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La société sud-coréenne Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering (DSME) et la société française Naval group sont les deux derniers chantiers navals concurrents à s'affronter pour la création d'une force sous-marine, forte de deux sous-marins, au profit de la Hukbóng Dagat ng Pilipinas (Marine philippine) dans le cadre d'un exercice financier particulièrement contraint.
Le président de la République des Philippines, M. Benigno Aquino III (30 juin 2010 - 30 juin 2016), énonçait dans le Revised Armed Forces Modernization Act un nouveau plan de modernisation des forces armées sur une échelle de quinze années (2012 – 2027), pourvu d'un budget de 35 336 millions d'euros (2012).
Le lieutenant-commandant Nerelito Martinez, chef d'état-major par intérim des plans et programmes, présentait sa traduction navale, en juin 2012 : le plan « Philippine Fleet Desired Force Mix » (budget de 9092 millions d'euros (2012) contenait l'objectif d'acquérir une capacité sous-marine, la cible était de trois sous-marins. Il aurait même été étudié, en 2012, de retenir des sous-marins côtiers (500 à 1000 tonnes), au nombre de 4 à 6. Mais le projet ne semblait pas recevoir le moindre commencement d'exécution. Le major général Gregorio Pio Catapang faisait une allusion, en octobre 2013, au projet en dissertant sur les avantages et inconvénients des propulsions classique et nucléaire pour les sous-marins.
Le programme sous-marin n'était lancé qu'en 2015 par la Hukbóng Dagat ng Pilipinas. Le vice-amiral Robert Empedrad, « flag officer » ou chef des opérations navales, demandait l'inscription immédiate de l'acquisition de la capacité sous-marine, ce qui était soutenu par le Department of National Defense (DND). La deuxième phase (2018 – 2022) du plan quindécennal comprenait alors l’engagement de l'acquisition de la capacité sous-marine : la cible était révisée de trois à deux sous-marins.
La Fédération de Russie proposait son assistance pour l’obtention d'une telle sous-marinade. Les deux pays négociaient un protocole d'entente, en août 2018, qui ouvrait douze mois de discussions dont le terme et ses suites demeuraient infructueux.
Dès 2016, la Force maritime d'autodéfense japonaise (海上自衛隊 ou Kaijō Jieitai) effectuait une escale à la base navale de Subic Bay avec deux destroyers, les JS Ariake et JS Setogiri, ainsi que le sous-marin Oyashio (premier de sa classe, forte de onze sous-marins). Aucune manifestation publique témoignant de discussions entre Manille et Tokyo ne semble avoir été recensée.
Étonnamment, TKMS ne paraît pas avoir fait acte de candidature, ni même SAAB.
DSME : Type 209/1400
La société sud-coréenne Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering (DSME) avait construit sous licence neuf Type 209/1200 de la classe Jang Bogo ou Chang Bo-go (장보고급 잠수함) dans le cadre du programme KSS I. Et DSME a proposé un Type 209/1400, obtenu par la modification de ces Type 209/1200 de classe Chang Bo-go (9) par les ingénieurs sud-coréens. Le projet a supposé l'allongement de la coque résistante, de modifier la répartition des poids et des volumes et donc le dimensionnement des ballasts. Et l’industriel allemand n’aurait pas facilité la tâche à DSME et aurait même manqué de zèle dans la transmission des « blue prints ». Et cela s'explique tout simplement par le fait que DSME n'avait pas obtenu les autorisations afférentes de TKMS.
Ce Type 209/1400 de DSME fut retenu, en Indonésie, au terme d'un appel d'offres, remportait un marché de trois sous-marins, le 21 décembre 2011. Les deux premières unités destinées à la TNI-AL étaient mises sur cale en Corée du Sud au chantier naval d’Okpo (DSME) tandis que la troisième sera assemblée au chantier naval de PT. PAL à Surabaya (Est de l’île de Java, Indonésie). Ces trois sous-marins appartiennent à la classe Nagapasa (3). Mais il est indiqué que les KRI Nagapasa (403), KRI Ardadedali (404) et KRI Alugoro (405) ne répondent toujours pas au cahier des charges, avec l'incapacité d'atteindre la vitesse maximale, l'immersion opérationnelle, à lancer les armes tactiques et même de servir dans des missions dites « ISR ». D'où certaines demandent d'employés de DSME à l'égard de sociétés fournissant des systèmes embarqués sur sous-marins, à l'occasion de salons.
Et il semblerait selon différentes sources que la mésaventure de la TNI-AL (Marine indonésienne) soit parfaitement connue dans la région et même aux Philippines. D'où une certaine réputation.
