateformes, mais bien de diffuser l'emport en nombre de missiles de croisière sur un grand nombre de navires.

Finalement, nous nous rapprocherions de la position français qui diffuse le MdCN -ou Scalp-EG- sur toutes les FREMM et sur les futurs SNA de classe Suffren. Alors, certes, en France, ces munitions procéderont plus d'un emploi stratégique, sur ordre du pouvoir politique. Mais est-ce si différent du cas américain ?

Après cela, il ne semble pas évident que le porte-avions puisse être remplacé par le seul croiseur lance-missiles sous-marin. Peut être qu'il faudrait considérer l'alliance de deux options de remplacement -soit le croiseur sous-marin et le porte-hélicoptères d'assaut amphibie. Le premier décapiterait quand le second exploiterait.

12 février 2013

Action sous-marine dans la bande littorale et TRM


http://www.meretmarine.com/objets/22443.jpg
© Inconnu.

De l’avis de tous, ou presque, l’avenir de l’action navale est majoritairement à une plus grande place des sous-marins dans les flottes. Les vaisseaux noirs possèdent quelques caractéristiques, différentes de celles de la surface. Parmi celles-ci, on peut noter une capacité à recueillir plusieurs types de renseignement au plus près de la source (tant que celle-là est proche de la fameuse bande littorale des 200km où se concentre 80% de la population mondiale). Mais aussi de pouvoir le faire, et d’agir sans élever le niveau de la crise. Le sous-marin est ainsi invisible aux senseurs de la sphère électromagnétique, tant qu’il ne franchit pas le dioptre.
C’est cette invisibilité qui lui confère des capacités de froudroyance très recherchées, à travers les forces spéciales et les missiles de croisière.

Le problème du sous-marin, c’est son relatif isolement vis-à-vis de ce qui se trouve au-dessus dioptre. Les ondes électromagnétiques ne franchissent pas la surface, ce qui protège les vaisseaux noirs mais les isole également. Cependant, il y a de nouvelles technologies qui laissent espérer que le sous-marin pourra de plus en plus receuillir du renseignement lorsqu’il sera à immersion périscopique.

Il y a, donc, au moins deux grands moyens qui permettent au sous-marin de s’affranchir de cet isolement :

Le premier d’entre eux est le radar. Dès la seconde guerre mondiale les premiers radars furent installés sur bien des sous-marins, dont ceux de l’US Navy et ils rendirent bien des sevices pour détruire la flotte de commerce japonaise. Plus largement, il évite au sous-marin de naviguer que par la seule vue de son périscope ou des veilleurs. Mais aussi de voir au-delà de l’horizon. Le radar de veille aérienne se fait rare parmi les submersibles, tandis qu’il est plus courant chez les submersibles qui restent longtemps en surface. C’est ce que proposait DCNS à travers son submersible SMX-25 qui est pourvu d’un radar de veille aérienne. Mais le projet des anciens arsenaux ne dit pas si c’est un radar digne des grandes frégates de défense aérienne ou si l’ambition est moindre.

L’autre grand moyen est un développement des moyens de communication. Il y a forcément de tout à bord d’un sous-marin. Les U-Boat émettaient et recevaient leur traffic par ondes de la gamme HF. Guy de Malbosc et Jean Moulin (" Guerre des codes et guerre navale") nous expliquent comment c’était un enjeu de percer le chiffrement des communications allemandes.

http://static1.businessinsider.com/image/5018036e6bb3f74320000011-900/the-virginia-class-submarine-is-a-new-breed-of-high-tech-post-cold-war-nuclear-subs.jpg
© Inconnu. SNA de la classe Virginia (US Navy).


Depuis lors, la plus grande évolution est venue des communications spatiales. La Marine rechercha très tôt (dès les années 60) la possibilité  de communiquer avec ses navires de par le monde. L’Espace est donc venu offrir de formidables possibilités en la matière. Les communications spatiales sont mêmes supposées être très sûres puisque bénéficiant de gammes de longeur d’ondes très directives, donc relativement dures à intercepter (là où les ondes HF sont très évasives).

