Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





30 janvier 2020

Marine nationale : évolution de la trame frégates de premier rang (1975 - 2030)

© Inconnu. Frégate Suffren.
     Dessiner la courbe de l'évolution de la trame « frégates de premier rang » entre deux bornes temporelles aussi éloignées est l'occasion de montrer que, par-delà les discours et quelques mythes, le nombre d'escorteurs connaît une chute progressive entamée dès les années 1980 jusqu'à s'installer à un palier durable entre 2001 et 2026. Ce n'est qu'à partir de cette date qu'une fenêtre stratégique s'ouvrira pour retrouver dans les années 2030 le niveau des années 1970 – 1980 ou bien rechuter durablement dès les années 2040.

Transposer les critères de définition de ce qu'est une « frégate de premier rang » en 1997, par opposition aux frégates de deuxième rang ici exclues de l'équation, aux bâtiments de combat en service entre 1975 et 2030 permet de jauger plusieurs choses.

La première est le nombre de frégates de premier rang nécessaires à l'exécution des missions de la Marine nationale depuis la mise en place de la composante océanique de la dissuasion, en tenant compte de l'existence d'une permanence aéronavale ou de sa disparition. Quelques éléments de langage distillés à quelques récurrences précises sur les projets de porte-avions dans le débat stratégique français se retrouvent mis à nu devant les faits.

Par voie de conséquence, le deuxième effet bénéfique de l'exercice est qu'il permet de mesurer les différentes phases de l'effort naval français au sujet de la flotte de surface et les conséquences induites par les relâchements consécutifs à l'abandon du Plan bleu (1972 – 1974), à la prise des « dividendes de la paix » et aux étalements des programmes décidés par le Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale 2008 et transposés dans la loi de programmation 2009 – 2014. Il s'en déduit l'occasion manquée que fut la non-exécution de la loi de programmation militaire 2003 – 2008 au profit de laquelle les budgets afférents ne furent jamais en regard de l'effort demandé.

La troisième chose est que dans ce cadre la remontée en puissance esquissée en 2015 par l'actualisation de la loi de programmation militaire 2014 - 2019, demandée et temporisée dans le cadre de la Revue stratégique de défense et de sécurité nationale 2017 et timidement satisfaite par une légère relance de l'effort militaire par la loi de programmation militaire 2019 – 2025 ne produira ses effets qu'entre 2026 et 2030.


Graphique n°1 - Présentation de l'évolution de la trame frégates de premier rang selon les ASA et RSA entre 1975 et 2030


Le format théorique de la flotte de surface arrêté à 15 frégates de premier rang comprend les 5 FLF depuis le Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale 2008. Néanmoins, ces unités n'ont jamais répondu aux critères opérationnelles de ce qui constitue depuis 1997 une frégate de premier rang. L'Amiral Bernard Rogel les avait déclassées en 2015, demandant leur modernisation dans l'optique qu'elles aident à soutenir le volume d'activités des frégates de premier rang dans l'attente de l'entrée en service des frégates de la classe Amiral Ronarc'h. Les trois FLF rénovées, auxquelles s'ajoutent l'option pour deux unités supplémentaires, resteront jusqu'aux années 2026 – 2030 la seule perspective pour soutenir sur le plan numérique l'augmentation du format de la flotte de surface.


Graphique n°2 - Évolution des segments de défense aérienne et de lutte anti-sous-marine, du nombre total de frégates de premier rang, du nombre total de frégates de premier rang avec les La Fayette rénovées.


Dans l'hypothèse où la réponse navale au problème militaire français exigerait, en raison des menaces croissantes, une augmentation du format de la trame frégates de premier rang, il se dessine donc une rigidité stratégique. Aucune éventuelle décision politique ne produira d'effets sur ce format avant 2025, voire 2023 en cas de vigoureuse accélération du programme FDI. Au demeurant, cela supposerait une décision favorable lors de l'usage de la clause de revoyure en 2021. Il est plutôt attendu que sur les années 2024 – 2025, dans le cadre des travaux préparatoires à la loi de programmation militaire 2026 – 2031, que soit étudié la possibilité, outre de continuer à prolonger les FLF, de soutenir une croissance du nombre de frégates de premier rang. La perspective est de retrouver le point haut (20 frégates de premier rang en 1982) ou de le dépasser.

