القوات البحرية الملكية المغربية : intérêt pour le Scorpène ?

© Navantia. Il s’agit probablement du SS-23 General O'Higgins (2005), mis sur cale à Carthagène (Navantia).

     Il semblerait que l'intérêt du Maroc se porte sur le Scorpène CA-2000/Compact, après des marques d'intérêt pour d’autres propositions, notamment de Russie et de Grèce, sans compter de potentielles coopérations avec le Portugal, voire l’Italie. Il s'agirait d'acquérir, au moins, un sous-marin qui rejoindrait la nouvelle base navale de Ksar Sghir (القصر الصغير), au terme de négociations pouvant aboutir en 2022, dans le cadre du futur plan quinquennal (2022 – 2026 ?).

     La Marine royale marocaine (القوات البحرية الملكية المغربية) entretiendrait l'actuel projet d'acquisition de sous-marins depuis 2012, et plus largement Rabat augmenterait les capacités de lutte anti-sous-marine de ses armées, au prisme de l'augmentation du nombre de sous-marins détenus par l'Algérie dont le nombre de coques fut porté de deux à six unités entre 2010 et 2019 : deux sous-marins refondus de l’Izd. 877 EKM, quatre autres nouvellement acquis de l’Izd. 636.3.

     Une première réponse a consisté dans l'acquisition de l'équivalent d'un groupe d'action sous-marine, comprenant l'acquisition de trois corvettes auprès des Pays-Bas de type SIGMA (Ship Integrated Geometrical Modularity Approach) - deux SIGMA 9813 (Sultan Moulay Ismail (2012 – 2042 ?), Allal ben Abdellah (2012 - 2042 ?) et une SIGMA 10145 (Tarik ben Ziyad (2011 - ...) et d'une FREMM (FREgate Européenne Multi-Missions) auprès de la France : la frégate Mohammed VI (2014 – 2044 ?).

     Le Maroc, afin de soutenir ses prétentions en matière d'extension et de contrôle de sa zone économique exclusive, renouvelait également ses patrouilleurs côtiers et hauturiers. Plus intéressant, la constitution de son dossier portant demande d'extension de son domaine maritime bénéficiait de l'admission au service actif du Bâtiment Hydrographique et Océanographique Multi-Missions (BHO2M) Dar al Beida (2018), conçu par Piriou, en collaboration avec le Service Hydrographique et Océanographique de la Marine (SHOM) et qui aura été une étude préliminaire du BH NG au programme Capacité Hydrographique et Océanographique Future (CHOF).

Cette capacité hydrographique peut aussi servir à établir les cartes nécessaires à la navigation sous-marine et constituer ainsi une capacité dite duale.

     Depuis 2012, des papiers, surtout russes et nord-africains, faisaient état d'une proposition russe pour plusieurs sous-marins Amur-1650 (Izd. 677E). Selon les sources, le format étudié aurait pu comprendre trois ou quatre sous-marins dans le cadre de ces discussions. La proposition commerciale semblait s'être éteinte avec l'échec de l’ Izd. 677E, prononcé en 2016 car l'industrie russe n'a pas capable de mettre au point un système d’Air Independant Propulsion (AIP). Et Moscou aurait embrayé par une nouvelle offre centrée sur les futurs sous-marins du programme Kalina, sans guère plus de résultat. Et la campagne commerciale se serait éteinte, plus ou moins, en 2018.

Il est à relever qu’il aurait été question d'un appui financier saoudien à l'opération. Ryad aurait ainsi souhaité rendre coup sur coup au soutien algérien à la création d'une enquête internationale au sujet du conflit opposant la rébellion des Houthis à la coalition arabe conduite par l'Arabie Saoudite.

     Il a pu être avancé que la Chine aurait, elle aussi, fait une proposition commerciale sur la base du S-20, version commerciale du Type 041 Yuan.

     Le dossier de l’acquisition d’une sous-marinade par le Maroc aurait été fortement relancé au début de l'année 2019 (« Marruecos busca submarinos para su nueva base delAtlántico », El Condidencial Digital, 18 février 2019). El Condidencial Digital l'écrivait à partir de sources haut placées de l'Armada Española. L'année 2019 ne semblait pas nécessiter la recherche d'un appui politique supplémentaire, en Espagne, au profit du programme S-80. Ce serait plutôt le renforcement du format sous-marin algérien qui serait à l'origine de cette relance marocaine.

L'obtention d’une capacité sous-marine initiale par l’acquisition de sous-marins d'occasion ne semblait pas avoir été étudiée jusqu’en 2016. Selon El Condidencial Digital, des discussions auraient été tenues entre Athènes et Rabat pour la vente d'anciens sous-marins grecs afin de servir à la formation du ou des futurs équipages « d'un sous-marin plus moderne ». Et d'autres marins auraient été envoyés dans des écoles de formation, grecque mais aussi italienne.

     Le 12 juillet 2019, le ministro da Defesa Nacional, M. João Gomes Cravinho (15 octobre 2018 - 26 octobre 2019), recevait le ministre marocain délégué auprès du Chef du gouvernement, chargé de l'Administration de la Défense nationale, M.Abdellatif Loudyi (2 décembre 2010). La visite à l'Arsenal de Alfeite témoignait de l'intérêt du ministre marocain, selon son homologue portugais, pour les nouvelles installations, notamment dans la réparation et la maintenance des sous-marins. Le sujet sous-marin a été érigé au rang de domaine de coopération bilatérale et il a été révélé que « quelques sous-mariniers marocains » embarquaient à bord des NRP Arpão (2010) et NRP Tridente (2010) - Type 209 PN/Type 214/1800 - à l'occasion d'exercices.

Il y avait peut être un lien de cause à effet avec la confirmation d'une sollicitation de TKMS début 2019, aux côtés de Navantia et Naval group.

     L'intérêt du Maroc se porterait désormais plus particulièrement sur une éventuelle proposition autour du Scorpène, avancée par Naval group dans le cadre de discussions s'étant focalisées sur le sujet sous-marin (« Marine royale : Navantia rêve déjàde nouveaux contrats de patrouilleurs, Naval Group mise tout sur lessous-marins », Africa Intelligence, 4 mars 2021). Et quelques papiers, citant la publication d'Africa Intelligence, évoquent le Scorpène CA-2000/Compact dont la propulsion serait pourvue d'un Module d'Energie Sous-Marine Anaérobie (MESMA).

Entre temps, il semblerait que la programmation marocaine se soit restreinte à l'acquisition d'un sous-marin depuis 2019 dans le cadre de la relance des efforts sur ce sujet. L'enveloppe budgétaire serait de l'ordre des 500 à 600 millions d'euros et aurait vocation à être inscrite dans le cadre du prochain plan quinquennal (2022 - 2026 ?). Cela semble être cohérent avec l'acquisition d'un premier sous-marin, de toutes les infrastructures associées (entraînement, entretien et soutien, etc) et du fait que la version étudiée serait optimisée pour un emploi côtier.