Le radar RBE-2 du Rafale arrive enfin pleinement à mâturité grâce à l’entrée en service de sa version la plus évoluée à antenne active (radar dit AESA). L’on peut apprendre dans le DSI du mois de janvier 2013 que ce radar se compose de x modules : les TRM. Ceux-ci constituent l’antenne proprement dite du radar. Mais par rapport aux antennes à balayage mécanique et/ou électronique des précédentes générations, il serait possible, désormais, avec les TRM de subdiviser l’action de l’antenne en répartissant x TRM par x tâche. Ainsi, une partie de ces modules pourrait effectuer des recherches en mode air-air quand l’autre partie s’occuperait simplement de carthographier le sol.

Plus loin encore dans l’exploitation du potentiel des TRM, il serait envisageable de les utiliser comme moyen de communication. Ces modules pourraient, grâce à un faisceau d’énergie dirigée (lire "Les armes à énergie dirigée : mythe ou réalité ?" de Bernard Fontaine), envoyer des données à des débits comparables aux dernières prouesses des communications spatiales. La chose ne sera pas inintéressante pour remplacer les actuelles liaisons 11 et 16 et permettre à un groupe d’attaque de travailler en réseau (capacité déjà actuelle, mais avec des échanges de données sans commune mesure avec ce qui se fait actuellement).

Le sous-marin, là-dedans, peut rêver à -peut être...- bénéficier des avancées offertes par ces TRM. On peut imaginer qu’il puisse rentrer dans l’appendice d’un mât périscopique. Si l’on observe certains mâts des Virginia et des Astute, il est possible d'apercevoir des mâts optimisés pour réduire autant :
  • le sillage engendré par leur hissage
  • que leur SER (Surface Equivalente Radar).
De par leur volume, il semble aussi abriter un certain nombres d’équipements, certainement pour receuillir du renseignement.

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJGQJy3MagP9A_Trn9mQUYRqPr_4o9NDVeTqLDwxMittAgmnlEoJcw5fVal3z2zjmuGM_UAPOOzHS1DLM5rvJT5A41y87b3CJW1bP3tR53WtnroQgOkJy2KvI9arFUGMkzQbMTFBQCzXYB/s1600/2d8c6f40-377b-41bd-a179-8d63cf1c9dbc.Full.jpg
© Inconnu. Le premier Rafale livré avec son radar AESA (RBE-2 à antenne active).

Les SNA de la classe Suffren (programme Barracuda) peuvent légitimement nous laisser croire qu’ils bénéficieront de ce type de mât car leur conception générale semble tourner pour aussi, mais pas seulement, opérer dans la bande littorale.

Dans cette optique, l’on peut imaginer deux choses :
  • un mât de veille aérienne qui aurait des portées intéressantes grâce à l’emploi d’un certain nombre de TRM. Il semblerait que le volume du cône du Rafale soit plus ou moins similaire à celui de l’appendice d’un mât de Astute.
  • Un mât de communication à base de TRM, mais pas seulement.
Il faut dire que la seconde option laisse entrevoir des possibilités très intéressantes en matière de cyberstratégie. L’ouvrage d’Olivier Kempf («  Introduction à la Cyberstratégie ») nous dit que le degré de coertition de l’action cybernétique est inversement proportionnel à sa discrétion. Cependant, dans le cadre d’un conflit déclaré, un certain nombre de nations (Israël, Etats-Unis notamment) semblent avoir laissé filtrer quelques bruits sur les capacités de leurs aéronefs en matière d’actions cybernétiques. Ils auraient recours à leurs capacités de guerre électronique pour développer des capacités cybernétiques afin de mieux mener leurs missions de suppression des défenses aériennes ennemies. Au vu de ce que faisait les SNA français pendant la guerre en Libye, où ils recueillaient du renseignement au large des côtes, tout porte à croire que des mâts remplis de TRM offriraient quelques possibilités intéressantes.