Dans l'hypothèse où aucune décision ne serait prise en faveur d'une expansion de la flotte de surface alors celle-ci s'installerait durablement à 15 frégates de premier rang entre 2026 et 2040, année toute théorique du retrait du service actif de la frégate Forbin (2010 – 2040) sur la base de trente années de service à la mer. Deux sous-hypothèses s'ouvrent alors :

Favoriser un accroissement du nombre de « frégates de deuxième rang » qui pourraient être potentiellement plus nombreuses à dépenses égales que des frégates de premier rang. Sous-hypothèse probablement mise en concurrence avec l'apparition des grands drones de surface, d'ores et déjà évoqués par l'Amiral Christophe Prazuck.

La deuxième sous-hypothèse serait de ne pas consacrer de dépenses en faveur d'un accroissement du nombre de frégates de premier ou deuxième rang ou bien de nullement posséder les moyens d'agir en ce sens. Le format de la trame frégates de premier rang demeurerait stable entre 2026 et 2040 mais pour perdurer au-delà à ce niveau, l'entrée en réalisation des nouveaux programmes de frégates de premier rang devrait débuter, au plus tard, en 2034 et se poursuivre par nombre de « tranches navales » jusqu'en 2049.


2 commentaires:

  1. La trame frégate est déficiente, comme le soulignait le CEMA encore récemment.
    A noter que l'on n'évoque pas la piste d'une prolongation du CdG d'un IPER jusqu'en 2045, alors que les CVN US dépassent eux allègrement les 50 ans.
    Ce décalage permettrait de pousser le programme FDI de plusieurs unités compensant ainsi les besoins de temps de paix (et permettrait en temps de guerre d'avoir de la réserve face à de probables pertes).
    A noter aussi qu'une option de type Super Gorschkov qui ferait jouer l'option du segment de 9 m optionnel devant la cheminée déjà prévu par Naval Group pour l'export, permettrait d'avoir des navires approchant (enfin) la norme de premier rang US : à savoir disposer d'une centaine de VLS.
    En poursuivant cette option, on pourrait aussi s'engager sur le concept de Léthalité distribuée en le confrontant à la réalité de l'utilisation d'un PA dans une vraie guerre moderne contre une puissance moyenne comme cela a été le cas lors d'Iraki Freedom 2003.
    On constate alors qu'un escadron le VFA-115, de 12 F/A 18 E/F, a distribué 208 smart Bombs pendant les 4 semaines de l'opération. Le CVN 72 a lui déversé 700t de bombes guidées au travers de 1200 sorties. Si on applique le ratio de bombes guidées déversées pendant IF2003 on arrive à 997 bombes pour une campagne de 4 semaines, soit compte tenu des ratio de sorties-jours d'une campagne, autour de 45% pendant la première semaines soit env 440 munitions . Soit des chiffres accessibles à des FDI avec un nombre suffisant de silos (ou à une vraie frégate de 1er Rang baties sur une coque de FDA). Tout ceci sans explorer non plus le rôle nécessaire de drones embarqués de type Remote Carrier qui seront par ailleurs développés pour le Scaf et qui emporteront probablement eux aussi des munitions pour des frappes d'opportunité et pour lesquels la marine envisage aussi un lancement par d'autres plateformes que le PANG.
    Et dernière chose, une FDI est un navire furtif, ce qui donne le moyen au système de Guerre Electronique de leurrer un missile assaillant. Ce qui s'avèrera plus difficile pour un PANG de 70000t.
    Votre serviteur, BPCs

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    1. Cher BPCS,

      Bonjour, je formule l'hypothèse que depuis l'Amiral Bernard Rogel le choix a été fait de proposer d'engager la succession du porte-avions "Charles de Gaulle" dès les années 2013 - 2026 dans l'optique d'exécuter une partie des dépenses simultanément à la phase d'industrialisation du premier SN3G. Entre 2030 et 2045, ce seront trois SN3G qu'il s'agira de mettre sur cale plus les dépenses afférentes pour le M51. Dans l'idée de manœuvre actuelle, retrouver la permanence aéronavale serait proposée après 2035 avec un bâtiment coûtant un tiers de moins que le "Charles de Gaulle".

      Sur le sujet des FDI, l'allongement proposée sur la Belh@rra ne paraît pas être prévue, dans le cadre des études actuelles, pour recevoir des lanceurs octuples SYLVER.

      Bien navicalement,

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