© Choi Jae-sung’s office. |
La stratégie génétique des forces navales de la Marine de la République de Corée (대한민국 해군), dans la droite lignée de la pensée navale exprimée depuis les années 1990, est bousculée par une partie de la classe politique du pays. La programmation navale pourrait bénéficier de l'ajout de deux sous-marin à propulsion atomique (effecteur de deuxième rang (Joseph Henrotin, Les fondements de la stratégie navale au XXIe siècle, Paris, Économica, 2011, pp. 154 - 167). Il est appelé par un député proche du président de la République de Corée de substituer au programme LPX-II (Landing Platform Xperimental - II) la construction de porte-avions CATOBAR (effecteur de premier rang). Ces inflexions, sans changer la nature de la stratégie des moyens, feront en cas d'exécution changer de rang à la marine sud-coréenne et, partant de là, à la diplomatie du pays.
La Corée du Sud dévoilait le 14 mois d'août 2019 (Xavier Vavasseur, "ROK Navy to get Aircraft Carrier, Arsenal Ship as part of Ambitious 5-year defense plan", Naval News, 20 août 2019) son nouveau plan quinquennal de dépenses militaires pour les années 2020 - 2024. Le total du budget de la défense sud-coréenne sur la période considérée s'élèvera à 216,88 milliards d'euros, soit un rythme annuel moyen de 43,37 milliards d'euros (2,88% du PIB (2019 - projection FMI). Cette masse financière est en augmentation de 7% par rapport au précédent plan.
Plan quinquennal qui devait se traduire pour les capacités aéronavales de la marine de Séoul par deux programmes liés afin de renforcer le potentiel aéronaval de la marine sud-coréenne :
Il paraissait acquis depuis 2017 que des F-35B équiperaient les deux bâtiments de la classe Dokdo après une refonte similaire à celle dont bénéficie le Cavour de la Marina militare, bien que plus importante du point de vue de la modification des installations aéronautiques. Le nombre de F-35B qu'un Dokdo refondu aurait pu opérer ne paraît pas avoir été dévoilé. Toutefois, en retenant le nombre de tonnes nécessaires sur chacune des esquisses pour opérer un F-35C, il peut être déduit qu'un Dokdo refondu aurait embarqué un maximum de 12 F-35B.
La Corée du Sud dévoilait le 14 mois d'août 2019 (Xavier Vavasseur, "ROK Navy to get Aircraft Carrier, Arsenal Ship as part of Ambitious 5-year defense plan", Naval News, 20 août 2019) son nouveau plan quinquennal de dépenses militaires pour les années 2020 - 2024. Le total du budget de la défense sud-coréenne sur la période considérée s'élèvera à 216,88 milliards d'euros, soit un rythme annuel moyen de 43,37 milliards d'euros (2,88% du PIB (2019 - projection FMI). Cette masse financière est en augmentation de 7% par rapport au précédent plan.
Plan quinquennal qui devait se traduire pour les capacités aéronavales de la marine de Séoul par deux programmes liés afin de renforcer le potentiel aéronaval de la marine sud-coréenne :
- la deuxième phase du programme F-X III comprenant l'achat 20 F-35 pour 2,99 milliards d'euros au bénéfice de la marine sud-coréenne, en plus des 40 F-35A de l'armée afin d'armer les LPX-II ;
- le programme LPX-II doit permettre la conception et la mise en chantier de deux porte-aéronefs de 30 à 35 000 tonnes.
Il paraissait acquis depuis 2017 que des F-35B équiperaient les deux bâtiments de la classe Dokdo après une refonte similaire à celle dont bénéficie le Cavour de la Marina militare, bien que plus importante du point de vue de la modification des installations aéronautiques. Le nombre de F-35B qu'un Dokdo refondu aurait pu opérer ne paraît pas avoir été dévoilé. Toutefois, en retenant le nombre de tonnes nécessaires sur chacune des esquisses pour opérer un F-35C, il peut être déduit qu'un Dokdo refondu aurait embarqué un maximum de 12 F-35B.