11 février 2013

2013 : essais et expérimentations d'une "French MEU (SOC)" ?


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© Michel BEZ - Marine Nationale.

Plusieurs choses sont proposées à l'heure actuelles pour structurer les forces armées françaises après la rédaction du nouveau livre blanc. D'un côté, notamment, il y a les tenants de la pause stratégique. De l'autre côté, d'autres sont plus convaincus par la nécessité de continuer à participer aux affaires du monde, et arguent du fait que si la crise malienne éclate ou que le Nord-Kivu appelle à l'aide, c'est que l'on laisse de l'espace à des forces politco-militaires qui déplaisent aux valeurs de la France de A à Z. C'est pourquoi il vaudrait mieux continuer à soutenir une défense en avant et surtout au devant des crises naissantes.

L'avantage de la première option, c'est que cela pourrait être un bel exercice logistique. Mais rien ne dit qu'une pause stratégique en France irait de paire avec un large débat, débridé, où des choses capitales seraient remises en cause. A quoi bon s'arrêter pour discuter si l'on n'ose pas ? La pause aura été une pure perte. Et si on peut parler, alors pourquoi s'arrêter ? Certes, quand les processus s'arrêtent, il y a plus de marges de manœuvre, mais il est aussi possible de s'adapter sans tenter de se retirer du monde.

La seconde option est plus exigeante puisqu'il s'agit de s'adapter, en essayant des idées plus ou moins neuves, plus ou moins originales, sans arrêter la machine. Si nôtre budget militaire ne s'est pas effondré, il faut le considérer comme très contraint. Michel Goya souligne, par ailleurs -dans "Res militaris - De l'emploi des forces armées au XXIe siècle"-, la nécessité de se ménager des marges d'innovations et d'expérimentations pour entretenir la modernité d'une machine guerrière.

Donc, il serait toujours possible d'essayer des choses. Là, jonction va être faite entre deux choses :
  • la première est le tryptique qui est proposé. Il s'appuie sur une déconcentration des forces dans tout l'Archipel et de par le monde grâce aux bases installées à l'étranger. La concentration de nos forces de manœuvre se réaliserait grâce aux troupes embarquées en mer ou projetées par voie aérienne grâce à nos différentes bases.
  • La seconde est une évolution assez profonde de nos forces amphibies qui les verrait gagner en autonomie et de les structurer à la manière de groupes amphibies permanent.
En vérité, ce ne serait que porter à son paroxysme une manière de structurer les forces qui est déjà en œuvre :
  • depuis plusieurs années déjà, la mission Jeanne d'Arc (qui remplace le croiseur porte-hélicotères du même nom) embarque une sorte de SGTIA aéromobile. Ce n'est pas permanent, mais cela devient "régulier", même si la période considérée est assez courte. La force de frappe diplomatique de cet embarquement est important puisque nos forces amphibies ont pu s'entraîner avec diverses armées dans les océans Indien et Atlantique.
  • Ensuite, il y a eu la mission Corymbe qui était dotée du BPC Tonnerre alors que la crise ivoirienne était proche de sa résolution militaire en 2011. Les forces aéromobiles embarquaient dans le navire ont été d'une aide précieuse dans la capitale ivoirienne pour soutenir le renversement du président sortant.

Les conditions financières permettraient de s'essayer à une expérimentation de la seconde idée précitée afin de l'insérer dans le schéma présenté dans le premier point. 

Les Marine Expeditionnary Unit (Special Operation force Capable) de l'US Marines Corps américain est un grand modèle. Ces groupes amphibies américains comprennent des outils pour déplacer 1800 Marines (par groupe) à travers le monde. Mais aussi, ils peuvent faire durer leurs groupes aéromobiles (hommes comme matériels) à la mer pour les projeter à tout moment, comme un groupe aéronaval peut le faire.

