© Ambassade de France en Grèce - Kostas MPEKA. 13 février 2020. |
L'ambassade
de France en Grèce diffusait ce 14 féverier 2020 les clichés de la
soirée du 13 février donnait en l'honneur de la signature d'accords
entre Naval group, MBDA, Thales, le GICAN avec des industriels grecs
et le SEKPY. La maquette présentée à la soirée paraît figurer la
configuration finale des Frégates de Défense et d'Intervention
(FDI)
destinées à la Marine nationale (5) et à la Marine de guerre
hellénique (2). Cela tendrait à faire accroire l'idée que si le
contrat portant acquisition des FDI
n°1 et 2 grecques n'a pas été signé, tous les signaux sont verts.
Reste à observer si cette coopération industrielle augure de
l'acquisition des FDI
n°3 et 4 que la Grèce paraît toujours désirer.
Les
points structurants des discussions franco-grecques étaient la
nécessité d'aller vite car dans l'optique d'une potentielle
commande de quatre FDI les commandes d'approvisionnement à
long terme devaient être passées aux industriels concernés avant
le 31 janvier 2020. C'est pourquoi il est très probable que la
maquette présentée à l'ambassade de France puisse présenter la
quasi-totalité des caractéristiques attendues pour les FDI
destinées à la Grèce qui ne différeront que sur de rares points
de la version Marine nationale.
En
débutant par la plage avant, il est possible de constater que ces
frégates bénéficieront d'une pièce 76 mm/62 calibres STRALES /
DART (2004) d'OTO Melara en remplacement de la précédente version
(76 mm/62 calibres Super Rapido (1985). La Marina militare remplace
actuellement ses 76 mm/62 calibres Super Rapido par ces nouveaux
systèmes.
Le
76 mm/62 calibres STRALES / DART se compose d'une version améliorée
du 76 mm/62 calibres Super Rapido et d'obus spécialisés dans la
lutte anti-missile. Le 76 mm/62 calibres Super Rapido évolue par
l'adjonction d'une conduite de tir Dardo-F appuyé par un radar
NA-25X en bande Ku projettant quatre
faisceaux, deux pour illuminer et poursuivre la cible, deux autres
pour suivre l'obus tiré à son encontre. L'obus guidé DART (Driven
Ammunition Reduced Time of flight) sont chambrées en 42 mm et
insérées dans un adaptateur de 76 mm afin de pouvoir être tiré
par la pièce. Chaque obus manœuvre par six ailerons grâce aux
ordres reçus par récepteur radio afin de corriger sa trajectoire
jusqu'à la cible.
Le
76 mm/62 calibres STRALES / DART atteint une portée pratique de
jusqu'à 8000 mètres avec une vitesse en sortie de bouche portée à
1200 m.s-1 contre 900 m.s-1 pour la version précédente. La pièce
peut tirer au coup par coup ou par rafale d'obus guidés contre un
missile car l'intérêt du système est sa faculté à tirer des
coups multiples contre un seul et même missile assaillant. Autant de
caractéristiques qui le voit prétendre à concurrencer les CIWS
(Close-In Weapon System), grand point d'attention de la marine
grecque.
La
Marine nationale aurait consenti à adopter cette pièce
d'artillerie. Une partie des 76 mm des FDI françaises
devaient provenir des FREMM n°9, 10 et 11 dont la commande
fut annulée sans que le contrat d'approvisionnement auprès de
l'industriel italien puisse être renégocié. Néanmoins, les 76
mm/62 calibres Super Rapido peuvent être portés au standard STRALES
/ DART par grâce à un lot de modernisation prêt-à-monter. Il sera
intéressant d'observer si après avoir étendu le nombre de
plateformes employant l'ASTER 30, l'adoption d'une pièce à haute
cadence de tir de 40 mm, la Marine nationale renforcera les qualités
intrinsèques de ses 76 mm en matière de défense anti-aérienne.
Le
système de lancement vertical sera porté de deux à quatre SYLVER
en exploitant la réserve prévue. La marine grecque pour disposer de
quatre lanceurs SYLVER se retrouvait dans l'obligation de demander la
capacité MdCN (Missile de Croisière Naval), ce qui suppose la
présence d'au moins un SYLVER A70. Et ce afin de ne pas diverger de
l'effort que la Marine nationale était prête à consentir pour
financer les études d'intégration des SYLVER n°3 et 4. Les études
se résumeront à relier ces lanceurs au système de combat et aux
différents réseaux du bord.
La
configuration du système de lancement vertical sera donc commune aux
deux marines et les SYLVER (SYstème de Lancement VERtical) panachés
ainsi :
- 3 x SYLVER A50 (24 missiles ASTER 15/30) ;
- 1 X SYLVER A70 (8 missiles MdCN).
Cela
revient à dire qu'il est attendu que la France fournisse à la Grèce
un lot de 16 MdCN pour les deux frégates commandées ou à
commander, plus un volant de gestion pour l'entretien et possiblement
l'instruction. Aucun accord ne paraît avoir été conclu en ce sens
s'il fallait s'en tenir à la communication des gouvernements des
deux pays. Mais la définition des spécifications des deux frégates
et la demande grecque de la fourniture d'une telle capacité depuis
plus ou moins l'année 2006 amènent à considérer que cela pourrait
être satisfait.