Le programme LPX-II est la concrétisation du choix de Séoul d'acquérir deux nouveaux porte-aéronefs d'un déplacement à pleine charge de 30 à 35 000 tonnes afin de permettre aux bâtiments d'opérer 20 F-35B chaque. L'annulation avalisée par le président Lee Myung-bak (2008 - 2013) de la commande du troisième Dokdo, le Baengnyeongdo , en était peut être le prélude. Les premières discussions débutent au mois de mai 2018 et conduisent à retenir un pont plat plus volumineux et extrapolé des plans des Dokdo. Ce nouveau programme est confirmé au mois de juillet 2019, les LPX-II rejoignent donc la nouvelle programmation. L'admission au service actif des deux unités est prévue en 2028 et 2036.
La diffusion (Dong Dong-wook, "La Corée devrait devenir un porte-avions léger", Argent aujourd'hui, 10 octobre 2019) de deux esquisses de deux porte-avions CATOBAR de 71 400 et 41 500 tonnes à pleine charge procède d'une manœuvre politique pour tenter de remplacer le programme LPX-II par des porte-avions CATOBAR. La manœuvre serait principalement menée par le président du parti démocrate, M. Choi Jae Sung, qui est réputé être un proche du président de la République de Corée, M. Moon Jae In. Il est l'un des auteurs d'un rapport de l'Assemblée nationale de la République de Corée au sujet de la marine et de l'armée au sein duquel est discuté l'opportunité d'acquérir des porte-avions CATOBAR légers et moyens vis-à-vis du programme LPX-II. Les deux esquisses sont issues de ce rapport.
M. Choi Jae-cheon, pour justifier cette inflexion aéronavale, insiste en la prise en compte de la mutation profonde de l'environnement stratégique de la République de Corée. Le comportement des autres acteurs militaires asiatiques sont évoqués avec une attention toute particulière pour la Chine et ses deux porte-aéronefs des projets Type 001 (Liaoning (2012) et 001A/002 (2019). Cette deuxième unité devrait voir son admission au service actif être prononcée au cours des prochains jours).
Le député Choi porte sur la place publique sud-coréenne la question de l'environnement stratégique de 2033. Cela engage à une réaction à l'avenir de la puissance aéronavale chinoise : le Type 003 qui est en construction depuis 2018 sera le premier porte-avions chinois CATOBAR. Une quatrième unité pourrait suivre et beaucoup s'interroge sur son mode de propulsion qui pourrait être nucléaire. Les quelques éléments rapportés des considérations tactiques pour l'emploi des ponts plats sud-coréens vont dans le sens d'opposer à des porte-avions CATOBAR chinois des porte-avions CATOBAR sud-coréens
Cette manœuvre politique semble tenter de tirer parti de l'admission au service actif d'un deuxième porte-aéronefs chinois dans les tous prochains jours mais aussi de la mise sur cale d'un premier porte-avions CATOBAR chinois (2018) afin de constituer le capital politique nécessaire à l'effort financier devant être consenti pour la construction de porte-avions CATOBAR en lieu et place des LPX-II.
La débat aéronaval sud-coréen (1990 - 2019 ?) vivrait la même phase que celle connue par le débat aéronaval français (1970 - 1980) entre les PHA (1970) et PA75. En France, l'apparition des ADAV/C conduit à un vif et long débat opposant les tenants de l'orthodoxie navale à ceux souhaitant s'engouffrer dans la filière ADAV/STOVL naissante pour le remplacement des PA54 et PA55. La filière STOVL sera empruntée en premier par les Britanniques quand la Royal Navy admettait au service actif les. Débat aéronaval français tranché par le conseil de Défense du 23 septembre 1980 au profit d'un porte-avions CATOBAR : le PA75. Séoul aurait connu le même cheminement face sa propre réévaluation de son environnement stratégique.