Cette expérimentation française pourrait tirer parti des moyens actuels. Le premier de ceux-ci est un cadre opérationnel existant : la mission Jeanne d'Arc. Il s'agirait de la renforcer, le temps d'une mission, pour expérimenter une structuration de nos forces amphibies pouvant déboucher sur deux groupes amphibies permanent à l'avenir. Hors, la mission Jeanne d'Arc ne comprend que de faibles moyens pour faire durer à la mer une force aéroterrestre pendant le temps d'une campagne. Et c'est bien normal puisque ce n'est pas le but de la mission.

Pour palier ce déficit, il est proposé :
  • de constituer ce groupe à travers trois navires : un BPC, le TCD Siroco et une frégate d'accompagnement.
  • Le BPC apporte des moyens de commandement hors du commun avec les autres marines de l'OTAN (hors US Navy), un hôpital embarqué et les installations nécessaires pour embarquer un groupe aéromobile. Le BPC embarquerait des ateliers, autant pour les blindés et les voilures tournantes que pour les navires de la mission Jeanne d'Arc
  • Le TCD emporterait des hommes, leurs blindés (quitte à en décharger le BPC d'une partie) et des soutes pleines de carburant pour servir comme pétrolier-ravitailleur auxiliaire.
  • La frégate d'escorte fourirait la bulle de défense contre toutes menaces à la force et pourrait appuyer un débarquement de vives forces.

La force aéroterrestre embarquée devra, à l'instar des Marines, se comporter comme l'aile amphibie des Armées françaises. S'il n'est pas nécessaire d'embarquer le nombre d'hommes maximun permit par les installations (920 (450 (BPC) + 470 (TCD), il pourrait s'agir de proposer un format original. Depuis quelques temps déjà, les BPC servent de bases terrestres mobiles : par exemple, cela a encore été vu en Somalie où le Mistral servait de base de départ du raid du commando du Service Action (DGSE) quand le Dixmude transportait un SGTIA en direction du Mali.

Il serait alors plus intéressant d'installer à bord de cette mission Jeanne d'Arc alourdit l'ossature d'une alerte Guépard : "Le Guépard est l'alerte prise par une brigade pendant six mois, capable de mobiliser jusqu'à 5 000 hommes. Il est coupé en plusieurs modules, à commencer par le commandement à l'échelle d'un bataillon. Ensuite, le Guépard d'urgence est de deux types : l'extrême urgence, des parachutistes capables d'être projetés directement (aujourd'hui au Mali, nous n'avons pas une force TAP, troupes aéroportées) ; une composante motorisée, des VAB du 2e RIMA dans le cas du Mali, qui tenaient l'alerte 12 heures ; nous avons aussi des alertes à 48 heures, 72 heures... Il existe également le Guépard de décision, quand il s'agit de décider de l'avenir de la bataille, fournir un gros effet de niveau brigade face à une menace conséquente, par exemple un GTIA (groupement tactique interarmes) avec trois compagnies de VBCI, un escadron de chars Leclerc, plus un environnement d'artillerie, de génie et un d'éclairage et d'investigation..."
Ainsi, les BPC et TCD de l'expérimentation embarqueraient le cinquième théorique d'une alerte Guépard. Pour ainsi dire, l'on pourrait même avancer que cette mission Jeanne d'Arc prendrait l'alerte Guépard avec les forces mises en alerte en France. L'articulation des moyens se ferait comme suit :
  • L'alerte Guépard serait partagée entre la réserve en métropole et la réserve en mer.
  • Un Guépard d'urgence qui serait décomposé en deux structures :
    • "L'extrême urgence, des parachutistes capables d'être projetés directement..."
    • La force amphibie pourrait alors projeter rapidement un ou deux SGTIA motorisés, voire mécanisés (pourquoi ne pas inclure un demi-escadron de Leclerc et une ou plusieurs batteries d'artilleries à bord ?).
  • Le Guépard de décision se partagerait lui aussi entre la métropole et la mer. Le partage se ferait d'autant mieux que la force amphibie du Guépard d'urgence pourrait comprendre des éléments du Guépard de décision.
    Le Guépard d'urgence amphibie pourrait permettre de préparer un point de chute au Guépard de décision entier pour trouver une base de départ pour le rassemblement avant la projection finale vers le théâtre.
Que cette expérimentation puisse être un jour menée, ou non, cela souligne néanmoins le besoin crucial d'avions ravitailleurs, d'avions de transport tactiques et stratégiques et d'un contrat d'affrêtement d'avions civils pour projeter quelque chose équivalent à une brigade.
Ainsi, le temps d'une mission Jeanne d'Arc, la France augmenterait sa dissuasion conventionnelle en facilitant la projection du Guépard de décision, ou, tout du moins, d'une partie de ses éléments (comme un demi-escadron de chars Leclerc et des batteries d'artillerie prépositionnées, elles aussi) qui renforcerait le Sea basing français, tel qu'il est actuellement mené. Plus largement, cela validerait, ou non, l'éventuelle plus value apportée par un groupe amphibie à trois unités.