Les
antennes de communication satellitaire SYRACUSE (SYstème de
RAdioCommunication Utilisant un SatellitE) présentent au pied de la
mâture unique au-dessus de la passerelle et à l'arrière du hangar
à l'arrière ne sont pas présentes sur la maquette. Et cela paraît
logique puisque SYRACUSE est un système français, prévu pour un
usage au profit des seules forces armées françaises. Les frégates
grecques ne recevraient que les deux antennes de communication
satellitaires INMARSAT, visibles ici sur la maquette.
La
conduite de tir radar STIR 1.2 EO Mk2 (Thales) sera bel et bien
présente dans la configuration commune aux deux marines. Elle agira
au profit de pièce d'artillerie et éventuellement des missiles et
sera redondante avec une fonction analogue détenue par le radar
SeaFire 500.
La
mâture unique des FDI françaises et grecques paraît, aux
dires de la maquette, présenter les mêmes senseurs de guerre
électroniques. Les frégates des deux marines recevraient donc
toutes les deux le PASEO XLR (SAFRAN) dont deux exemplaires semble
être présents sur la mâture.
Par
contre, il paraissait acté que les FDI grecques, à la
différence des françaises, reçoivent un système CIWS Mk15 Phalanx
20 mm qui est ici absent de la maquette. Le besoin essentiel par
l'intégration d'une pièce d'artillerie anti-aérienne à l'arrière
est la couverture du secteur adjacent, le plus faible face à des
missiles anti-navires détenant la faculté de choisir la route
permettant d'atteindre le secteur le moins défendu.
La
Marine nationale se distingue par la préférence au recours à des
brouilleurs, même si les FDI n°1 et 2 en seront dépourvues.
Néanmoins, l'adoption du RAPIDFire Naval au profit des BRAVE
et très probablement à celui des Patrouilleurs Océaniques (PO)
préfigure peut être une potentielle intégration sur FDI,
sur le même roof, ce qui supposerait de déplacer l'antenne SYRACUSE
et que cette dépense soit en concurrence avec d'autres (leurres et
brouilleurs).
Et
il ne semble pas être prévu que des brouilleurs de fortes
dimensions et puissances soient exportés. Et dans le même ordre
d'idées, la maquette ne présenterait qu'un seul système de leurres
en deux lanceurs. Il pourrait s'agir du SYLENA (LaCroix).
Un
premier CIWS Mk15 Phalanx 20 mm sera disposé sur le roof dominant le
hangar aéronautique. Ils devaient être prélevés sur les frégates
grecques de la classe Elli qui possèdent, chacune, deux de
ces systèmes. En prélude à l'admission au service actif des FDI
grecques, deux frégates de cette classe seront désarmées et les
candidates les plus probables, au sens des plus âgées, sauf si
d'autres sont plus usées, sont les Aigaion (1993 -
2024 ?) et Adrias (1993 - 2026 ?).
Il est possible de s'interroger sur l'intégration d'un CIWS Mk15 Phalanx 20 mm au-dessus de la passerelle, ce qui suppose que son toit soit prévu pour supporter le poids d'un tel système et que son utilisation ne soit pas rédhibitoire avec le système de lancement vertical disposé sur la plage avant.
C'est
moins visible sur la maquette mais la plateforme hélicoptère sera légèrement
refondue afin que ses installations aéronautiques permettent
l'intégration des hélicoptères de lutte anti-sous-marine S-70B-6
Aegean Hawk en dotation dans la marine grecque.
Il
était toujours question fin 2019 que deux FDI supplémentaires
soient construites en Grèce mais leur cas ne semble pas entrer dans
le format de l'actuelle négociation. Elles seront peut-être visées
par un programme séparé. Et les quelques accords industriels signés
en ce mois de février n'indiquent pas qu'une décision en ce sens
ait pu être prise. Mais ils facilitent la bascule en cas de commande
avec de premières commandes à passer à l'industrie grecque. Par
ailleurs, fin 2019 il était dit que l'enveloppe pour les FDI
n°1 et 2 grecques bénéficiaient d'une enveloppe de 1320 millions
d'euros. Celle-ci aurait bondi à plus ou moins 2000 millions d'euros
selon certaines sources. Il s'agit peut être là d'une première
indication.
Les
FDI françaises appartiendront à la classe Amiral Ronarc'h et
seront livrées entre 2023 et 2029. Les deux frégates grecques
devant être mises sur cale à Lorient pourraient être livrées en
en 2024 et 2026.
Par
Ioannis NIKITAS (Defence review) et Thibault LAMIDEL
Avec l'arrivée du 76 Strales/Dart en pièce avant de la FDI, on se demande si la nécessaire pièce arrière ne devrait pas être plutôt le tout nouveau 76 mm Sovraponte visible sur le PPA Thaon du Revel récemment lancé et dont la munition spécifique est justement le Dart sous calibré.
RépondreSupprimerL'avantage présentée par le RapidFire Naval selon les mots du CEMM est qu'il permet de faire coïncider besoin opérationnel et filière industrielle. Mais l'absence d'obus crédible quant à la lutte anti-missile est d'ores et déjà un frein à son installation à l'arrière. Et dans cette perspective, il s'agirait de s'interroger sur les coûts associés au Sovraponte, vis-à-vis de la filière 76 d'OTO-Melara.
SupprimerPour mémoire, il y avait initialement un projet d'obus guidé pour le 40CTA utilisant un des Dards du missile Startrek de Thales.
RépondreSupprimerMerci pour l'information que je ne connaissais absolument pas. Je vais aller potasser le sujet car je suis très curieux de connaître et comprendre les rationalités de la proposition de Thales.
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