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Le
site polonais d'informations navales et du secteur de l'énergie
Portal Stoczniowy (« Francja
proponuje Indiom nowy typ okrętu podwodnego », 19 février
2020) affirme que le SMX 3.0
proposé par Naval group pour le programme P75i de la Bhartiya
Nausena (Marine indienne) intègre un système de lancement vertical
percé à huit silos et la nouvelle pile à combustible, c'est-à-dire
la Fuel Cell
de seconde génération (FC-2G).
Le
programme P75i était approuvé en 2007 par le ministère indien de
la Défense. Une première demande d'informations était émise en
2008. Le conseil d'acquisition de la défense approuvait le programme
en 2010. Une nouvelle demande d'informations était alors émise sans
qu'elle ne déboucha sur l'appel à propositions prévu pour 2012. En
mai 2017, décision était prise que le programme P75i relèverait du
chapitre 7 du Defence Procurement Procedure 2016 : les bateaux
devront être construits en Inde sous transfert de technologie. Mais
la mise en concurrence des chantiers est abandonnée en mars 2018 :
Magazon Dock Limited qui construit les Scorpène assemblera les
bateaux du programme P75i. Une troisième demande d'informations
était lancée en juillet 2017. L'approbation ministérielle du
programme expirait en février 2018 et était renouvelée en janvier
2019. L'enveloppe budgétaire atteindrait entre 5062,8 et 7594,2
millions d'euros.
Le
besoin de la Bhartiya Nausena correspondrait à un sous-marin à
propulsion classique dont l'autonomie en plongée sera prolongée
grâce à un dispositif aérobie. Le déplacement sera moitié plus
important que celui du programme P75 (1700 tonnes) : soit environ
2500 tonnes en surface. Les futurs sous-marins devront posséder les
qualités d'évolutions pour naviguer dans les eaux côtières («
littoral » et « shallow waters ») et océaniques («
blue water ») face à des oppositions anti-sous-marines et de
guerre électronique denses. Ils seront aptes à soutenir des
missions de lutte anti-navire, de lutte anti-sous-marine et de
frappe dans la profondeur grâce des torpilles lourdes (18), des
missiles anti-navires (4 ?) et des missiles de croisière (12). En
outre, ils pourront opérer et employer des forces spéciales et
soutenir des missions de reconnaissance et surveillance (ISR), de
minage.
La
Defence Research and Development Organisation (DRDO) laissait
échapper le 3 décembre 2019 que le programme national portant sur
le développement d'un système de propulsion indépendante de l'air
(Air Independent Propulsion (AIP) ne serait pas prêt avant
2024. Par voie de conséquence, la construction de six sous-marins du
programme P75i pourrait enfin déboucher tandis que les sous-marins
du programme P75, c'est-à-dire les Scorpène de la classe
Kalvari, intégreront les systèmes AIP développés par le
DRDO à chaque rénovation à "mi-vie".
Le
salon DEFEXPO 2020 (5 – 9 février) voyait le site d'informations
indien Livefist
– Defence.com y apprendre dès le premier jour que MBDA et
Naval group proposaient le Missile de Croisière Naval (MdCN ou Naval
Cruise Missile
(NCM) dans le cadre de l'offre du constructeur français de
sous-marins pour le programme P75i. Il s'agirait d'en déduire que
cette proposition commerciale est autorisée par Paris au titre du
partenariat stratégique franco-indien. Et que le missile de
croisière Nirbhay en cours de développement ne bénéficierait pas
de la mise en service d'une version tirée par sous-marin et donc à
changement de milieu à temps pour le programme P75i. Le fait qu'il
soit prévu qu'il puisse être armé d'une tête nucléaire (12 kT)
le réserve peut être au futur programme de sous-marins nucléaires
d'attaque.
Le
21 janvier 2020 était dévoilé que les chantiers navals Mazagon
Docks Ltd (MDL) et Larsen & Turbo (L&T) sont retenus
comme « strategic partners » pour le programme P75i pour lequel
cinq constructeurs de sous-marins concourrent toujours. Et ils ont
semble-t-il tous accepté d'adapter leur proposition industrielle à
l'emploi du missile anti-navire BrahMos
II.
La
proposition de Naval group pour le programme P75i est fondée sur le
SMX 3.0 (et non pas
sur le Scorpène ou
le « Barracuda conventionnel »)
dont la maquette fut présentée dès le salon EuroNaval 2016. Il
s'agit d'un sous-marin dont la version « au catalogue » est longue
de 85 mètres pour un 8,2 mètres de diamètre de coque. Le
déplacement en surface est de 3000 tonnes et le déplacement en
plongée serait d'environ 3400 tonnes. L'immersion opérationnelle du
sous-marin est supérieure à 350 mètres. La vitesse maximale en
plongée dépasse les 20 nœuds Le rayon d'action (en surface ?) à
10 nœuds dépasse les 8000 nautiques et l' « autonomie »
(en vivres ?) est de plus de six semaines. Le nombre d'armes
tactiques à bord est de 30 dont 8 disposés dans un système de
lancement vertical à l'arrière du massif et le reste dans une soute
à armes tactiques servie par quatre tubes lance-torpilles.