02 novembre 2012

Du Shi Lang au Liaoning : réaffirmation de la volonté de Pékin en Asie ?


http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/cb/Mukden_1931_japan_shenyang.jpg© Wikipédia. Troupes japonais entrant à Shenyang pendant l'incident de Mukden.

Les médias francophones tombent sous le charme du premier porte-aéronefs chinois, et ne cessent de gloser sur son impact, fantasmé, sur les crises latentes de l'Asie du Sud-Est. Ce blog se permet de dire que l'entrée en service de ce navire, le 26 septembre 2012, n'est pas synonyme d'une menace actuelle. Alors, est-ce que, comme cela a été prétendu sur ce blog, la Chine aura un groupe aéronaval crédible sur le plan militaire en 2017, 2019 ou 2022 ? Peu importe, à dire vrai, que la date proposée (2022) soit la bonne. Le problème, c'est que tout nos médias se focalisent sur l'entrée en service d'un navire qui ne peut pas, être à l'heure actuelle, être la pièce centrale d'un outil militaire offensif : les chinois ne savent pas (encore) faire. Ce sera pareil pour les anglais quand ils recevront leurs deux porte-aéronefs entre 2018 et 2020 : il leur faudra bien de 7 à 10 ans pour reconstruire un outil aéronaval crédible.

Mais ce navire a une signification beaucoup plus précise pour l'Asie : la Chine lance un porte-aéronefs (qui sera assisté par des escorteurs, dont certaienment des sous-marins, en sus des frégates et destroyers, et pourquoi pas une coopération avec l'aviation à long rayon d'action (autant de patrouille que d'attaque anti-navires) pour guider cette escadre) qui n'est qu'un navire d'expérimentations, d'essais et donc, in fine, un navire école ! Ce que peuvent craindre les nations asiatiques, c'est que ce navire permettent sur la période allant de 2020 à 2025 de constituer le noyau dur d'une puissance aéronavale chinoise pouvant permettre aisément l'entrée en service d'un deuxième, voire d'un troisième navire. Oui, c'est bien cette potentielle montée en puissance chinoise qui inquiète dans la région.