LPX
|
LPX-II
|
Porte-avions léger de 41 500 tonnes
|
PAN
|
Porte-avions moyen de 71 400 tonnes
|
PANG
| |
Bâtiments
|
Dokdo (2007)
Marado (2020)
|
LPX-II n°1
LPX-II n°2
|
Charles de Gaulle (2001)
|
PANG (2038) ?
| ||
Coût unitaire
(milliards€)
|
1,7 ?
|
2,37
|
3,15
|
4,13
|
~ 5
| |
Caractéristiques nautiques
| ||||||
Longueur
|
199
|
~ 230
|
238
|
261,5
|
298
|
~ 300
|
Maître-bau
|
31
|
~ 32
|
62
|
64,36
|
75
|
~ 75
|
Tirant d’eau
|
7
|
?
|
?
|
9,5
|
?
|
?
|
Tonnage lège
|
14 300
|
?
|
33 751
|
37 585
|
53 692
|
~ 53 000
|
Tonnage pleine charge
|
18 800
|
~ 30 000
|
41 500
|
43 000
|
71 400
|
~ 70 000
|
Vitesse (nœuds)
|
23
|
?
|
?
|
27,5
|
?
|
?
|
Propulsion totale (MW)
|
24
|
24 ++
|
?
|
61
|
?
|
?
|
Autonomie (mn)
|
?
|
?
|
?
|
∞
|
?
|
∞
|
Equipage
|
330
|
700 ?
|
720
|
1260
|
1340
|
900 ?
|
Installations aéronautiques
| ||||||
Tremplin
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Non (en option)
|
Non
|
Non
|
Catapultes
|
Non
|
Non
|
Oui
(2 x 60 m ?) |
Oui
(2 x 75 m) |
Oui
(2 x 90 m ?) |
Oui
(3 x 90 m) |
Brins d’arrêt
|
Non
|
Non
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Pont d’envol (m²)
|
~ 6000
|
~ 7100
|
12 000
|
~ 16 000
|
~ 17 000
| |
Hangar (m²)
|
?
|
?
|
4600
|
~ 4700
|
~ 5000
| |
Groupe aérien embarqué
| ||||||
Nombre d’aéronefs maximal soutenable pendant un court déploiement
|
12 F-35B ?
|
20 voilures fixes
+
20 hélicoptères
|
34 voilures fixes
+ 4 hélicoptères |
40 voilures fixes
+
8 hélicoptères
|
50 voilures fixes
+ 4 hélicoptères ? | |
Nombre d’aéronefs maximal soutenable pendant un long déploiement
|
?
|
20 F-35B
|
12 voilures fixes
+
8 hélicoptères
|
~ 26 voilures fixes
+ 5 hélicoptères |
32 voilures fixes
+
8 hélicoptères
|
34 voilures fixes
+
4 hélicoptères
|
Tonnes par aéronef à voilure fixe
|
?
|
1500
|
2075
|
1264
|
1785
|
1400
|
Les deux esquisses des deux porte-avions CATOBAR les qualifient de porte-avions léger et moyen, confirmant qu'un porte-aéronefs/avions de 70 000 tonnes au XXIe siècle n'est pas un "super carrier". Ces deux unités sont dotées chacunes d'une paire de catapultes pour un pont d'envol servis par deux ascenseurs levant chacun dans les 70 tonnes (2 x F-35C). Les silhouettes des deux esquisses peuvent recéler quelques apparences communes aux projets de CVF-FR pour le pont plat de 71 400 tonnes et le DEAC avec l'ilot de l'IAC-2 ou INS Vikrant pour le pont plat de 41 500 tonnes. Les caractéristiques du tableau qui ne sont pas explicitées dans les esquisses sont extrapolées de projets existants et similaires en dimensions.
Caractéristiques qui sont comparés avec celles du porte-avions Charles de Gaulle afin de mesurer les avancées coréennes depuis les Dokdo mais aussi avec le PANG car l'esquisse du porte-avions CATOBAR de 71 400 tonnes tend à rejoindre l'image dont il est possible de se faire du projet français à partir des quelques éléments distillés dans le débat public.