Le
système de combat serait logiquement le SUBTIC (Naval group). La
suite sonar n'est pas non plus précisée. Elle s'appuierait très
probablement sur l'UMS 3000 (Thales) avec un ensemble d'antennes dont
un sonar cylindrique à l'étrave, deux antennes de flanc, un
intercepteur d'ondes sonar devant le massif et une antenne linéaire
remorquée, le SMX 3.0 disposant de l'installation nécessaire
au ravalement de cette antenne en plongée.
La
propulsion du SMX 3.0
comprend la FC-2G (Vincent Groizeleau, « Sous-marins
: le nouvel AIP de Naval Group tient ses promesses », Mer et
Marine, 27 septembre 2019) qui est la première pile fonctionnant
selon un procédé de reformage de l'hydrogène à partir du gazole.
Cet hydrogène est injecté dans la pile à combustible au niveau de
l'arrivée d'oxègène, cryogénisé dans un réservoir dédié. La
production d'électricité ainsi générée atteint les 250 kW et
sert à alimenter les éléments de la batterie. La marche à la
seule force de la pile à combustible atteint une vitesse maximale
d'environ 5 nœuds pour une vitesse de
croisière comprise entre 2 et 4 nœuds, assurant une autonomie en
plongée de trois semaines.
Le
SMX 3.0 est aussi proposé,
au catalogue, avec une batterie lithium-ion. Naval group
travaillerait sur le sujet depuis plusieurs années. Et il est
probable que son partenaire privilégié en la matière puisse être
la société SAFT (Société des Accumulateurs Fixes et de Traction).
Cette dernière présentait un prototype d'une telle batterie au
salon EuroNaval 2018. La batterie de SAFT serait aussi du type
LiFePO4 avec la promesse d'une augmentation des performances de 20% à
basses vitesses et de 200 à 300% à la vitesse maximale qui peut
être soutenue quelque soit l'état de charge de la batterie. Les
essais du prototype devraient être achevés en 2020 au plus tard.
Le
moteur électrique n'est pas précisé mais il serait logique qu'il
soit dérivé de celui livré en juin 2015 par Jemont Electric livré
au LABGENE pour tester à terre tous les éléments de la propulsion
du premier SN-BR (Submarino
Nuclear
– BRasil)
: le futur SN-10 Álvaro Alberto.
D'une masse de 72 tonnes pour un encombrement de six mètres de long
pour 4,5 de hauteur et de 3 de large, ce moteur électrique de
propulsion aurait une puissance voisine des 7 MW. Une puissance
légèrement inférieure sera nécessaire pour pousser les 3400
tonnes de ce sous-marin.
Le
propulseur du SMX 3.0,
toujours selon le catalogue, comprenait une hélice non-carénée. Eu
égard à l'importance du partenariat stratégique franco-indien et
ses multiples abondements, il serait très difficile pour Paris et
Naval group de ne pas proposer un système de pompe-hélice («
pump-jet
») comme pour l'Australie (classe Attack)
et comme c'est proposé aux Pays-Bas. Le propulseur n'est plus une
simple hélice aux formes plus ou moins travaillées. Il s'agit d'un
carénage contenant un stator
servant
à la mise en mouvement de l'eau de mer avant qu'elle ne soit
"attaquée" par l'hélice elle-même, ici qualifiée de
rotor.
Le système complet permet de réduire les bruits provoquées par la
cavitation (bulle d'air se formant et explosant sur les pales de
l'hélice).
L'autonomie
en plongée du SMX 3.0 grâce
à la combinaison de la FC-2G et d'une batterie lithium-ion n'est pas
précisée. Elle dépasserait fatalement les trois semaines de ce
qu'est en mesure de faire la FC-2G en alimentant une batterie
plomb-acide. Mais serait-elle en mesure d'atteindre 4, 5 ou 8
semaines ?
La
nouvelle publicité à l'endroit du SMX 3.0
est opportune que sa production ait été désirée ou non car elle
illustre ce que Naval group peut proposer au moment où la dernière
ligne droite à élimination directe se déroule aux Pays-Bas dans
l'optique de la sélection d'un constructeur pour entrer en
négociation exclusives en 2021 alors même que TKMS doit soumettre
sa troisième proposition engageante aux agences d'acquisition des
défenses allemande et norvègienne qui avaient retoqué les deux
précédentes dans l'optique ici d'une signature d'un contrat au
premier semestre 2020. En Inde, Naval group et le bureau Rubin
peuvent proposer toutes les deux l'ensemble des munitions demandées
ou non, dont le missile de croisière. Mais seuls Naval group et
Navantia peuvent proposer un bateau doté d'un module AIP.
Il y a du nouveau pour Naval Group qui veut se relancer en Inde: https://www.meta-defense.fr/2020/06/23/pour-construire-de-nouveaux-sous-marins-en-inde-naval-group-cherche-a-developper-des-partenariats-exclusifs-avec-les-chantiers-navals-locaux/
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