Ce temps semble long à ceux qui s'attendaient à ce que le vaisseau présente une menace actuelle. Mais dans le temps de la mer, qui est un temps long, Pékin pourrait prendre de vitesse bien des rivaux. Il doit être clair pour tout le monde que l'acquisition d'un porte-avions et sa préparation pour qu'il devienne la pièce centrale d'un outil stratégique relève du temps  long :
  • quelques années sont nécessaires pour concevoir le navire dans un bureau d'études.
  • La durée de construction généralement constatée d'un tel navire et pour l'armer de tout ses systèles est de 5 à 7 ans.
  • Enfin, 5 à 10 ans années sont nécessaires pour le transformer en un outil opérationnel (à force d'entraînements et d'échanges avec les marines alliés) capable d'opérer avec un groupe aéronaval.
Nous sommes en 2012, et autant dire que si, effectivement, la Chine construit une escadre école pour accueillir deux porte-aéronefs de plus, et avec, peut être, le premier porte-avions (à propulsion nucléaire) sur la tranche des années 2020-2025 (Mer et Marine évoque la construction d'un, voire de deux, porte-aéronefs à propulsion classique, et peut être même d'un porte-avions nucléaire -notez que ce serait un porte-avions, et non pas un porte-aéronefs), alors elle prendra toute l'Asie du Sud-Est de court.

C'est-à-dire que la région aura très peu de temps pour se positionner face à la puissance chinoise qui va encore monter d'un cran. Pour exemples :
  • les programmes indiens d'acquisition de porte-aéronefs accumulent les retards : les navires (un, voire deux Air Defense Ship/Indigenous Aircrafts Carrier et l'INS Vikramaditya (ex-Gorshkov soviétique) n'arriveraient en flotte que vers 2017-2020).
  • La Russie maintient le Kuznetsov en service, mais elle n'a pas encore retrouvé les capacités nécessaires pour le remplacer, voire augmenter sa flotte de ponts plats. La démonstration la plus flagrante de cet état de fait est que la Chine aura réussi l'exploit de refondre et mettre au service un ancien porte-aéronefs soviétique (classe Kuznetsov) avant que Moscou réussisse à en faire de même pour honorer le contrat d'acquisition passé par l'Inde pour un autre ancien porte-aéronefs soviétique (le Gorshkov, donc, de classe Kiev).
Il demeure donc essentiellement les Etats-Unis dans la région. Ils sont directement impactés par le potentiel défi (Pékin dément construire un ou deux autres navire) et cela ne fait qu'accentuer leur problème naval : avec un navire stationné au Japon, un ou deux patrouillant dans le Golfe Persique et un autre faisant la jonction entre l'océan Indien et l'Asie du Sud-Est, il n'y a pas tellement de navires américains face à un, deux ou trois (à l'orée 2020) navires chinois jouant à domicile -ils passent donc tout leur temps opérationnel sur le théâtre alors que les navires américains passent un bon tiers de leur temps en transit.

C'est justement la volonté des Etats-Unis qui est mesurée par Pékin.

Sur le plan naval, il faut bien comprendre que la Chine ne donne pas, par hasard, des noms à ses navires. Par exemple, le navire-école chinois qui sert à former les officiers d'une marine océanique en construction porte un nom bien particulier : le Zheng He. C'était aussi le nom d'un amiral chinois du XIVe siècle. La particularité de ce marin est qu'il est soupçonné d'être l'un des premiers à avoir découvert l'Amérique du Nord dès le XIVe siècle (mais d'autres pistes portent à croire que ce serait une découverte viking qui daterait du Xe siècle -l'Europe est sauvée). Mais plus encore, du temps de cet amiral, la marine chinoise était une force océanique capable de croiser depuis la Chine jusqu'au Golfe Persique et de soumettre ces côtes à l'influence chinoise.

