Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





22 mars 2021

Deutsche Marine : coût de la procédure FMS pour cinq P-8A Poseidon

© Dylan Pelps - ZFW Aviation. Un P-8A Poseidon équipé du radar AN/APS-154 Advanced Airborne Sensor (AAS), attaché à la cellule grâce au Special Mission Pod Deployment Mechanism (SMPDM) et servant de radar GMTI contre les cibles mobiles terrestres et navales.

     Une lecture cantonnée au montant de la procédure FMS, engagée par l’Allemagne, et par comparaison avec les contrats d’acquisition des P-8A Poseidon par l’Australie et le Royaume-Uni, invite fortement à considérer la possibilité que soit conclu un contrat avant l’été 2021. Et de s’interroger sur la possibilité si l’abandon de la modernisation des huit P-3C Cup+ Orion n’a pas été abandonnée au seul profit d’ouvrir la voie à une acquisition du P-8A Poseidon depuis juin 2020.

     Berlin poursuit les procédures administratives engagées depuis le 16 juin 2020 car, et en raison de la remise d'une étude de faisabilité économique du ministère allemand de la défense, divulguée le 16 juin 2020 (Sabine Siebold, « Paul Carrel et Mark Heinrich, Germany looks at buying new maritime patrol aircraft: document », Reuters, 16 juin 2020), il était affirmé que le programme de modernisation des huit P-3C CUP + Orion « représente un risque financier et technique trop élevé ». Autrement dit, il manquait 340 millions d'euros (2020) pour achever le programme financièrement ainsi sous-doté.

Par voie de conséquence, les huit P-3C CUP + Orion seront retirés du service à partir de 2025. Une étude de marché, préparée par le ministère allemand de la défense, et transmise à la commission défense du Bundestag, a étudié les solutions disponibles quant au remplacement des huit P-3C CUP + Orion, confirmant l'abandon de leur programme de modernisation. Et cette étude retenait trois appareils : 

  • C-295 MPA (Airbus), 
  • RAS 72 Sea Eagle (ATR/Rheinland Air Service), 
  • P-8A Poseidon (Boeing).

Le P-8A Poseidon (Boeing) est une solution opérationnelle couvrant le haut du spectre opérationnel et en raison de ses caractéristiques intrinsèques, de ses coûts associés ne peut être raisonnablement qualifié de « solution intérimaire ».

     Après avoir reçu l'approbation de la Defense Security Cooperation Agency (DSCA) et apposée la sienne sur la procédure Foreign Military Sales (FMS), le State Department transmettait celle-ci, le 12 mars 2021, au Congrès. Berlin poursuit les procédures administratives engagées depuis le 16 juin 2020, afin de pourvoir au remplacement de ses huit P-3C CUP+ Orion.

Rien n'a été publiquement dit sur la tenue, ou non, de demandes d'informations (Request for information (RFI) adressée par Berlin aux industriels des deux autres aéronefs identifiés en juin 2020. Mais le P-8A Poseidon a reçu un soutien de poids en la personne de l'Inspekteur der Marine, c'est-à-dire le Vizeadmiral Andreas Krause (1er août 2013 - 2021) via un tweet rédigé en anglais et depuis son compte officiel : « P8 Aircraft would be the perfect interim solution to prevent a capability gap in the increasingly important area of airborne Antisubmarine Warfare » (21 mars 2021). Il effectuera sa passation avec son successeur cette semaine qui bénéficie du plein effet de la prise de position sans en assumer les responsabilités.

     Et de rappeler que la DSCA traduit le besoin militaire étranger, exprimé à travers la procédure FMS, en une liste de spécifications, construites comme s'il s'agissait d'équiper une unité opérationnelle américaine, avec un dimensionnement de celles-ci porté à leur paroxysme. La DSCA, tant par habitude que par l'objet du procédé, propose au Congrès une FMS aux quantités exagérées car cela établi une limite haute sur le plan matériel pour les négociations, évitant d'avoir à faire repasser devant le Congrès le résultat de négociations ayant dépassé le mandat initial.

     Mais une comparaison avec deux précédentes procédures FMS ayant débouché sur des contrats d'acquisition du P-8A Poseidon, en Australie et au Royaume-Uni.

En Australie, il était annoncé, le 20 juillet 2007, que le P-8A Poseidon était l'appareil préféré afin de remplacer les AP-3C Orion. Le contrat fut signé en août 2014 et a bénéficié d'une première tranche de 3077 millions d'euros en données corrigées de l'inflation (février 2021) afin de financer huit P-8A Poseidon (Australie) qui ont été commandés en deux lots distincts de quatre appareils (2014 et 2016), avec l'ambition de commander une tranche supplémentaire de 7 avions au cours des prochaines années, dans l'optique qu'il soit admis au service avant la fin des années 2020 selon le White Paper 2016.

Au Royaume-Uni, il était annoncé, le 23 novembre 2015, le projet d'acquérir des P-8A Poseidon afin de pourvoir au remplacement des Nimrod MRA4 (BAE Systems) dont le développement a été abandonné par la Strategic Defense Review 2010 et dont le retrait du service fut effectif en 2011. Le 11 juillet 2016 était signé un contrat d'une somme de 3630 millions d'euros en données corrigées de l'inflation (février 2021), comprenant le coût de neuf P-8A Poseidon.

Eu égard à ces deux contrats, et par emploi d'un bête produit en croix, en rapportant le volume au nombre de P-8A Poseidon : la procédure FMS allemande aurait dû consister en un volume financier compris entre 1923,12 et 2016,7 millions d'euros (2021) pour cinq appareils. Mais l'actuelle procédure FMS ne couvre qu'une somme de 1482,92 millions d'euros (2021).