Il est allégué, selon différentes sources, que DSME a la capacité de réduire drastiquement les coûts de son offre vis-à-vis de la concurrence. L'exemple indonésien est éclairant à ce sujet car l'offre retenue au terme de l'appel d'offres était indiquée publiquement pour 1100 millions de dollars (2011) : 849,31 millions d'euros (décembre 2011), soit 921 millions d'euros en données converties en euros et corrigées de l'inflation (décembre 2020). Mais cette somme était révisée dès le lendemain de la sélection de l'offre victorieuse de et par DSME de 1100 millions à 1400 millions de dollars (décembre 2011) : 1080,94 millions d'euros (décembre 2011), soit 1173 millions d'euros en données converties en euros et corrigées de l'inflation (décembre 2020), pour trois sous-marins.
Naval group : Scorpène
Le secrétaire État philippin à la Défense, Delfin Lorenzana, déclarait, le 24 juillet 2019, au cours d'une interview donnée à la Philippine News Agency que « The Scorpene is one of the submarines being evaluated by the Armed Forces of our country ». Au terme d'une visite officielle en France (29 novembre - 3 décembre 2019) du secrétaire philippin à la Défense nationale (30 juin 2016), M. Delfin F.Lorenzana, une lettre d'intention fut signée conjointement avec la ministre des Armées, Mme Florence Parly, le 3 décembre 2019. Lettre qui fait suite à la signature de l'accord technique sur la coopération en matière d'équipements de défense et à la convocation de la 2e réunion du comité consultatif conjoint de défense en septembre 2019.
M. Pierre-Eric Pommellet , PDG de Naval group, confirmait que la compagnie avait été très active durant la crise sanitaire dans les discussions menées avec les autorités philippines qui recherchent une proposition industrielle quant à la fourniture de sous-marins et, plus largement, la création d'une force sous-marine (Yannick Smaldore, « Euronaval: Naval Group Confirms Negotiations with the Philippinesfor Submarine Sale », Naval News, 19 octobre 2020). Et le 26 novembre 2020, Naval group annonçait l'ouverture d'un bureau à Manille pour le début de l'année 2021 (Xavier Vavasseur, « Naval Group Opens Office in Philippines with Submarine Deal in Sight », Naval News, 26 novembre 2020).
Et depuis le lundi 8 mars 2021, une délégation philippine est en visite en France. Elle se compose d'une délégation du ministère de la Défense philippin et du chef d’état-major de la Hukbóng Dagat ng Pilipinas, l'Amiral Giovanni Carlo Bacordo. Elle a visité les installations industrielles de Naval group à Cherbourg, le 10 mars (Romain Le Bris, « Cherbourg : une délégation philippine intéressée par deuxScorpène en visite à Naval Group », La Presse de la Manche, 12 mars 2021). Et ses membres ont visité également le site d'Ollioule et le siège de Naval group à Paris. Ils doivent également rencontrer l'Amiral Pierre Vandier.
La proposition française met en avant sa capacité à créer de toutes pièces une force sous-marine, s'appuyant sur l'exemple récent du Brésil où toute une infrastructure industrielle et une base navale furent créées à Itaguai.
Mais l'accent est plus particulièrement mis sur l'exemple de la Malaisie qui avait commandé, le 6 juin 2002, à l'Espagne et la France deux Scorpène CM-2000, les KD Tunku Abdul Rahman (2009) et KD Tun Abdul Razak (2010). Le contrat comprenait également la fourniture d'un sous-marin type Agosta 70 : l'Ouessant (1978 - 2001). Un contrat dénommé « renaissance » fut signé le 28 décembre 2002 mais il n'entrait en vigueur que le 30 octobre 2003. Une ultime IPER débutait le 17 novembre 2003 (2003 - 2005) qui permettait de réarmer l'Ouessant et de le prêter à la Malaisie. La formation des sous-mariniers malais s'étalait du 21 novembre 2005 jusqu'au 1er octobre 2009. L'Ouessant était alors mis en réserve. Et le 9 octobre 2011, le Fairpartner embarquait l'Ouessant à Brest, à direction de la Malaisie pour finalement y être transformé en musée.
Il n’y a pas eu de commentaire particulier fait par Naval group au sujet de quelle version (CA-200, CM-200, AM-200, SB-R) du Scorpène pourrait être proposée. Ni même si celle-ci pourrait recéler un quelconque lien avec le Scorpène évolutions ou encore avec ce qui avait été montré sur le Marlin.
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