Dans un premier temps, donc, ce premier porte-aéronefs chinois etait baptisé "Shi Lang". C'est le nom d'un amiral chinois qui servit sous les dynasties des Ming et des Qing, soit au XVIIe siècle. Une des réussites militaires de cet amiral a une résonnance toute particulière, encore aujourd'hui : il réussi à soumettre l'archipel de Taiwan. Donc, et alors que Pékin niait toujours, pour la forme, que l'ancien Varyag soviétique allait devenir un navire militaire, il était attribué d'un nom à la symbolique très forte. Il semblait bien trouvé puisqu'il permettait à Pékin de matérialiser une volonté politique très forte de faire entendre raison à cet archipel pour qu'il rejoigne "une seule Chine, deux systèmes" -ou trois systèmes pour l'occasion. C'était une réaffirmation politique qui aurait fait écho à bien des discours. Mais c'était aussi un risque calculé car si la Chine montait progressivement d'un cran dans le cadre de cette crise larvée, elle le faisait très progressivement sans déstabiliser la région. Les Etats-Unis auraient alors reçu très clairement le message puisque l'archipel de la Chine nationaliste est sous leur protection (bien que Washington évite de franchir des lignes jaunes en accordant une trop grande protection aux yeux de Pékin - autre chose à noter, les Etats-Unis se méfient, peut être trop tard, de la réussite chinoise à espionner les matériels américains vendus à Taiwan, ce qui pourrait expliquer quelques lenteurs à la livraison de matériels).

Mais ce n'était qu'un nom de baptême officieux : rien de rien n'était officiel.

C'est bien dommage, dans un sens. Il a été dit que bien des esprits se focalisent (trop ?) sur les capacités supposées du navire. Sans paraphraser ce qui a été dit plus haut, ce porte-aéronefs n'est pas la pièce d'un groupe aéronaval opérationnel. C'est la pièce maîtresse de la montée en puissance de la Chine dans le club fermé des marines dotées d'une aéronavale embarquée sur porte-aéronefs ou porte-avions. Ce qui aurait dû retenir l'attention, c'est le nom du navire. Première observation, c'est le nom de la province il a été refondu et mis en service : Liaoning. Et alors ? Il y a bien un porte-avions Charles de Gaulle qui était baptisé Bretagne au début de son programme en France et la première frégate du programme FREMM qui est nommée Aquitaine. Deuxième remarque : la Chine ne semble jamais donner un nom à un navire de premier plan à la légère...

La troisième remarque n'est que le fruit de la supposition de l'auteur de ce blog : Liaoning, ce nom n'est pas inconnu dans nos manuels d'Histoire. Liaoning est donc le nom d'une province chinoise. Cette entité administrative abrite une ville, Dailan, où a été refondu et mis en service le navire. La capitale de cette entité territoriale est Shenyang. Le nom mandchou de cette ville est "assez intéressant" : Moukden. En 1931, l'empire du soleil levant organise un faux attentat sur une ligne de chemin de fer appartenant à une société japonaise. Cet "attentat" (il est avéré aujourd'hui que c'est bien le Japon qui l'avait monté de toutes pièces) a été le prétexte pour Tokyo pour occuper la Mandchourie. La suite de l'Histoire est connue : la Chine côtière fut en grande partie soumise par les armes japonaises, et ce fut un massacre parmi les chinois. Aujourd'hui encore, Pékin exige des excuses du Japon et la fureur populaire chinoise explose à chaque fois que cette période est minimisée au Japon, comme quand un manuel scolaire japonais restait bien "modeste" sur cette période.

Il faudrait donc admettre que le nom du premier porte-aéronefs chinois ait été effectivement choisi en liaison avec cet évènement historique qui inaugurait une période noire pour la Chine. Les gouvernements successifs de Pékin, depuis la proclamation de la République Populaire de Chine, s'acharnent à démonter, les uns après les autres, les traités "inégaux" que la Chine aurait eu à signer au XIXe siècle (essentiellement). Cette fois-ci, la Chine pourrait (ce n'est qu'une supposition) adresser un message très fort au Japon : il y a des contentieux à régler, et cela ne peut plus se faire sur des bases que les gouvernants chinois jugent ou jugeraient inéquitables. Pékin afficherait alors une ligne géopolitique constante, mais renouvelerait également sa volonté par cet acte fort.