Le format des groupes aériens embarqués est intéressant à plus d'un titre. Les chiffres de l'illustration sont assortis de valeurs plus importantes et entre parenthèses dans l'article pré-cité (Dong Dong-wook, "La Corée devrait devenir un porte-avions léger", Argent aujourd'hui, 10 octobre 2019). Ils paraissent bien faibles : par exemple, l'esquisse de 41 500 tonnes à pleine charge opérerait 12 aéronefs à voilure fixe contre 18 à 26 pour le porte-avions Charles de Gaulle. Ces deux séries de chiffres correspondent-elles aux valeurs maximales et optimisées pour des missions courtes et longues ?
Ces chiffres semblent recéléer des marges importantes dans la capacité à déployer et soutenir un groupe aérien embarqué. Trois remarques :
Les propos rapportés par le député n'indique pas si La Corée du Sud devrait se doter d'avions de guet aérien E-2D Advanced Hawkeye.
Rien n'indique non plus si ce rapport étudie la faculté de soutenir et entretenir à bord (NTI 2) les aéronefs embarqués par l'installation dans le hangar aéronautique d'un certain nombre d'ateliers et de banc d'essais.
Caractéristiques qui sont comparés avec celles du porte-avions Charles de Gaulle afin de mesurer les avancées coréennes depuis les Dokdo mais aussi avec le PANG car l'esquisse du porte-avions CATOBAR de 71 400 tonnes tend à rejoindre l'image dont il est possible de se faire du projet français à partir des quelques éléments distillés dans le débat public.
Le format des groupes aériens embarqués est intéressant à plus d'un titre. Les chiffres de l'illustration sont assortis de valeurs plus importantes et entre parenthèses dans l'article pré-cité (Dong Dong-wook, "La Corée devrait devenir un porte-avions léger", Argent aujourd'hui, 10 octobre 2019). Ils paraissent bien faibles : par exemple, l'esquisse de 41 500 tonnes à pleine charge opérerait 12 aéronefs à voilure fixe contre 18 à 26 pour le porte-avions Charles de Gaulle. Ces deux séries de chiffres correspondent-elles aux valeurs maximales et optimisées pour des missions courtes et longues ?
Ces chiffres semblent recéléer des marges importantes dans la capacité à déployer et soutenir un groupe aérien embarqué. Trois remarques :
Les propos rapportés par le député n'indique pas si La Corée du Sud devrait se doter d'avions de guet aérien E-2D Advanced Hawkeye.
Rien n'indique non plus si ce rapport étudie la faculté de soutenir et entretenir à bord (NTI 2) les aéronefs embarqués par l'installation dans le hangar aéronautique d'un certain nombre d'ateliers et de banc d'essais.
Le F-35C est explicitement proposé dans les esquisses mais force est de constater que le programme KAI KFX (Korean Fighter - eXperimental) dont la première capacité opérationnelle est attendue pour dans la deuxième moitié des années 2020 peut l'être aussi.
Le programme LPX-II l'aurait emporté au regard, notamment, des coûts globaux de possession des bâtiments issus des deux esquisses vis-à-vis des LPX-II mais aussi, et peut être surtout, de la capacité dudit programme à apporter une réponse aux menaces identifiés. Sur la partie financière, les coûts proposés pour les deux esquisses semblent ambitieux et bien en-deça de la vérité car plus proches de ceux d'unités STOVL que CATOBAR.
Reste à observer si la manœuvre exécutée par le député Choi Jae-cheon relève d'une action personnelle pour tenter d'infléchir le débat politique et par extension la programmation contenue dans le nouveau plan quinquennal (2020 - 2024) ou bien s'il s'agit de l'ouverture d'une porte, en accord avec le président de la République, pour engager une modification majeure du même plan par la constitution d'une base politique au Parlement pour soutenir cette inflexion.
Intéressant, mais difficile pour un pays qui n'a jamais construit de PA ni disposé d'un GAN, gageons que l'aide et l'accord des USA seront indispensables ainsi que la formation des personnels par l'US NAVY.
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