Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





12 mars 2021

Deutsche Marine : une FMS pour des P-8 Poseidon pour la Marineflieger ?

© US Navy. P-8A Poseidon.

     Après avoir reçu l'approbation de la Defense Security Cooperation Agency (DSCA) et apposée la sienne sur la procédure Foreign Military Sales (FMS), le State Department transmettait celle-ci, le 12 mars 2021, au Congrès. Berlin poursuit les procédures administratives engagées depuis le 16 juin 2020, afin de pourvoir au remplacement de ses huit P-3C CUP+ Orion. Sur les plans budgétaire et politique, l’affaire apparaît complexe. Et rien en Allemagne paraît indiquer d’une volonté ferme et résolue d’engager des négociations, plutôt avec Boeing qu’avec Airbus ou ATR/Rheinland Air Service, afin d’engager le programme avant l’été 2021. Toute autre solution reporte l’affaire au printemps 2022. 

     La Marineflieger bénéficiait de l’acquisition des avions de patrouille maritime P-3C Orion de la Koninklijke Marine, en 2005, afin de remplacer les Breguet Br. 1150 Atlantic de l’escadrille 3 Graf Zeppelin. Le premier appareil entrait en service en avril 2006. Il bénéficiait de travaux permettant de le moderniser à la version P-3C CUP+ Orion, effectués par Lockheed Martin dans ses installations de Greenville (Caroline du Sud), en vertu d'un contrat préalable avec le gouvernement néerlandais.

Un rapport gouvernemental allemand, publié en avril 2011, relevait que les P-3C Orion souffraient de limitations opérationnelles, en vertu de quoi Berlin demandait par le biais d'un programme de mise à niveau, via Foreign Military Sales (FMS), l'intégration et l'installation des matériels nécessaires à la refonte du système de mission et du système acoustique des P-3C CUP+ Orion. La Defense Security Cooperation Agency (DSCA) approuvait le principe de la vente, le 11 avril 2014. Le Congrès donnait son accord. Un contrat était ensuite conclu entre le gouvernement allemand, Lockheed Martin et Airbus Defence and Space, le 22 juillet 2015. Le contrat prévoyait la fabrication de huit kits de mise à rénovation à mi-vie (aile extérieure, fuselage central et stabilisateur horizontal) par Lockheed Martin. Airbus était responsable de l'installation des kits sur les P-3C CUP+ Orion allemands dans son usine de Manching.

Il s'agissait de permettre à ces avions de patrouille maritime de continuer à opérer entre 2025 et 2035. La phase de réalisation du programme de modernisation devait se dérouler selon deux périodes distinctes :

La première étape ( 2015 - 2017) permettait d'engager la modernisation du système de mission, grâce à un contrat attribué à Lockheed Martin pour des travaux de conception et de conception préliminaires., d'un montant de 54,9 millions de dollars (2016).

La deuxième étape (2017 - 2022) bénéficiait d'un nouveau contrat attribué à Lockheed Martin en 2017, d'un montant de 158,5 millions de dollars (2017). Les travaux suivants étaient prévus pour le système de mission : installation et l'essai du système de mission tactique aéroporté de Lockheed Martin, développé à partir du système JAVA à architecture ouverte et grâce à des logiciels civils sur étagère. Un nouveau système de traitement acoustique (AR-C2P) devait être intégré à bord. Et les capacités de navigation devaient être modernisées, avec une nouvelle avionique, une nouvelle capacité de vol aux instruments (Instrument Flight Rules (IFR).

     Mais après une étude de faisabilité économique du ministère allemand de la défense, divulgué le 16 juin 2020 (Sabine Siebold, « Paul Carrel et Mark Heinrich, Germany looks at buying new maritime patrol aircraft: document », Reuters, 16 juin 2020), affirmait que ce programme de modernisation « représente un risque financier et technique trop élevé » : il manquait 340 millions d'euros (2020) pour achever le programme financièrement ainsi sous-doté.

Il avait également été indiqué que d'autres raisons furent rencontrées : des difficultés techniques, notamment, et elles se matérialisaient par l'accumulation de retards. Et le programme de modernisation amoindrissait la disponibilité d'une flotte présentant d'ores et déjà des lacunes en la matière, situation aggravée par les graves dommages subis par l'un des appareils à l'occasion d'un accident de ravitaillement à la fin du mois de mars 2020. Il en résultait une réduction d'autant de la préparation opérationnelle.