Dans le cadre de cette supposition, ce n'est plus seulement l'archipel nationaliste et rebelle qui est visé, mais c'est bien le Japon. Le protecteur stratégique est le même dans les deux cas. Ce ne serait pas du tout la même chose entre la réintégration de Taiwan dans le giron chinois et le lâchage du Japon par les Etats-Unis :
  • d'un côté, il y a un archipel qui est divisé entre indépendantistes et un autre camp plutôt désireux de se rapprocher de la Chine (ce qui ne veut pas dire rattachement pur et simple). Si la pression des armes chinoises se fait sentir, la porte n'est pas non plus fermée à une solution politique.
  • De l'autre côté, il y a le Japon. L'archipel dépositaire de l'empire du soleil levant est sous protectorat américain depuis 1945.
La sécurité nationale japonaise repose sur la volonté des Etats-Unis à rester suffisamment engagé en Asie pour défendre et leurs intérêts, et l'archipel. Si donc le message de la Chine passe par ce navire, dont le nom ferait référence à l'incident de 1931, alors un défi est lancé au Japon et aux Etats-Unis.

La Chine fait sentir sa présence navale, via ses agences paramilitaires, le long de ses côtes à travers tout les archipels et îlots qui font l'objet d'une crise larvée depuis plusieurs années, voire plusieurs décennies (Taïwan donc, mais aussi les Senkaku, Paracels et les Spratleys). Ces confrontations navales qui se font via des forces civiles ou paramilitaires font craindre l'engagement des marines de guerre des pays concernés. Par son porte-aéronefs, Pékin pourrait (conditionnel, toujours) faire savoir que, à l'avenir, la volonté de la Chine est suffisamment forte pour engager un ou deux autres porte-aéronefs supplémentaires, voire un porte-avions nucléaire. Il y a donc un défi militaire qui est lancé. Le Japon a d'ores et déjà lancé deux destroyers porte-hélicoptères (16DDH) et devrait percevoir dans les prochaines années deux autres navires porte-hélicoptères (les deux destroyers 22DDH, notoirement plus grands). La question qui est posée aux Etats-Unis est celle de la volonté :
  • est-ce que Washington relève le défi chinois et reste partie prenante dans les différentes crises qui secouent le Sud-Est asiatique, notamment et surtout les crises territoriales ?
  • Ou bien est-ce que la stratégie d'engagement prioritaire en Asie décrétée par les derniers gouvernements américains (dont celui d'Obama) n'est pas subordonnée à une volonté politique suffisamment solide ?
Pékin fait sentir sa détermination, notamment, et pas seulement, par le poids de son engagement naval. Alors soit les Etats-Unis répondent présent et l'US Navy s'engage encore plus en Asie, soit le Japon et les autres nations asiatiques se retrouvent en tête-à-tête avec la Chine. A ce moment là, les modalités d'un équilibre des puissances entre elles seront tout autre avec une présence américaine en reflux.

Cette supposition sur le choix du nom du porte-aéronefs chinois demeure une supposition. Il est certain que la Chine ne choisit pas au hasard le nom de ses plus importantes unités navales qui constituent le fondement de sa puissance de demain. Si c'est une manière de tester la volonté politique américaine, alors la réponse façonnera pour beaucoup les équilibres gépolitiques des 20 ou 30 prochaines années. Dans ce cadre, l'Europe ne peut que s'attendre à un seul cas de figure : un désengagement américain encore plus grand du Vieux continent puisque : si les Etats-Unis relèvent le défi asiatique jusqu'au bout en continuant à construire un front d'opposition à Pékin, alors les américains auront besoin de la majorité de leurs forces disponibles dans le Pacifique, et cela se fera certainement au détriment de l'Europe (qui investit beaucoup moins sur le plan militaire que le reste du monde). Mais si les Etats-Unis abdiquaient face à Pékin et abandonnaient la stratégique de containment de la Chine dans le Pacifique, alors pourquoi est-ce que les Etats-Unis s'investiraient-ils en Europe ?!