     Cela révèle, premièrement, et de manière exceptionnelle et donc surprenante, que cette procédure FMS n'est pas exagérée en volume mais même sous-dimensionnée au regard deux autres programmes précités.

     Deuxièmement, cela invite à proposer la conclusion suivante : la précision du volume financier global, et le fait que celui-ci soit au-dessous des montants des contrats australien et  britannique, oblige à considérer que les discussions, voire tout simplement les négociations sont à un degré si avancé que la FMS a été bâtie uniquement sur le besoin opérationnel allemand, à partir d'une esquisse financière d'ores et déjà connue, peut-être même grâce à des échanges avec d'autres possesseurs du P-8A Poseidon afin de déterminer quels postes pouvaient être réduits, et non pas à partir des habitudes administratives de la DSCA devant permettre l'ouverture de négociations à partir de spécifications maximales de la capacité opérationnelle dont l'acquisition est envisagée.

     In fine, cela invite à considérer que la procédure a été menée, entre juin 2020 et février 2021, de sorte qu'il soit possible de conclure rapidement un contrat. Le dernier rapport sur le matériel, paru en février 2021, affirmait que « le financement n'est pas garanti » : il n'y a pas de ligne budgétaire afférente à l'opération projetée. Mais de rappeler que l'Australie officialisait sa participation au programme P-8A Poseidon avec un versement, , en octobre 2012, de 63 millions d'euros en données corrigées de l'inflation (février 2021). Il ne serait pas difficile au gouvernement fédéral de dégager un si modeste volume budgétaire avant l'été 2021 et donc les vacances parlementaires. Le gros des paiements s'effectuerait, au mieux, à partir de 2024 afin de financer la seule construction des cinq appareils. 

     Ce serait donc la fin du programme MAWS depuis le 12 mars 2021, à la seule et stricte responsabilité de l'Allemagne. Il aurait pu être possible de soulever l'hypothèse d'une mise en concurrence du P-8A Poseidon avec le programme MAWS : en effet, une étude de faisabilité et d’architecture système a été notifiée en novembre 2020 au groupement THED (Thales, Hensoldt ESG et Diehl) et ses conclusions doivent être rendues fin 2022. Et la phase 1A du programme SCAF fut lancée par la ministre des Armées, Mme Florence Parly, et la ministre de la Défense allemande, Mme Annegret Kramp-Karrenbauer, par la signature d'un accord gouvernemental, le 20 février 2020. Ses conclusions permettront la signature du contrat afférent à la phase 1B fin 2022. Il aurait pu se dessiner une pression allemande sur tous les programmes menés en coopération, mêlant, de facto, le sort de MAWS à celui du SCAF comme le sort du MGCS avait été lié au SCAF. Et les élections, en septembre 2021 en Allemagne, en mai 2022 en France, auraient servi à temporiser jusqu'aux conclusions des études. Mais cela ne semble pas leur avoir effleuré l'esprit. Et la tenue de la coopération par l'Allemagne, avec de multiples retards, depuis juin 2020, n'aurait été que de façade, invitant à questionner les véritables rationalités de l'abandon de la modernisation des P-3C Cup+ Orion pour un surcoût de 340 millions d'euros (2020), à mettre en parallèle de la procédure FMS de 1482,92 millions d'euros (2021). Le choix des trois remplaçants n’a pas été des plus honnêtes, deux plateformes sur le bas du spectre, d’environ 20 tonnes, face à la plateforme haut du spectre et de 85 tonnes. Les dés ont-ils toujours été pipés ?

 

3 commentaires:

  1. D'après vous?
    Exit le programme MAWS... Et bientôt idem pour le SCAF et le MGCS - ce qui sauverait ce qu'il reste de notre industrie

    RépondreSupprimer
  2. L'échec programmé du programme MAWS est peut être un mal pour un bien. Prévoir de mettre en service à l'horizon 2035/2040 l'équivalent amélioré d'un P8 Poséidon relève clairement d'un manque d'ambition technologique. Un programme basé sur des drones PATMAR à fort gabarit avec une autonomie de plusieurs jours, capables d'emporter une charge utile (capteurs, armements, bouées, chaînes SAR)au minimum équivalente à l'Atlantique 2 serait une option nettement plus prometteuse. A la clé et pour un coût équivalent, la possibilité de mettre en service une cinquantaine de ces drones (soit le format "guerre froide" de la flotte d’Atlantique 1), au lieu de se contenter de 15 à 20 plate formes pilotées, qu'on n'osera par définition pas envoyer patrouiller dans des zones "chaudes" de peur de les perdre. Nos capacités PATMAR pourraient être démultipliées par de tels drones, surtout si on les fait travailler en réseau pour chercher "l'aiguille dans la botte de foin". Les technologies nécessaires sont déjà existantes aujourd'hui. On peut raisonnablement penser qu'elles seront parfaitement matures et fiables en 2035, et envisager un programme en rupture conceptuelle avec MAWS.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Les drones et avions sont complémentaires. On ne peut pas se contenter de drones. Oui, le drone est endurant, mais il nécessite une bonne liaison de données par satellite et du personnel à terre pour l'analyse des données. Quand à l'avion, il sera plus réactif et les informations seront traitées par du personnel en condition réelle et concrète. Bilan, les deux sont complémentaires. Et si un jour les liaisons de données sont brouillées ou les satellites détruits, nous seront bien content d'avoir encore quelques avions avec des gars à bord pour nous défendre. De plus, drone ou avion, je ne pense pas que la différence de coût soit flagrante.
      Après, faut-il développer les 2 ou en développer un seul et acheter l'autre sur étagère ? A voir, mais c'est un autre débat.

      Supprimer