Par voie de conséquence, les huit P-3C CUP + Orion seront retirés du service en 2025, et le programme de modernisation se réduira aux travaux nécessaires à cette fin. Une étude de marché, préparée par le ministère allemand de la défense, et transmise à la commission défense du Bundestag, a étudié les solutions disponibles quant au remplacement des huit P-3C CUP + Orion, confirmant l'abandon de leur programme de modernisation. Et cette étude retenait trois appareils :

  • C-295 MPA (Airbus), 
  • RAS 72 Sea Eagle (ATR/Rheinland Air Service), 
  • P-8A Poseidon (Boeing).

     Il avait alors été présenté qu'il ne s'agissait que de faire émerger une capacité intérimaire, apte à remettre en cohérence les calendriers allemand et français dans le cadre du programme Maritime Airborne Warfare System (MAWS). Mais était difficile de ne pas relever que le P-8A Poseidon (Boeing) est une solution opérationnelle couvrant le haut du spectre et, en raison de ses caractéristiques, et surtout de ses coûts associés, ne peut être raisonnablement qualifié de solution intérimaire.

     Le ministère allemand de la défense a donc soumis les actes nécessaires à une demande de FMS, possiblement mi-janvier 2021, pour l'acquisition de cinq P-8 Poseidon et des différents services associés. Cette demande a été validée par la Defense Security Cooperation Agency (DSCA) puis par le State Department. Le principe de la vente devra être soumise au Congrès qui l'a reçue ce jour. Il se prononcera uniquement quant à ses aspects politiques, en vertus de ses prérogatives en matière de politique étrangère.

     Et de rappeler que la DSCA traduit le besoin militaire exprimé à travers la procédure FMS en une liste de spécifications, construites comme s'il s'agissait d'équiper une unité opérationnelle américaine, avec un dimensionnement de celles-ci porté à son paroxysme. La DSCA, tant par habitude que par l'objet du procédé, propose au Congrès une FMS aux quantités exagérées car cela établi une limite haute sur le plan matériel pour les négociations, évitant d'avoir à faire repasser devant le Congrès le résultat de négociations ayant dépassé le mandat initial.

Rien, en l'espèce, n'indique autre chose que l'administration allemande ait effectué les démarches nécessaires auprès des industriels identifiés, afin d'entamer les négociations contractuelles.

     Par ailleurs, l'aspect budgétaire de n'importe laquelle des trois solutions opérationnelles identifiées est dimensionnant : le dernier rapport sur le matériel, paru en février, affirmait que « le financement n'est pas garanti ». Et ce serait un doux euphémisme pour signifier qu'il n'y a pas de ligne budgétaire afférente à l'opération projetée, quel que soit l'aéronef visé, ou que celle-ci est si chiche qu'elle ne permettrait aucune action.

Néanmoins, ne s'agissant pas de mettre à l'étude un nouveau matériel dans le cadre d'un programme d'armement, le financement n'impose une architecture financière se résumant aux principaux jalons de l'acquisition d'aéronefs devant entrer en fabrication. Et dans cette perspective, la quasi-totalité des dépenses débuteraient à l'orée du début de fabrication des aéronefs, c'est-à-dire aux alentours de 2024. Il ne serait donc pas nécessaire à l'Allemagne d'abonder significativement l'opération pour en négocier les clauses contractuelles et recevoir a priori l'acceptation de son principe politique.

     Et sur le plan politique, l'engagement de l'acquisition de l'un des trois aéronefs est compliqué par les prochaines élections fédérales allemandes de 2021 (Bundestagswahl 2021) qui auront lieu le 26 septembre. Il n'y aurait que deux fenêtres pour engager un programme d'acquisition de nouveaux avions de patrouille maritime :

La première consisterait à abonder dans le budget, voté au printemps 2021, les crédits nécessaires aux négociations, et de prendre une décision politique avant les vacances parlementaires de l'été 2021.

La deuxième fenêtre suivrait le résultat des élections du 26 septembre et serait suspendue à la mise en place d'un nouveau gouvernement fédéral, et ce sera fonction du degré de célérité des négociations. Ce qui renverrait, de facto, l'affaire au budget du printemps 2022 dans le meilleur des cas.

Aucun signe, en Allemagne, ne semble corroborer un processus de décision politique rapide pour faire passer le principe du programme, voire de la commande avant l'été 2021. Et, au demeurant, cela supposerait des négociations rapides, un vote tout aussi rapide de la FMS : des actions ayant manqué au programme de remplacement des CH-53 allemands.


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